sexta-feira, 23 de janeiro de 2015

FRANCE - Après les attentats, Valls appuie là où ça fait mal

Il avait été d’une fermeté sans appel au lendemain des attaques de Paris. Aujourd’hui, Manuel Valls reconnaît que s'attaquer au terrorisme ne suffira pas et qu’il faudra aussi s’attaquer aux racines du mal, constate la presse étrangère.



"Changement de ton". Il y eut d’abord la réaction musclée immédiatement après les attentats de Paris : la France est "en guerre contre le terrorisme, contre le djihadisme, contre l’islam radical, contre tout ce qui cherche à briser la fraternité, la liberté, la solidarité”, avait martelé Manuel Valls. 

Le 20 janvier, le Premier ministre a changé de ton, estime le Financial Times : il "a fait le serment de s’attaquer à l’apartheid social et ethnique qui sévit dans certaines villes de France, une part de ce que le gouvernement doit accomplir pour répondre aux attaques d’islamistes nés en France". Ces mots prononcés lors de ses vœux à la presse arrivent dans un contexte de "mécontentement grandissant dans les banlieues révoltées, lieu de vie de nombreuses familles immigrées pauvres, en proie à l’exclusion sociale et au chômage galopant".

Le New York Times considère que le discours de Manuel Valls est "un signal envoyé au gouvernement français pour que, tout en avançant sur le front de la sécurité nationale, il prête également attention aux problèmes sociaux sous-jacents au gouffre culturel".

"Ces remarques posent plus un diagnostic qu’elles n’ouvrent une perspective. Le gouvernement a pris des mesures énergiques pour poursuivre ceux qui glorifient le terrorisme et il a dénoncé la discrimination des minorités, mais certains représentants musulmans ont aussi appelé le gouvernement à faire plus pour protéger les musulmans, notamment après les attaques de Paris", souligne le quotidien américain.

Valls "mérite le respect"

En Allemagne, l'appréciation de l'intervention du Premier ministre français est un peu différente. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, c’est son passé à la mairie d’Evry qui empêche le Premier ministre "d’améliorer la situation dans son pays". Pour le quotidien de Francfort, Valls "mérite le respect" car "trop souvent les responsables politiques français se sont réfugiés dans des illusions. Les émeutes de 2005 dans les banlieues sont restées sans conséquences. Non seulement Valls prend de la distance par rapport à cette image idéalisée de nation d’immigrés que la France aime tant. Il réfute aussi la tentative d’expliquer le terrorisme par des problèmes sociaux."

Pour El País, Manuel Valls a appuyé là où ça fait mal, en plein débat sur le modèle d’intégration à la française et en particulier sur les défauts de l’école laïque et républicaine. "Valls est cohérent avec sa propre ligne. Son discours, qui n’a pas toujours été bienvenu au sein de son propre parti, trouve un écho particulier aujourd'hui. Après le traumatisme, les citoyens français se demandent ce qui a échoué dans leur modèle d’intégration. Tout le monde regarde vers l’école, symbole et fierté de la France laïque et républicaine, où la minute de silence n’a pas toujours été respectée au lendemain de l’attaque à Charlie Hebdo”, rappelle le quotidien espagnol.


[Dessin de Stephff, Thaïlande - source : www.courrierinternational.com]

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