Nowhere Line, réalisé par le Britannique Lukas Schrank, montre ce qu'il est aujourd'hui impossible à constater de visu : le quotidien des réfugiés bloqués au centre de détention situé sur l'île de Manus.
Capture d'écran de la bande-annonce du film d'animation Nowhere Line, de Lukas Schrank. |
L'île de Manus, qui appartient à la Papouasie-Nouvelle Guinée, héberge dans son centre de détention plus de 1 000 réfugiés qui ont essayé d'atteindre l'Australie mais ont été rejetés par les autorités en arrivant sur ses côtes. Personne, ni journaliste ni ONG, n'a accès au centre et à ses détenus, qui se sont mis en grève de la faim en début d'année. C'est pour dénoncer cette réalité que le réalisateur Lukas Schrank a fait son film d'animation Nowhere Line, en cours de production.
Son film d'animation de quinze minutes raconte l'histoire de deux demandeurs d'asile détenus à Manus dont les voix, enregistrées sur une ligne téléphonique de mauvaise qualité, forment la trame narrative. Lukas Schrank a réussi à obtenir ces interviews après quatre mois de contact à distance avec les réfugiés, relate The Guardian. Afin de protéger leur anonymat, certains extraits de l'enregistrement ont été coupés.
Le réalisateur britannique a d'ailleurs eu l'idée de faire ce film en découvrant une interview donnée après les émeutes qui ont éclaté dans le centre de détention en février 2014. "C'est la seule interview d'une personne détenue à Manus que j'ai pu trouver, explique-t-il. Il m'a semblé qu'une voix manquait à la discussion."
Le dessin, seule option pour voir les réfugiés
Lukas Schrank a choisi le dessin pour construire son film en réaction à une campagne anti-immigration menée par le gouvernement australien en 2014. Ce dernier avait distribué une bande dessinée en Afghanistan visant à décourager tous les potentiels demandeurs d'asile. "Il s'agissait d'une exploitation totale de ce moyen d'expression, se souvient le réalisateur, j'ai donc commencé à réfléchir à une manière de raconter la même histoire d'un point de vue différent." Le dessin était aussi le seul moyen de faire ce film car, comme le souligne The Guardian, "ses personnages principaux sont impossibles à atteindre".
Une campagne de fincancement participatif est en cours pour aider à la production du film, mais aussi pour envoyer des biens aux détenus des îles de Manus et de Nauru, comme des lecteurs de DVD et des romans.
[Source : www.courrierinternational.com]
Sem comentários:
Enviar um comentário