En baisse dans plusieurs régions du monde, l'apprentissage du
français connaît encore un franc succès au Brésil. Synonyme de
raffinement et d'élégance, la langue de Molière séduit toujours.
Un opticien "La Croisette" par ci, une résidence "Juan-les-Pins" par là,
un restaurant avec un menu "à la carte" au coin d'une rue... Difficile
d'échapper au français lorsque l'on se balade dans São Paulo. Ici, la French Touch
fait toujours son effet. Dites à un Brésilien que vous venez de
l'Hexagone et la sanction est immédiate : un "Monsieur" – prononcez
Mèssiè - ou un "Bonjour" des plus révérencieux, un brin moqueur parfois,
sortira de sa bouche. Comme souvent à l'étranger, le français est perçu
comme une référence de la mode et du luxe au Brésil. Une véritable
tendance qui se constate aussi dans les salles de cours. C'est
d'ailleurs ce qui a poussé Laura, qui est agent immobilier, à prendre
des cours particuliers : "J'ai commencé à apprendre le français il y
a 10 ans parce que je trouvais que c'était une très belle langue.
J'aime aussi beaucoup les films français et apprécie de pouvoir
comprendre certaines choses, même lorsque le film n'est pas sous-titré
en portugais."
En visite à São Paulo la semaine dernière, le sénateur des Français de l'étranger, Jean-Yves Leconte, s'est montré "ravi" par l'engouement des Brésiliens pour le français : "C'est
revitalisant. Contrairement au reste du monde, on sent qu'ici la France
attire encore. On peut le constater par la force des Alliances
Françaises : une ville comme São Paulo compte six ou sept établissements
qui marchent très bien, malgré des prix plutôt élevés. On compte même
plus d'apprenants à São Paulo que dans toute la Russie, par exemple !"
Une réputation solide
Hormis
le stéréotype classique du Français "bon chic bon genre", d'autres
raisons expliquent ce phénomène. Il a longtemps été obligatoire dans les
collèges brésiliens et primait même sur l'anglais. De plus,
l'enseignement français de façon générale jouit d'une solide réputation
dans toute l'Amérique latine.
Gabo Alexander Breitman, ancien pensionnaire d'un lycée français de Rio de Janeiro, confirme : "La
France est réputée pour être un pays de valeur, avec une langue riche et des grands écrivains. Lorsque l'on vient d'un lycée français on est
regardé de manière différente, avec admiration". Le nombre
d'établissements français prouve cette francophilie. São Paulo, Rio,
Brasilia, Curitiba et Natal possèdent toutes une école française. Mieux
encore, on compte pas moins de 45 Alliances Françaises dans tout le
pays.
Un choix stratégique
Certains parents
brésiliens ont choisi le Français pour leurs enfants par pure stratégie.
L'idée ? Apprendre le français (en plus de l'anglais) pour être mieux
armé dans le monde du commerce international. Si la langue de Molière ne
peut guère contester l'hégémonie de l'anglais aujourd'hui, elle reste
une alternative crédible. Selon le site francophonie.org, on recense pas moins de 220 millions de francophones dans le monde. Un avantage non-négligeable dans le commerce international. C'est du moins ce que pensaient les parents de Gabo au moment de faire leur choix : "A
l'époque, le français était encore la langue de la diplomatie
internationale. Quoi de plus important que d'apprendre à son fils une
langue aussi prépondérante dans les relations extérieures ?" Logique implacable.
Alexandre DE CASTRO
[Source : www.lepetitjournal.com]
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