Avec son roman Le sermon de la chute de Rome chez Actes Sud, Jérôme Ferrari a obtenu le Prix Goncourt 2012. Né à Paris, originaire de Corse et très attaché à l'île de Beauté où il a passé une partie de son enfance et enseigné, ce professeur de philosophie de 44 ans a également connu l'expatriation. Il a exercé quatre ans en Algérie avant de s'installer en septembre dernier au lycée français d'Abu Dhabi.
Lepetitjournal.com - Comment avez-vous vécu l'annonce de votre victoire ?
Jérôme Ferrari - C'était extraordinaire. De toute façon, le processus même du Prix, avec les listes qui se réduisent au fur et à mesure, instaure une dramaturgie et une tension telles que le dénouement est forcément explosif. En plus, alors que pour les autres prix on est souvent appelé une heure avant l'annonce officielle, le Goncourt a ceci de spécifique que nous ne sommes pas du tout prévenus avant. On apprend l'annonce au moment où elle est faite chez Drouant.
Jérôme Ferrari - C'était extraordinaire. De toute façon, le processus même du Prix, avec les listes qui se réduisent au fur et à mesure, instaure une dramaturgie et une tension telles que le dénouement est forcément explosif. En plus, alors que pour les autres prix on est souvent appelé une heure avant l'annonce officielle, le Goncourt a ceci de spécifique que nous ne sommes pas du tout prévenus avant. On apprend l'annonce au moment où elle est faite chez Drouant.
Nous étions à Actes Sud, branchés sur plusieurs stations de radio mais pas sur celle qui couvrait l'évènement en direct…C'est donc quelqu'un qui m'a appelé pour me le dire. J'ai eu du mal à y croire. Ensuite, tout va tellement vite…Il faut immédiatement partir de la maison d'édition et aller chez Drouant où 250 journalistes vous attendent…C'est un truc hallucinant qu'en tant que romancier on n'a pas souvent l'occasion de vivre…
Le fait de vivre à l'étranger vous a-t-il aidé à rester éloigné de l'emballement médiatique ?
Ça m'a en tout cas aidé à penser à autre chose, à garder des préoccupations autres. J'étais d'ailleurs très content d'être à Abu Dhabi pendant les trois mois qui ont précédé le résultat, car même si je pensais forcément aux sélections successives je n'étais pas entouré de gens qui m'en parlaient. C'était assez confortable.
Ça m'a en tout cas aidé à penser à autre chose, à garder des préoccupations autres. J'étais d'ailleurs très content d'être à Abu Dhabi pendant les trois mois qui ont précédé le résultat, car même si je pensais forcément aux sélections successives je n'étais pas entouré de gens qui m'en parlaient. C'était assez confortable.
Votre vie a-t-elle changé ou va-t-elle changer avec l'obtention du Goncourt ?
Je ne peux pas dire à moyen ou long terme mais à court terme, ce prix ne change rien du tout. Je suis arrivé à Abu Dhabi au mois de septembre et je vais finir l'année avec mes élèves que je prépare au bac. Tout ça ne peut pas changer et je ne le souhaite d'ailleurs pas. Je suis content de faire plusieurs choses. Même si je pense qu'avec le Goncourt je pourrais, au moins pendant quelques temps, vivre uniquement de l'écriture, je n'en ai pas envie. C'est quelque chose qui me fait peur. D'abord parce que j'aime mon travail d'enseignant, mais aussi parce que je sais que j'ai besoin d'avoir des obligations, d'être ancré dans la réalité. À chaque fois que j'ai pensé à me consacrer uniquement à l'écriture, ma plus grande peur a été de ne plus rien avoir à dire.
Je ne peux pas dire à moyen ou long terme mais à court terme, ce prix ne change rien du tout. Je suis arrivé à Abu Dhabi au mois de septembre et je vais finir l'année avec mes élèves que je prépare au bac. Tout ça ne peut pas changer et je ne le souhaite d'ailleurs pas. Je suis content de faire plusieurs choses. Même si je pense qu'avec le Goncourt je pourrais, au moins pendant quelques temps, vivre uniquement de l'écriture, je n'en ai pas envie. C'est quelque chose qui me fait peur. D'abord parce que j'aime mon travail d'enseignant, mais aussi parce que je sais que j'ai besoin d'avoir des obligations, d'être ancré dans la réalité. À chaque fois que j'ai pensé à me consacrer uniquement à l'écriture, ma plus grande peur a été de ne plus rien avoir à dire.
Comment ont réagi vos élèves à votre retour de Paris ?
Mes élèves étaient très contents, mais nos relations étaient déjà très bonnes avant ce prix. Ça n'a pas changé leur regard. Ils m'ont réservé un retour extraordinaire. Une classe avait transformé la salle de cours en bar corse avec des têtes de Maure, des photos de Sartène et du champomy…D'autres élèves ont organisé un barbecue géant dans un parc à côté du lycée…c'était super, très émouvant. J'ai simplement eu l'impression que les gens étaient contents pour moi. Ça m'a fait plaisir.
Mes élèves étaient très contents, mais nos relations étaient déjà très bonnes avant ce prix. Ça n'a pas changé leur regard. Ils m'ont réservé un retour extraordinaire. Une classe avait transformé la salle de cours en bar corse avec des têtes de Maure, des photos de Sartène et du champomy…D'autres élèves ont organisé un barbecue géant dans un parc à côté du lycée…c'était super, très émouvant. J'ai simplement eu l'impression que les gens étaient contents pour moi. Ça m'a fait plaisir.
Est-ce que le fait de vivre à l'étranger vous aide à écrire ?
À 120.000%. C'est d'ailleurs pour ça que je ne veux pas arrêter de travailler ! Je me rends compte à quel point le travail nourrit mon écriture. Mes quatre ans en Algérie m'ont notamment beaucoup apporté. Quand j'ai demandé le poste à Abu Dhabi, j'avais plein de motivations différentes, à la fois professionnelles mais aussi plus personnelles. Je voulais entrer en contact avec une partie du monde que je ne connaissais pas, en espérant que j'allais en retirer quelque chose pour l'écriture. Ça ne fait que trois mois, donc c'est un peu court pour porter un regard sur le pays, mais je peux déjà dire qu'il y a un cosmopolitisme aux Emirats que l'on ne voit pas ailleurs. C'est quelque chose d'assez extraordinaire que j'aime beaucoup.
À 120.000%. C'est d'ailleurs pour ça que je ne veux pas arrêter de travailler ! Je me rends compte à quel point le travail nourrit mon écriture. Mes quatre ans en Algérie m'ont notamment beaucoup apporté. Quand j'ai demandé le poste à Abu Dhabi, j'avais plein de motivations différentes, à la fois professionnelles mais aussi plus personnelles. Je voulais entrer en contact avec une partie du monde que je ne connaissais pas, en espérant que j'allais en retirer quelque chose pour l'écriture. Ça ne fait que trois mois, donc c'est un peu court pour porter un regard sur le pays, mais je peux déjà dire qu'il y a un cosmopolitisme aux Emirats que l'on ne voit pas ailleurs. C'est quelque chose d'assez extraordinaire que j'aime beaucoup.
Vous êtes très attaché à la Corse. Quel regard portez-vous sur ce qui se passe dans l'île en ce moment ?
C'est une catastrophe mais ce n'est pas seulement mon regard à moi. Tout le monde est très triste et très accablé. Je pense aussi que l'on est tous très énervés par les simplifications qu'on entend dans les médias et toutes les bêtises sur l'omerta qui supposent que tout le monde en Corse comprend tout, sait tout et ne dit rien… Alors que personne ne comprend rien à ces histoires de grand banditisme qui sont en train de pourrir la société et à cette violence complètement décomplexée. Dans un endroit où il n'y a pas beaucoup de monde, la visibilité de ce genre de chose est multipliée par 20. Ça ne se passe pas à Marseille ou à Paris. Nous ne sommes pas nombreux, donc tout le monde est touché à un moment ou à un autre.
C'est une catastrophe mais ce n'est pas seulement mon regard à moi. Tout le monde est très triste et très accablé. Je pense aussi que l'on est tous très énervés par les simplifications qu'on entend dans les médias et toutes les bêtises sur l'omerta qui supposent que tout le monde en Corse comprend tout, sait tout et ne dit rien… Alors que personne ne comprend rien à ces histoires de grand banditisme qui sont en train de pourrir la société et à cette violence complètement décomplexée. Dans un endroit où il n'y a pas beaucoup de monde, la visibilité de ce genre de chose est multipliée par 20. Ça ne se passe pas à Marseille ou à Paris. Nous ne sommes pas nombreux, donc tout le monde est touché à un moment ou à un autre.
Votre regard sur la Corse a-t-il changé avec vos séjours à l'étranger ?
Non mon regard sur la Corse n'a pas changé. C'est mon regard sur le monde qui a changé.
Non mon regard sur la Corse n'a pas changé. C'est mon regard sur le monde qui a changé.
La Corse, la philosophie… Il y a beaucoup de points communs entre ce roman et votre parcours. Quelle est la part autobiographique dans Le sermon sur la chute de Rome ?Sur l'un des personnages, Mathieu, il y a une énorme part autobiographique mais qui est uniquement factuelle. Le lieu de naissance, le retour en Corse, la philosophie… mais pour moi c'est un matériau comme un autre. Je n'ai pas du tout voulu faire une projection de moi-même dans ce roman. Ce sont simplement des éléments biographiques et des préoccupations que le personnage partage avec moi. Je m'en sers comme point de départ, mais après il s'agit d'en faire quelque chose qui ne soit pas la reproduction de ce que j'ai pu vivre ou penser. De la même manière, j'ai pris des éléments biographiques de la vie d'un de mes grands oncles, puis j'ai transformé complètement le personnage qui ne lui ressemble finalement pas du tout.
Beaucoup de vos romans se déroulent dans un bar. Pourquoi choisir ce lieu pour y inscrire vos histoires ?
C'est un point commun que l'on m'a déjà fait remarquer plusieurs fois. C'est vrai que sur les 5 romans que j'ai publié chez Actes Sud, il y en a quand même trois qui se passent à peu près constamment dans un bar. C'est sans doute parce que j'écris en fonction de mon expérience de la vie en Corse. Dans les villages, le bar est le lieu de vie principal. C'est donc un endroit que je connais personnellement par une fréquentation assidue. Dans Le sermon sur la chute de Rome, dont le thème tourne autour de ce qu'est un monde, il me semble qu'on peut difficilement trouver plus complet qu'un bar comme image du microcosme. Spécialement dans une région touristique comme la Corse, où c'est le point de convergence de gens qui ne se retrouveraient jamais ailleurs, spécialement en été.
C'est un point commun que l'on m'a déjà fait remarquer plusieurs fois. C'est vrai que sur les 5 romans que j'ai publié chez Actes Sud, il y en a quand même trois qui se passent à peu près constamment dans un bar. C'est sans doute parce que j'écris en fonction de mon expérience de la vie en Corse. Dans les villages, le bar est le lieu de vie principal. C'est donc un endroit que je connais personnellement par une fréquentation assidue. Dans Le sermon sur la chute de Rome, dont le thème tourne autour de ce qu'est un monde, il me semble qu'on peut difficilement trouver plus complet qu'un bar comme image du microcosme. Spécialement dans une région touristique comme la Corse, où c'est le point de convergence de gens qui ne se retrouveraient jamais ailleurs, spécialement en été.
Votre roman est assez sombre et renvoie une image assez triste d'un bonheur qui ne dure jamais très longtemps. Êtes vous quelqu'un de pessimiste ?
Je ne me trouve pas si noir que ça. Je ne me sens d'ailleurs pas vraiment concerné par les problèmes de pessimisme ou d'optimisme. J'essaie d'écrire des choses un peu complexes et le côté noir ne me saute pas aux yeux. Je comprend qu'il puisse sauter aux yeux des lecteurs, mais moi, en écrivant ce roman, je n'ai pas vécu les choses comme ça.
Je ne me trouve pas si noir que ça. Je ne me sens d'ailleurs pas vraiment concerné par les problèmes de pessimisme ou d'optimisme. J'essaie d'écrire des choses un peu complexes et le côté noir ne me saute pas aux yeux. Je comprend qu'il puisse sauter aux yeux des lecteurs, mais moi, en écrivant ce roman, je n'ai pas vécu les choses comme ça.
Maintenant, évidemment, quand on écrit un roman, on a tendance à s'appuyer sur des choses qui tournent mal. Mais j'espère qu'il n'y a pas qu'un côté noir, car ce qui m'intéresse est de voir ce qu'il y a de sombre dans ce qui est joyeux, mais aussi ce qu'il y a de joyeux dans ce qui est sombre. J'essaie en fait surtout de ne pas être monochrome.
Mais aucune des histoires des personnages du roman ne finit bien…
Les personnages autour du bar vont à la rencontre d'un désir qui n'est pas réaliste. C'est pour cela que leur histoire est vouée à l'échec. Le personnage de Mathieu vit dans le fantasme. Du coup, il est normal que la réalité ne puisse pas correspondre à l'image naïve et idiote qu'il s'en fait. C'est la même chose pour le grand-père, qui lui non plus ne peut pas se satisfaire du réel. Mais ce constat n'a pas de portée générale sur toutes les formes d'existence.
Les personnages autour du bar vont à la rencontre d'un désir qui n'est pas réaliste. C'est pour cela que leur histoire est vouée à l'échec. Le personnage de Mathieu vit dans le fantasme. Du coup, il est normal que la réalité ne puisse pas correspondre à l'image naïve et idiote qu'il s'en fait. C'est la même chose pour le grand-père, qui lui non plus ne peut pas se satisfaire du réel. Mais ce constat n'a pas de portée générale sur toutes les formes d'existence.
Dans mon esprit, Aurélie n'a pas été conçue de la même manière. C'est le personnage le plus en prise avec la réalité et qui essaie d'en faire quelque chose. Quand ça ne se passe pas bien, ce n'est pas à cause de la bêtise de son propre regard.
Le sermon de la chute de Rome, votre septième roman (deux chez Albiana, cinq chez Actes Sud) est celui qui est récompensé. Pensez-vous que c'est votre meilleur ?
Je ne pense pas que beaucoup de romanciers se posent la question en ces termes là. Ce qui m'intéresse quand j'écris un nouveau roman c'est qu'il se passe quelque chose que ne provoquaient pas les précédents. Si j'arrive à faire quelque chose qui ne soit pas répétitif ou qui propose un dispositif littéraire différent, je considère que c'est réussi. Il n'est pas question de meilleur ou de moins bon mais plus du chemin sur lequel on avance. C'est ce qui m'intéresse.
Je ne pense pas que beaucoup de romanciers se posent la question en ces termes là. Ce qui m'intéresse quand j'écris un nouveau roman c'est qu'il se passe quelque chose que ne provoquaient pas les précédents. Si j'arrive à faire quelque chose qui ne soit pas répétitif ou qui propose un dispositif littéraire différent, je considère que c'est réussi. Il n'est pas question de meilleur ou de moins bon mais plus du chemin sur lequel on avance. C'est ce qui m'intéresse.
J'ai beaucoup du mal à juger mes romans en terme de qualité ou à les hiérarchiser. Le plaisir et la peine sont à peu près toujours les mêmes. C'est un travail avec un sentiment de satisfaction lorsqu'il est terminé, et de déception lorsque l'on mesure l'écart entre ce que l'on voulait faire et ce que l'on a achevé, même si ce dernier est à mon avis irréductible. Je cherche surtout à faire mon travail honnêtement, c'est à dire, sans réutiliser un canevas bien huilé, parce qu'il a déjà marché ou qu'on pense qu'il va correspondre à l'attente des lecteurs.
À un moment j'ai d'ailleurs dit que je pensais que ce roman ne marcherait pas. Dans une critique, quelqu'un a repris cette phrase en disant que je n'aimais pas mon roman ou en tout cas moins que les autres. Ce n'est pourtant pas du tout ce que je voulais dire. Je pensais simplement que comme mon roman précédent traitait d'un grand sujet, la guerre d'Algérie, et que c'était celui qui avait le mieux marché, les gens qui m'avaient découvert avec ce roman pourraient ne pas être intéressés par une petite histoire autour d'un bar Corse. Je ne pensais donc pas que le sujet du roman pouvait facilement rencontrer l'adhésion des lecteurs. Mais je l'ai quand même écrit. Tout simplement parce que c'était ce roman là que j'avais envie d'écrire à ce moment là.
Beaucoup disent que votre prix est celui d'un Goncourt qui change, notamment parce que Gallimard n'était pour une fois pas présent dans la sélection finale. Qu'en pensez-vous ?
Il faudrait avoir un peu de recul pour vraiment savoir quels sont les changements, mais effectivement il se trouve que l'édition de cette année était un peu particulière, car il n'y avait pas Gallimard. Maintenant, pour savoir ce que ça veut dire dans les changements de choix du jury, il est un peu trop tôt. Et puis, entre le fait que ce ne soit pas tous les ans Gallimard qui l'emporte et que Gallimard soit éjecté des finalistes, il y a peut-être un juste milieu. Il y a quand même des choses bien qui se font chez Gallimard aussi ! J'ai surtout l'impression que l'obtention d'un grand prix comme celui-là est le résultat de la conjoncture de plein d'éléments différents visibles ou invisibles. Ce serait un peu hardi de supposer que ce n'est dû qu'à la seule force d'un texte. Ce sont des phénomènes vraiment complexes. Cette année la conjonction a fait qu'une chose comme celle-ci a été possible avec un éditeur qui ne l'a eu qu'une seule fois mais qui n'est pas non plus un petit éditeur !
Il faudrait avoir un peu de recul pour vraiment savoir quels sont les changements, mais effectivement il se trouve que l'édition de cette année était un peu particulière, car il n'y avait pas Gallimard. Maintenant, pour savoir ce que ça veut dire dans les changements de choix du jury, il est un peu trop tôt. Et puis, entre le fait que ce ne soit pas tous les ans Gallimard qui l'emporte et que Gallimard soit éjecté des finalistes, il y a peut-être un juste milieu. Il y a quand même des choses bien qui se font chez Gallimard aussi ! J'ai surtout l'impression que l'obtention d'un grand prix comme celui-là est le résultat de la conjoncture de plein d'éléments différents visibles ou invisibles. Ce serait un peu hardi de supposer que ce n'est dû qu'à la seule force d'un texte. Ce sont des phénomènes vraiment complexes. Cette année la conjonction a fait qu'une chose comme celle-ci a été possible avec un éditeur qui ne l'a eu qu'une seule fois mais qui n'est pas non plus un petit éditeur !
Jérôme Ferrari, Le sermon sur la chute de Rome (Actes Sud)
202 pages, 19 euros
Propos
recueillis par Simon Gleize
[Source :
www.lepetitjournal.com]
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