sexta-feira, 18 de maio de 2012

Mobilité sociale au Brésil : toujours plus haut...

La nouvelle classe moyenne a à peine emergé que certains prévoient déjà désormais une poussée des effectifs des classes les plus aisées. Un véritable « upgrade »... Mais la faiblesse des infrastructures se fait encore sentir.

Le Brésil a été le théâtre au cours de la dernière décennie d’une spectaculaire réduction de la pauvreté et de l’apparition d’une nouvelle classe moyenne. Les conditions de vie de plusieurs dizaines de millions de personnes se sont améliorées.
Mais selon plusieurs études, ce mouvement ne s’effectue pas aux dépens des plus aisés. Bien au contraire. Dans le jargon du marketing, la classe C (sur une échelle de A à E) se consolide, mais les classes AB (nantis et aisés) prospèrent également. C’est le nouveau pari de l’avenir, que Marcelo Neri, du Centre de politiques sociales de la Fondation Getúlio Vargas (un centre de recherche de référence de Rio), voit déjà se dessiner. Il prévoit que les effectifs de la classe AB auront doublé en 2014 (fin du mandat de Dilma Rousseff) par rapport à 2003 (année de l’arrivée de Lula au pouvoir).
Tableau idyllique
Une manière de dire : l’ascenseur social, ce n’est pas que pour les pauvres ! C’est un peu comme si Lula et Dilma clamaient en choeur : « enrichissez-vous ! »
Pendant ce temps, le « Financial Times » souligne l’augmentation rapide du nombre de millionnaires brésiliens et les quelques 200 milliards d’euros gérés par les « private bankers », ces grands banquiers qui veillent à la fortunes des riches, à la fin de l’an dernier.  
Pour relativiser ce tableau quelque peu idyllique, il suffit pourtant de se promener un peu dans ce vaste Brésil... A Maceió par exemple, la capitale de l’Etat d’Alagoas qui abrite certaines des plus belles plages du Brésil. A une centaine de mètres de grands hôtels touristiques, les égoûts de la ville y sont déversés à ciel ouvert. Masse grisâtre et infecte qui se déverse sans gêne dans l’océan.
 Baigneurs sautant une sortie d'égoût sur la plage de Jatiuca [photo V. Alencar]
Le défi des infrastructures
Autre scène, toujours dans le Nordeste. « La machine à laver arrive dans le Sertão avant l’eau courante », révèle fin avril la Folha de São Paulo, le quotidien à plus fort tirage au Brésil. Le Sertão, c’est cette grande zone semi aride popularisée par Bernard Lavilliers, loin des grands centres touristiques, dans l’intérieur des terres...
Paradoxe : alors que les revenus ont fortement augmenté (42%) dans les années 2000, l’assainissement des eaux dans les zones rurales du Nordeste n’a progressé que de 7%. Malgré l’amélioration du pouvoir d’achat, les infrastructures y demeurent largement déficientes. Pour venir en aide à ces populations, le gouvernement envoie des camions-citernes...

 Distribution de l'eau par des camions citerne dans le Nordeste
En ville, autre casse tête : comment perdre moins d’une heure pour se rendre au travail ?... avant d’affronter les transports en commun qui ne répondent pas à la demande ou les bouchons de fin de journée pour rentrer chez soi. Supplice quotidien qui gâte sérieusement la qualité de la vie.
A la campagne ou à la ville, l’argent ne parvient parfois pas à faire le bonheur... même si la mobilité sociale, mesurée par les revenus, est bien en marche. 
Note : Tableau des classes sociales au Brésil en 2012 - Source IBGE et FGV
Classe A : Plus de 20 Salaire Minimum (SM ) - Revenu Familial (RF) supérieur à R$ 12.440 (4.887€)
Classe B : De 10 à 20 SM - RF de R$ 6.220 à R$ 12.440 (de 4.887€ à 2.443€)
Classe C : De 4 à 10 SM - RF de R$ 2.488 à R$ 6.220 (de 962€ à 2.443€)
Classe D : De 2 à 4 SM - RF de R$ 1.244 a R$ 2.488 (de 489€ à 962€)
Classe E : Jusqu'à 2 SM - RF jusqu'à R$ 1.244 (962€)
Par Thierry Ogier 





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