L'Alliance pose les jalons de sa réflexion
La présentation des lignes directrices guidant la
réflexion de L'Alliance, ce matin, n'a pas posé des bases révolutionnaires dans
les relations entre producteurs de contenus, distributeurs et acteurs de
l'industrie. Certes, les enjeux de l'économie numérique induisent une
mutualisation des efforts et des comportements vertueux. « Les principes
de régulations sont à déterminer collectivement », explique Dalhia
Kownator. Une démarche louable, qui se ramifie au travers d'un principe de
promotion global de l'accès aux oeuvres, mais également d'un développement de
toutes les filières.
Le credo de
L'Alliance, qui se positionne comme une plateforme, et non un think tank, ainsi
qu'on nous le précise, s'articule autour de trois axes :
•
instaurer un cadre contribuant au développement du marché légal numérique,
•
pérenniser et légitimer le modèle français de financement de la création et des
industries culturelles,
•
garantir la non-discrimination entre acteurs, en particulier français et
étrangers.
Pour
ce faire, les pistes de réflexion oscillent entre la révision de la fiscalité
numérique, et la nécessaire révision des positions de Bruxelles, notamment sur
la perception de la TVA au lieu de destination - c'est-à-dire par le pays où se
trouve le consommateur. De même, on évoque une « neutralité fiscale », vis-à-vis des produits numériques, en ce qu'ils
représentent des extensions dématérialisées des supports physiques. Pour la
presse, ce serait une TVA à 2,1 %, contre 19,6 % aujourd'hui, pour le livre, la
même harmonisation. Si la France a déjà mis en place le taux réduit de la taxe,
c'est cependant contre l'avis de Bruxelles, qui a placé le pays, ainsi que le
Luxembourg, sous une procédure d'infraction, pour non-respect des règles
communautaires.
Dans
l'idée d'un accès à l'offre légale, premier instrument de lutte contre la
contrefaçon, L'Alliance met l'accent sur la disponibilité des oeuvres pour les
jeunes qui « dans les
bibliothèques, doit être encouragé. Toutefois, la facilitation de cet accès du
public aux oeuvres doit stimuler la demande d'oeuvres et de biens culturels
tout en préservant l'équilibre de la filière. La circulation des oeuvres doit
être maîtrisée sauf à entraîner une destruction de valeur considérable pour la
filière ».
Toujours
dans une extension de l'offre plus naturellement disponible, L'Alliance
préconise un renforcement des accords entre les acteurs, transversaux, dans les
différentes filières culturelles. De telles discussions favoriseraient l'essor
des offres, « évitant
de ce fait de complexes et longues négociations aboutissant à un dispositif
réglementaire toujours plus complexe à valider et à mettre en oeuvre ». On cite ainsi, pour le livre numérique,
des plateformes de distribution ouvertes, « tant vers l'amont de la chaîne (connexion de la
plateforme vers les éditeurs) que vers l'aval (connexion de la plateforme vers
les libraires) ».
Michaël
Dahan, président de Bookeen, note à ce titre « une similitude des problématiques dans les secteurs
culturels, devant le numérique. Et le livre n'est pas exempt de ces réflexions,
qui se retrouvent depuis plusieurs années dans les différentes industries ».
Michaël
Trabbia, directeur des affaires publiques du groupe France-Telecom Orange
ajoute : « Il
faut aller vers les pirates à grande échelle, et frapper les sources de
financement. Si le premier outil de lutte contre la contrefaçon réside dans le
développement de l'offre légale, il faut assécher les sources de revenus des
sites pirates. Les annonceurs publicitaires, les moteurs de recherches, les
outils de paiement en ligne, tous doivent être responsabilisés, et cette
méthode est tout à fait applicable, et nullement coercitive. »
Il
serait toujours plus efficace de saisir l'éditeur d'un site, voire son
hébergeur, que les internautes. Et à ce titre, L'Alliance ne souhaite pas
prendre position pour ou contre Hadopi. Matthieu Viala, producteur chez
Makingprod insiste : « Il
faut communiquer auprès des consommateurs, qui chaque mois payent une certaine
somme pour accéder à des oeuvres sur des sites illégaux, et leur dire que d'une
part, ils ne participent pas au financement de la création, mais surtout, ils
encouragent le développement d'une offre illégale. »
Enfin,
la nécessaire lutte contre la contrefaçon met au jour la réussite, permise par
une collaboration internationale, de la fermeture de Megaupload, en janvier
dernier. « L'ampleur
de la cybercriminalité exige une intensification de la coopération judiciaire
internationale »,
considère L'Alliance.
Par Nicolas Gary
[Source : www.actualitte.com]
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