De passage à la Foire internationale du Livre de Francfort,
l'éditeur numérique Primento a mené sa petite étude sur la place du
support dans les stratégies des éditeurs, auprès de 535 professionnels
du secteur (anglais, allemands, français, italiens, espagnols). Les
résultats sont flagrants : l'édition n'accorde encore que peu
d'attention à la lecture numérique, malgré une certaine conscience de
l'évolution des usages.
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Une progression piano... |
L'éditeur pure-player a interrogé 535 professionnels de l'édition sur
leur rapport avec le livre numérique : celui-ci est visiblement ténu,
puisque 60 % d'entre eux n'ont jamais lu sur un lecteur ebook ou une
tablette, un chiffre qui grimpe à 70 % pour l'édition francophone. « Si
leurs forces vives ne lisent pas et ne pensent pas ‘en numérique', les
maisons d'édition ne peuvent saisir les opportunités de développement
commercial et intellectuel qu'a à offrir ce secteur », souligne Thibault Léonard, fondateur de Primento, maison d'édition et distributeur de nombreux éditeurs belges.
Malgré tout, l'édition est loin de considérer le livre numérique comme une simple mode passagère : « 96
% des sondés le perçoivent positivement et comme un phénomène durable.
Parmi ceux-ci, 81 % pensent que le livre numérique cohabitera avec le
livre papier, alors que 15 % estiment qu'il s'y substituera, une opinion
qui semble légèrement moins prégnante parmi les professionnels
européens », note Primento.
Thibault Léonard semble par ailleurs sceptique vis-à-vis des secteurs
qui sont souvent mis en avant comme seuls porteurs de l'édition
numérique, l'éducation et l'édition professionnelle : « Les
éditeurs sont néanmoins trop optimistes concernant l'éducation, ce
domaine étant largement sous-financé et très conservateur lorsqu'il
s'agit d'embrasser un changement. » À ce titre, Vincent
Peillon annonçait en juillet, dans le cadre de la refondation de
l'école, la création d'une filière d'édition numérique pédagogique.
Mais, explique le fondateur de Primento, « Cet énorme chantier prendra ainsi encore de longues années si les pouvoirs publics n'en font pas une priorité. »
Les professionnels se montrent toutefois confiants quant à la capacité de leur société de s'emparer du numérique : 85,6
% d'entre eux ne s'inquiètent pas, 73 % si l'on ne tient compte que des
éditeurs français travaillant pour des maisons d'édition de langue
française. Le fondateur de Primento les incite tout de même à la
vigilance : « Si les éditeurs refusent de prendre en compte cette
évolution, ils risquent de perdre leur place privilégiée et de voir leur
industrie se réorganiser sans eux, comme ce fut le cas dans d'autres
domaines par le passé. »
[Écrit par Antoine Oury - photo : CC BY-SA 2.0 - source : www.actualitte.com]
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