Ah, Richard… Outre ce que le prénom peut avoir de
royal, et ce, malgré ses consonances, il a probablement été immortalisé par le
compositeur qui le porta aux nues. Non, pas Strauss, Wagner. Richard Wagner… un
seul créateur vous manque et tout est dépeuplé, Valhalla et autres territoires
divins compris. C'est probablement ce qui justifie que Woody Allen ait déclaré
à qui voulait bien l'entendre que tes chansons, cher Richard, lui donnaient envie
d'envahir la Pologne.
SBN : 978-2-84805-133-8
Prix eBook :
Prix papier : 22 €
Pages : 318 pages
Editeur : Sabine Wespieser Editeur
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Comprends-le,
il a raté sa vie : jalousie d'humoriste incapable de considérer autrement une
croche et une noire comme les prémices d'un opéra fantastique. Car avec toi,
Richard, rien ne se dépeuple, rien ne se vide, sinon les bourses de tes
créanciers, un peu naïfs, et fort nombreux, à qui tu as emprunté de rondelettes
sommes. Eh, quoi ! Il faut bien que le génie vive…
2013
marquera d'ailleurs, pour la pause culturelle, le 200e anniversaire d'une
naissance qui, dans l'intervalle de partitions puissantes, fit revivre des
cultes chthoniens, des légendes nordiques, des mythes éternels. Autrement dit,
comme le chantait Aragon, « c'est si peu dire que je t'aime »,
Richard.
Ravivant
la flamme allemande, et son goût pour la tragédie, parfois en dépit du public
lui-même, exacerbant, du fait d'un douloureux contexte, les haines religieuses,
Richard va créer. Et ce, sous la bienveillante et lucrative latitude du jeune
monarque Louis II de Bavière.
Et dans
son roman, c'est tout en même temps l'arrogance, l'audace et l'assurance que
Vincent Borel livre du fantasque compositeur. Une vie d'artiste, et de génie,
romancée, et pourtant loin d'être infidèle à l'homme. Et surtout, un
portrait qui ne verse jamais dans la banale admiration, qui rend les
biographes régulièrement fadasses. Humain, ce Richard l'est diablement -
simplement, ses compositions, son talent, soulèvent l'enthousiasme d'une Europe
qui l'avait presque enterré.
Déchaînant
les passions, la musique enivre, et il faut la béate - benoîte ? -
admiration, quasi révérencieuse, du monarque pour maintenir la lecture à
distance. Grâce à ce personnage, on ne plonge pas dans la bigoterie. Parce que
ce le véritable Richard n'est pas la stricte émanation musicale. Il est de
chair, d'os, de notes aussi.
Tantôt souffreteux, tantôt malade de petites contrariétés, le
compositeur ne nous épargne rien de sa petitesse ; par-dessus son épaule, le
lecteur découvre d'un côté l'écriture de ses pièces majeures, et de l'autre, la
vie quotidienne : les amours, les adultères, les rares remords, les instants de
grâce, la magie créatrice, entrecoupée de cruels doutes.
En fait,
Richard W. porte un juste titre : derrière l'illustre, c'est de l'homme qu'il
s'agit. Et rien d'humain ne peut lui être étranger. Loin des chevauchées de
Walkyries, Wagner cède le pas à Richard.
On n'avait jamais écouté de musique ainsi…
[Source :
www.actualitte.com]
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