quarta-feira, 11 de novembro de 2015

Au Brésil, « trois cents voleurs avec des titres de docteur »

Réélue de justesse en octobre 2014 et affaiblie par un scandale de corruption sans précédent au sein de la société Petrobras, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a souhaité apaiser son opposition en mettant la barre à droite. Peine perdue : elle n’est parvenue qu’à aiguiser l’appétit des libéraux. Coupée de sa base, la voici livrée à des députés rebelles et parfois moins soucieux de politique que d’enrichissement personnel.

Arthur Luiz Piza. – « L’Attrape-rêves n° 3 », 2012
Galerie Jeanne Bucher Jaeger, Paris 
Écrit par Lamia Oualalou 

C’est à une triple crise, économique, politique et institutionnelle, que le Brésil se trouve confronté. Après douze ans de croissance, le géant latino-américain s’enfonce dans la récession. Le produit intérieur brut (PIB) devrait reculer de 3 % cette année, et la contraction pourrait se poursuivre en 2016, dans un contexte d’explosion du chômage (près de 8 %, contre 4 % en 2014) et d’inflation élevée (plus de 9,5 % attendus cette année).

Conspuée par la majorité de la population — moins de 10 % des Brésiliens approuvent son action —, la présidente Dilma Rousseff a subi depuis cet été une série de camouflets. Pour tenter de calmer l’opposition, qui exige sa destitution, elle a accepté en août de collaborer avec l’élite économique à la mise en place d’un programme très conservateur, baptisé « Agenda Brasil ». Peine perdue : deux mois plus tard, à la demande de l’opposition, le Tribunal supérieur électoral (TSE) diligentait une enquête sur le financement de sa campagne pour l’élection présidentielle de 2014. Dans la foulée, le Tribunal des comptes de l’Union (TCU) invalidait les comptes publics de l’État pour l’année passée. Cette décision, sans précédent depuis 1937, signifie que le Congrès est invité à les rejeter.

Patrons de presse omniprésents

Selon les magistrats chargés du contrôle des comptes, Mme. Rousseff aurait délibérément minoré le déficit public, dont l’ampleur réelle aurait pu lui nuire dans le contexte électoral. Pour l’opposition de droite, il s’agit d’un « crime de responsabilité », l’un des motifs prévus par la Constitution de 1988 pour la destitution du chef de l’État. Mais une telle procédure ne peut avancer sans l’aval d’un Parlement plus rebelle que jamais à l’autorité de la présidente.

Le Congrès a été instauré en 1824, au lendemain de l’indépendance du Brésil, qui s’est opérée sans rupture violente avec la couronne portugaise et en assurant une grande continuité des structures de pouvoir antérieures. Il compte aujourd’hui 513 députés et 81 sénateurs, et se caractérise par sa (...)


[Photo : Jean-Louis Losi - lisez l'intégralité de cet article sur www.monde-diplomatique.fr/2015/11/OUALALOU/54132]

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