Le procès en justice contre le traducteur et l’éditeur turcs de Les exploits d’un jeune don Juan par Guillaume Apollinaire continue.
En 2009 la traduction du roman Les exploits d’un jeune don Juan
par İsmail Yerguz était publiée par la maison d’édition Sel Yayıncılık.
Un an plus tard, le traducteur et l’éditeur, représenté par İrfan
Sancı, étaient tous les deux poursuivis pour avoir respectivement
« publié et traduit des livres obscènes ». Le procès, qui a duré presque
un an, s’est terminé au cours de la troisième audience. Un expert ayant
jugé que le roman d’Apollinaire était un ouvrage littéraire, le
traducteur et l’éditeur ont été acquittés de toutes les charges.
Cependant, au début de l’année 2013, la Cour Suprême d’Appel a annulé
ce jugement. Dans ses raisons, la cour prétend que le traducteur et
l’éditeur ne peuvent être acquittés des charges, sous le prétexte que le
livre en question est un ouvrage littéraire. La Cour Suprême d’Appel a
cité un procès en justice dans lequel l’éditeur anglais Richard
Handyside a été condamné et obligé de verser 25£ sterling, pour avoir
publié le Little Red Schoolbook. En conséquence, le procès
contre İsmail Yerguz et İrfan Sancı a été rouvert devant la Deuxième
chambre criminelle de première instance d’Istanbul. Le traducteur et
l’éditeur sont maintenant accusés d’atteinte aux enfants et encourent
une peine de 6 à 10 années d’emprisonnement.
A l’issue de la seconde audience, le 7 novembre 2013, l’un des
avocats de la défense a cité un verdict précédent de la Cour européenne
des droits de l’homme dans un procès concernant une traduction en turc
d’un autre roman d’Apollinaire, Les Onze Mille Verges.
La traduction a été publiée par Hades en 1999. A l’accusation
d’obscénité, la cour de Turquie a fini par infliger une amende et
ordonner la confiscation du livre. Toutefois, en 2010, la Cour
européenne des droits de l’homme a établi que le jugement du tribunal
turc violait la liberté d’expression telle qu’elle est formulée dans la
Déclaration des droits de l’homme, et que l’amende et la saisie
décrétées par le tribunal turc étaient disproportionnées et
inappropriées dans un pays démocratique.
Sur son website,
la maison d’édition Sel Yayıncılık, qui n’a publié aucun livre pour
enfants jusqu’ici, exprime sa crainte que l’intention finale soit « de
créer un précédent sur la base du concept extrêmement vague
d’ « obscénité » et élabore ainsi le futur de l’édition (turque).
Dans l’attente de la traduction turque du verdict de la Cour européenne et du dépôt de requêtes additionnelles des avocats de la
défense, la troisième audience de ce procès est prévue pour le jeudi 17 décembre 2013 à 11heures.
[Source : www.ceatl.eu]
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