Plongée dans la recherche d'un accord fédéral, la Belgique pourrait-elle se retrouver avec un homme invisible à la Commission ?
Le Multilinguisme. Avec la majuscule due à tout portefeuille ministériel qui se respecte... Évitons d'emblée tout malentendu : c'est une mission importante - noble - que de faire respecter les 24 langues officielles de l'Union européenne face à une anglicisation galopante, d'entretenir la bouillonnante diversité du continent. Mais ce n'est pas faire injure à la Commissaire chypriote Androulla Vassiliou que de faire ce constat : le jeu de formation de la Commission Juncker consiste pour les gouvernements à tout faire pour ne pas se retrouver avec ce portefeuille de poids-plume.
Chaise musicale
Les grands États - Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni - sont assurés d'emporter des postes d'influence. Les autres marchent en rond autour des sièges, et quand la musique s'arrêtera, celui qui n'aura pas joué habilement se retrouvera avec le Multilinguisme, l'Aide humanitaire ou un autre attribution de deuxième zone.
La Belgique s'asseoira-t-elle à temps ? Alors que l'informateur royal poursuit ses travaux, et sachant qu'un poste de Commissaire équivaut, dans les marchandages fédéraux, à un poste de vice-Premier, elle n'a en tout cas toujours pas de nom à donner à Jean-Claude Juncker. Le temps joue en sa défaveur : le président de la prochaine Commission a demandé aux capitales de lui envoyer leurs candidat(e)s pour le 23 juillet.
Karel De Gucht (Open VLD) peut-il espérer rempiler comme Commissaire au Commerce ? Marianne Thyssen (CD&V) a-t-elle plus de chance de décrocher un poste d'envergure alors que Juncker cherche à composer une Commission sexuellement "équilibrée" ? Didier Reynders (MR), Joëlle Milquet (cdH), Johan Vande Lanotte (sp.a) pourraient-ils créer la surprise ? Plus que la personne, la question est de savoir si la Belgique va garder de l'influence au sein de l'exécutif européen ou passer une législature dans l'ombre.
Jusqu'à présent, la diplomatie belge a toujours montré une habilité certaine à décrocher des postes en vue. Les années Barroso II en sont le plus bel exemple, avec un Herman Van Rompuy au sommet du Conseil et un Karel De Gucht au Commerce - de ce fait aux manettes pour la création de "l'Otan économique" (TTIP), et très visible dans les médias économiques internationaux.
Comme à leur habitude, les diplomates belges ne font pas de vague. Les Belges ne sont pas cités comme candidats naturels aux grands postes qui doivent se négocier au sommet qui s'ouvre ce mercredi soir à Bruxelles - même si, face au blocage qui s'annonce pour le remplacement de la Haute Représentante Catherine Ashton, certains médias ont sorti le nom de Karel De Gucht comme challenger potentiel. La Belgique parviendra-t-elle à tirer leur épingle du jeu ou restera-t-elle dernière debout quand la musique s'arrêtera ?
[Source : www.lecho.be]
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