«Cargo sobre» et «Morphine Monojet» signent le retour du réprouvé
Excommunié du monde des lettres dès son premier roman en 1986 pour carence d'antifascisme, Thierry Marignac trace sa route loin des honneurs. Ce qui n'a rien d'un drame pour un antisocial.
Écrit par Daoud Boughezala
Tirer le portrait de Thierry Marignac n’est pas chose aisée. Le romancier boxeur pare les louanges et réplique par une rebuffade du droit à la moindre approximation. Mais l’occasion est trop belle. Car, après un (trop long) passage par le purgatoire des écrivains, Marignac revient aujourd’hui avec deux livres en rafale : Morphine Monojet (Éditions du Rocher, 2016) et Cargo sobre (Éditions Vagabonde, 2016).
Lorsque je l’ai rencontré au milieu d’une soirée littéraire rassemblant quelques réprouvés, il m’a d’abord ignoré. Persuadé à raison que « les transgressions d’hier sont les conventions d’aujourd’hui », ce sanguin guéri des idéologies se méfie des anticonformistes brevetés, toutes estampilles confondues. Ce soir-là, je parvins néanmoins à le dérider dès lors que notre conversation roula sur sa traduction du polar jamaïcain Rasta Gang, dont il avait su restituer la langue singulière, mélange d’argot black et de prose élisabéthaine. Quelques semaines plus tôt, j’étais allé chercher un exemplaire de ce roman en mains propres chez son éditeur Moisson rouge, au fond d’une cour du 12e arrondissement dont le portail menaçait de s’effondrer. Croulant sous les impayés, la maison n’a pas tardé pas à mettre la clé sous la porte.
Héros sous héroïne
En m’ouvrant la porte de sa garçonnière bruxelloise, Marignac me racontait la succession de désordres qui devait le mener à sa traversée du désert, au fond d’un sous-sol dostoïevskien dont il ne sortait que pour faire du sport ou acheter son tabac à pipe et son pur malt avenue Louise.
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