Le cumul des mandats est une pratique très franco-française qui consiste pour un(e) élu(e) à détenir plusieurs mandats électifs en même temps.
Un des engagements du candidat Hollande concernait la fin du cumul
des mandats. Vendredi 15 février dernier, M. Valls a estimé que cette
réforme serait "très difficile" à imposer dès 2014, mais plutôt pour "fin 2016 ou début 2017". Le même jour, JM Ayrault a clarifié, en annonçant qu'un texte serait présenté en Conseil des Ministres "dans les prochaines semaines", pour une loi mise en oeuvre "pendant le quinquennat".
Le cumul des mandats
est une pratique très franco-française qui consiste pour un(e) élu(e) à
détenir plusieurs mandats électifs en même temps. L'ex-ministre Paul
Quilès avait établi en 2009 une étude intéressante démontrant que c'est
sous la Vème que le cumul parlementaire est au plus haut avec 80%
(contre 33% sous la III ème et 40% sous la IV ème ; étude Rejet de la loi Hadopi : où étaient des 541 députés absents ?, Rue 89, 11/4/2009).
De nombreuses autres études ont démontré que la France avait le record d'Europe des cumulard(e)s. Ainsi le New-York Times
a analysé en 2008 que 85% des parlementaires français exerçaient un
second mandat, contre environ 20% en Allemagne, en Italie et au RU. Au
Canada le cumul a pratiquement disparu. Il en va de même dans l'analyse
livrée par L. Bach (Faut-il abolir le cumul des mandats ?
Cepremap, 2012), qui révèle quatre ans après des chiffres similaires.
Près de 85% des députés ont au moins un mandat local (66% en Belgique,
7% en Italie et 3% au RU). 45% des députés cumulent avec un mandat de
conseiller général ou maire d'une ville de moins de 10.000 hbts. C'est
d'ailleurs le mandat de maire qui constitue le cumul le plus courant (43% à l'Assemblée, 34% au Sénat).
La
réglementation du Code Electoral (art. LO 141 notamment) énonce qu'en
principe le cumul est autorisé avec un seul mandat. A noter que les
structures intercommunales ne sont pas prises en compte dans l'analyse
du cumul. Au soutien du cumul, il y a essentiellement un meilleur ancrage
local de l'élu. P. Weil estime que c'est un contrepoids à l'exécutif.
Disons
l'indicible : ce sont surtout des considérations financières qui
justifient le cumul dans la grande majorité des cas ! Or on constate
surtout que le cumul entraine des conflits d'intérêts, de l'absentéisme
et l'absence de renouvellement du personnel politique. De même que les "féodalités politiques" chères à JM Jeanneney.
Alors
il serait temps de mettre en place cette interdiction de cumul,
annoncée depuis des décennies, et qui semble voulue par l'opinion
(environ 55%). Au demeurant elle est préconisée par le rapport Jospin.
Ce serait incontestablement un gage de modernité et même de crédibilité
pour notre démocratie. Le sénateur socialiste P. Assouline considère que
cette réforme, voulue par la base du PS au surplus (mais qui divise au
sein du parti !) sera un important "marqueur pour la gauche".
Cela étant dit ne nous méprenons pas, un strict cumul impliquera d'augmenter le traitement des élus
qui, en France, est parmi les plus bas d'Europe. Dans un contexte de
crise et de déficit budgétaire, ce n'est peut-être pas opportun !..... A
moins que l'on ne songe à une autre réforme complémentaire : diminuer
le nombre de parlementaires (plus important en France qu'aux Etats-Unis), voire d'élus locaux. Car la démocratie locale a aussi des soucis à cet
égard (la France est un des pays d'Europe où il y a le plus d'élus
locaux).
Vastes voire utopiques programmes ? !...
Par Raphael PIASTRA
Universitaire
[Source : www.net-iris.fr]
Sem comentários:
Enviar um comentário