Le directeur des éditions Dar El Hikma, qui tient au siège de l’Union des écrivains algériens à Alger un café littéraire, était l’hôte mardi dernier, à l’initiative de l’Office national de la culture et de l’information (ONCI), du Club des médias culturels à la salle Atlas.
C’est en tant que président du Syndicat national des éditeurs du livre et membre du Syndicat des éditeurs maghrébins qu’Ahmed Madi a animé une conférence de presse. Il est en premier lieu revenu sur sa vocation d’éditeur de Dar El Hikma, une maison d’édition qui existe depuis près de vingt-neuf ans, et qui présente aux lecteurs des ouvrages publiés en langue arabe particulièrement puisqu’il faudra rappeler que cette maison est spécialisée dans la traduction d’auteurs nationaux et étrangers. Ahmed Madi s’est exprimé sur le choix de cette profession pour laquelle il a préféré, contre l’avis de son père, ne pas poursuivre des études universitaires. Alors qu’il est issu d’une famille ayant toujours beaucoup apprécié les livres, il s’est, dès sa jeunesse, à l’âge de 18 ans, engagé corps et âme dans cette voie difficile en lançant une maison d’édition par amour pour la culture et en optant pour le mot arabe «hikma», qui signifie sagesse philosophique. Il a évoqué les problèmes rencontrés au début de la création de cette maison d’édition qui sont étroitement liés à l’édition algérienne longtemps restée sous la tutelle étatique dirigée par la SNED, qui avait alors le monopole de la publication à l’exception de quelques éditeurs au nombre réduit et des éditions Ennahdha qui ont plus de soixante ans d’existence : «On était alors six éditeurs privés et nous souffrions du manque de papier pour l’impression. Suite à l’essor et à la multiplication des maisons privées, je constate que depuis sept ans, la machine éditoriale est vraiment lancée avec une nette amélioration des conditions notamment les lois régissant ce domaine et un certain encouragement des pouvoirs publics», dira cet intervenant en précisant que le Président Bouteflika attachait personnellement de l’importance à ce secteur et qu’il aime particulièrement la lecture. Selon cet éditeur, c’est depuis la célébration, en 2007, de l’événement «L’année de la culture arabe» après près de quatorze ans de terrorisme et de sang, que l’édition algérienne a repris du poil de la bête avec un foisonnement de publications : « J’ai sorti vingt-deux titres, et lorsque le président du Syndicat des éditeurs m’a demandé si l’on pouvait concurrencer l’édition étrangère, j’ai dit que nous pouvions être à la hauteurs des plus grandes maisons d’édition qui sont, pour moi, représentées par des pays les plus grands organisateurs de Salons du livre dans le monde comme les USA, l’Angleterre et l’Italie. En 2001, le Salon du livre algérien était composé de trois sociétés qui sont la Safex, l’ANEP et le Syndicat national du livre», ajoute-t-il. Dar El Hikma, dont la spécificité éditoriale est la traduction vers la langue arabe, tamazight et française, est la première maison d’édition qui a commencé à traduire des publications comme l’ouvrage du docteur Abderrahmae Bouzida, paru à Tizou-Ouzou en 1984. La maison d’édition qui a acheté les droits en France de la maison Nathan de la collection 128 a l’exclusivité de la traduction dans le monde arabe ; toutefois, la traduction reste coûteuse puisque l’impression d’un ouvrage traduit revient, selon cet éditeur, à 80 millions de centimes. Les principaux auteurs algériens traduits sont H’mida Layachi, dont le livre a été soumis à la censure, ainsi que ceux des écrivains connus comme Tahar Ouettar, Rachid Boudjedra, Lahbib Sayah. Si Ahmed Madi déplore l’absence de lois claires régissant l’édition avec la signature, en mai 2009, par le Président de la République, d’un document stipulant la création d’un Centre du livre, qui n’a à ce jour toujours pas vu le jour et auquel un budget de 14 milliards était prévu, il n’en demeure pas moins qu’il a des projets en tête comme les publications académiques, universitaires et théâtrales prochainement et, en 2012, la traduction de l’anglais d’une auteure canadienne dont l’ouvrage commente l’histoire de la Révolution algérienne. En projet toujours, une série pour enfants de 23 titres tirés du patrimoine populaire, une collection qui sera éditée en français, en arabe et en tamazight, ainsi qu’une collection de bandes dessinées en arabe et plus de quarante titres sur l’histoire de l’Algérie de 1830-1962 avec des auteurs algériens et étrangers.
Lynda Graba
[Source : www.elmoudjahid.com]
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