Interdiction des véhicules les plus âgés – mais pas des diesels – dans le grand Paris, limitation de vitesse sur le périphérique, écotaxes et péages: la mairie de Paris propose un arsenal de mesures.
S’il ne se représentera pas en 2014 après 13 ans à la mairie de Paris, Bertrand Delanoë n’entend pas terminer son second mandat dans le consensus tiède ou l’inactivité: son éventail de mesures anti-pollution – en fait, visant exclusivement la circulation routière – présenté au Conseil de Paris en témoigne.
Il a exposé hier les propositions suivantes:
Interdiction des véhicules âgés
La Ville suggère la mise en place d’une ZAPA (Zone d’action prioritaire pour l’air – initiée par le gouvernement Fillon et mise en suspens depuis) interdisant à partir de septembre 2014 les véhicules (particuliers et utilitaires) de plus de 17 ans (donc d’avant septembre 1997), les poids lourds de plus de 18 ans et les deux roues de plus de 10 ans.
Ces décisions seraient assorties de « mesures d’accompagnement social pour les ménages et les professionnels les plus modestes concernés », indique la mairie, sans trop de précision pour le moment. Car un reproche qui a été fait immédiatement à cette proposition est qu’elle toucherait principalement les automobilistes les plus pauvres. Bertrand Delanoë propose:
« Avec le soutien de l’Etat, nous accompagnerions sa mise en œuvre d’une prime à la casse pour l’ensemble des possesseurs de véhicules polluants » vivant au sein de la ZAPA.
Il a ensuite indiqué « qu’un abonnement gratuit à Autolib’ pourrait également venir compenser pour certains particuliers, les effets collatéraux de cette avancée sanitaire majeure. »
Point aveugle de cette mesure: quid des diesels? Depuis que l’OMS a reconnu (via son Centre international de recherche sur le cancer, en juin 2012 – PDF) que le diesel est cancérigène, les constructeurs automobiles rivalisent de déclarations pour mettre en avant le filtrage amélioré de leurs véhicules, bien que les avantages du pot catalytique soient largement relativisés.
Une Zapa pour un grand Paris
La mise en place de cette Zapa concernerait tout le territoire compris à l’intérieur de l’A86 (A86 comprise – il s’agit de l’autoroute circulaire entourant Paris, à quelques kilomètres du boulevard périphérique) « et ces restrictions ne pourraient être mises en place qu’en concertation avec toutes les collectivités de Plaine-Commune. La municipalité plaide par ailleurs pour que cette ZAPA soit instaurée par paliers:
-mi 2013: définition des types de véhicules et des modalités de contrôles;
-une année de pédagogie et de prévention afin de permettre aux personnes concernées de s’organiser. »
Ce calendrier est largement hypothétique, sa mise en place dépendant de l’Etat.
La mairie de Paris rappelle la récente étude du STIF sur les déplacements en Ile-de-France, qui montre que 59% des ménages parisiens ne possèdent plus de véhicule et que pour la première fois, la possession de véhicules se réduit en petite couronne. Aujourd’hui, 30% des ménages n’y possèdent plus de voitures. La municipalité affiche son objectif de « poursuivre sur cette voie en incitant les ménages à renoncer au véhicule thermique individuel ».
Réduire les vitesses: sur le périphérique et dans des zones 30
La municipalité souhaite abaisser la vitesse maximale autorisée sur le périphérique de 80 actuellement à 70 km/h, dès le début de l’année 2013. « Cette mesure aurait le mérite de diminuer la pollution, mais aussi les nuisances sonores auxquelles sont exposées les quelques 100.000 riverains du périph’ parisien. »
Des arguments pour le moins contestables, et pas seulement par les différentes associations d’automobilistes évidemment vent debout contre le plan Delanoë: Joëlle Colosio, responsable qualité de l’air à l’Ademe, interrogée par Libération fin septembre déclarait: « Les résultats démontrent qu’une réduction de la vitesse, de 80km/h à 70km/h, a un impact très très faible sur les émissions de CO2 et de particules ». Tandis que l’impact de cette réduction de vitesse sur le bruit, selon une étude citée par l’agence Bruitparif, est quasiment négligeable.
Cette réduction, assure la Ville, permettrait aussi d’améliorer la sécurité sur cet axe. « Selon une étude récente de l’Office national interministériel de sécurité routière, une diminution de 5% de la vitesse réduit le risque corporel de 10% et le risque d’accident mortel de 20%. »
La ville veut aussi mettre en place de nouvelles zones 30, ces quartiers où la vitesse est limitée à 30 km/h. Elle commencera par la Goutte d’or (18e arrondissement) et l’avenue de Clichy (17e et 18e arrondissements) l’an prochain. La municipalité souhaite aussi l’instauration progressive de zones 30 dans les rues jouxtant les écoles et les équipements sportifs et culturels.
Écotaxes et péages
Autre souhait de la municipalité, « supprimer progressivement et de manière concertée la circulation de transit de poids lourds dans Paris et sur le boulevard Périphérique. Une délibération (PDF) examinée lors du Conseil du mois de novembre porte sur les modalités de mise en place d’une éco-taxe poids lourds sur le Périphérique.
Enfin, Paris défend l’idée d’un péage sur les autoroutes métropolitaines qui aurait l’avantage de réduire le trafic routier et les nuisances associées. »
Une bonne part de ces propositions ne dépendant pas de la Ville pour être mises en place, reste à voir ce qu’il en adviendra. Dans un premier temps, elles ont reçu une volée de critiques, comme il se doit de l’opposition (droite) parisienne, mais aussi de gauche, côté PCF et EELV.
Par Thierry Noisette
[Source : www.smartplanet.fr]
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