Je ne pouvais laisser partir un poète sans rien dire. Je me réfère à l'article d'une
Française tenant un blog à Buenos Aires. Lauréat du prix Cervantes en 2007, il est mort mardi 14 janvier
à 83 ans. Le journal mexicain Milenio http://www.milenio.com/, dans lequel le poète tenait une chronique hebdomadaire, a indiqué que Gelman était mort à son domicile, sans
préciser les causes du décès. Jean-Paul Damaggio
C'est quand on regarde son parcours et les tragédies qu'il a pu subir, qu'on se dit que la force
de vie du poète était colossale et ses luttes jamais achevées.
Né en 1930 d'un couple de juifs
ukrainiens immigrés à Buenos Aires, Juan Gelman fait montre dès son plus jeune âge de ses talents pour la poésie.
Il fait partie dans les années 50 d'un groupe de jeunes poètes, tous militants des
jeunesses
communistes. Poésie et engagement ne font qu'un. Les
mots doivent changer le monde, et pour cela, il ne faut pas hésiter à
changer les mots. Transformer la langue, révéler des
formes cachées, innover pour réveiller... Le poète est l'homme du peuple, il en dit les désarrois,
les tourments, les passions.
Au début des années 1970, Gelman se signale en tant que journaliste et rédacteur en chef du journal péroniste
"Noticias de los Montoneros". Résolument marqué à gauche, Gelman doit fuir lorsque la junte militaire prend le pouvoir en 1976. Débute alors un
exil
qui ne cessera
jamais : Rome, Madrid, Paris, New York, Mexique... Juan Gelman vit
loin de sa terre natale, où s'abat une sinistre dictature.
La tragédie le touche personnellement puisque son fils et sa belle-fille comptent parmi les disparus de
la dictature. Ce n'est qu'en 2000 qu'il connaîtra
enfin sa petite-fille (née en captivité) adoptée par un couple de
policiers uruguayens (le vol de bébés est l'une des
particularités de la dictature argentine).
Juan
Gelman a dû attendre 1988 avant de rentrer librement en Argentine,
puisque
jusque-là un mandat d'arrêt pesait sur lui, du fait de ses liens
dans les années 70 avec les Montoneros, considéré comme une organisation
violente, coupable d'atteinte aux droits de
l'homme.
Primé à maintes reprises pour son oeuvre, Juan Gelman avait choisi de rester vivre au Mexique.
Il était collaborateur régulier du journal argentin Pagina 12.
Una
mujer y un hombre
Una mujer y un hombre llevados por la vida,
una mujer y un hombre cara a cara
habitan en la noche, desbordan por sus manos,
se oyen subir libres en la sombra,
sus cabezas descansan en una bella infancia
que ellos crearon juntos, plena de sol, de luz,
una mujer y un hombre atados por sus labios
llenan la noche lenta con toda su memoria,
una mujer y un hombre más bellos en el otro
ocupan su lugar en la tierra.
Juan Gelman
[Source : la-brochure.over-blog.com]
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