Ce mardi, après une
hospitalisation, l'Argentin Juan Gelman, lauréat du Prix Cervantes 2007,
considéré comme l'un des plus grands poètes de langue espagnole, est
décédé à son domicile de Mexico à l'âge de 83 ans. Il avait quitté son
pays natal il y a plus de 20 ans, suite au coup d'Etat de 1976. Son
décès a été annoncé par le journal mexicain Milenio, dans lequel l'écrivain tenait une chronique hebdomadaire, sans que la cause ne soit précisée.
Fin de l'exil pour l'ennemi de la
dictature en Amérique latine, pour l'homme de lettres qui souffrait de
syndromes myélodysplasiques, maladies de la moelle osseuse ou du sang,
selon les médias mexicains. Par le biais de son compte Twitter, le
président du Conseil national pour la culture et les arts, Rafael Tovar,
a déclaré : « Juan Gelman, poète d'âme mexicaine, poète majeur, est mort. Mes condoléances à ses proches. »
Né à
Buenos Aires, fils d'émigrants ukrainiens, il s'est notamment épanoui au
travers des classiques de la littérature espagnole, de la musique, du
football, en fréquentant les cafés et les femmes. Non seulement poète,
l'homme était également fin analyste politique. Son oeuvre a été
récompensée de certains des plus prestigieux prix accordés aux écrivains
hispanophones, notamment le Cervantes, et le Prix de la Reine Sophie en
2005.
Sa vie
aura été marquée par le coup d'Etat argentin et la dictature militaire
qui s'ensuivit entre 1976 et 1983. En raison de leur dissidence, son
fils Marcelo a été assassiné, tandis que sa belle-fille Maria Claudia
Gracia a disparu, enlevée à Buenos Aires, enceinte, en 1976. Elle aurait
été emmenée en Uruguay dans le cadre du plan Condor, visant à réprimer
les opposants aux dictatures d'Amérique latine.
Bien que
le poète se soit battu pendant une quarantaine d'années pour retrouver
sa belle-fille et obtenir justice, elle est demeurée introuvable, et sa
progéniture, une fille, a été confiée illégalement à la famille d'un
policier uruguayen.
Sources : The Guardian, La Presse (AP)
Écrit par Julien Helmlinger
[Photo : CC by 2.0 par Victor Santa Maria - publié sur www.actualitte.com]
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