sexta-feira, 20 de janeiro de 2012

Miami, la Mecque de la consommation pour les Brésiliens

Sur les 1,5 million de Brésiliens qui sont allés aux Etats-Unis en 2010, plus d'1 million se sont rendus en Floride. La bonne économie du Brésil, la valorisation du réal et la crise américaine sont autant de facteurs qui rendent la destination attractive. Mais pas seulement...
Shopping dans un magasin de jouets à Miami. Photo @blogdalami
Shopping dans un magasin de jouets à Miami. Photo @blogdalami

Comme chaque année, Ricardo, Directeur d'une agence de publicité à São Paulo, s'envole pour trois semaines avec sa famille à Miami pendant les grandes vacances de janvier. Au programme, shopping, parcs d'attraction et détente sur les plages de Miami. Quand on demande à son épouse les raisons pour lesquelles ils ont choisi Miami, la réponse est claire :
" A Miami on retrouve des airs de Rio, avec ses plages, son soleil, son esprit festif, et la sécurité en plus qui nous donne une liberté d'esprit que nous ne trouvons plus dans la ville Carioca. Et en plus nous en profitons pour faire du shopping car là-bas tout est bien moins cher qu'à São Paulo ".

Qu'est-ce qui pousse les Brésiliens à faire leurs achats hors du Brésil ?
L'année dernière, 1,5 million de Brésiliens se sont rendus en Floride et ont dépensé 1,6 milliard de USD, soit 59% de plus que l'année antérieure. La plupart des achats sont réalisés avec une carte de crédit, et ce malgré le triplement de l'Impôt sur les Opérations Financières (IOF) en avril dernier.

L'augmentation des revenus, l'accès au crédit, le quasi plein emploi (5,2% de chômage), la valorisation du réal par rapport au dollar sont autant de facteurs qui expliquent les records des voyages et dépenses des Brésiliens à l'étranger.

Les Brésiliens ont une tendance boulimique à la consommation, surtout lorsqu'ils ont l'impression de faire une bonne affaire, mais aussi parce qu'ils ont encore le souvenir des années d'hyper inflation.

" Lorsqu'ils voyagent ils dépensent tout ce qu'ils ont . S'ils ont 5.000 réais, ils les dépenseront " explique un représentant de l'industrie du tourisme. 

Pour comprendre l'engouement des Brésiliens pour le shopping à l'étranger, il suffit de regarder l'écart de prix d'un même produit entre le Brésil et les Etats-Unis. Les taxes sur les produits importés peuvent atteindre 70%, et pas seulement sur les articles de luxe ! Un frein évident qui pousse les Brésiliens à dépenser hors du territoire national, au point pour certains, de louer des containers entiers pour ramener leurs achats !

" Le shopping reste la principale motivation pour le touriste brésilien qui se rend aux Etats-Unis et en particulier à Miami où les prix, en moyenne, sont 65% moins chers " explique Cassio M. Salles Oliveira, directeur commercial de Rextur, une des plus importantes agences de voyage brésilienne.
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Deux jours d'achats à Miami
 
Avec une dépense moyenne de 1.512 USD (1.190 €)par personne, les Brésiliens achètent principalement les vêtements, les chaussures, les bijoux, la cosmétique l'électronique et les articles pour bébé. Il n'est pas rare de rencontrer dans les centres commerciaux des futures mamans qui, comme Priscila, ont fait un A/R sur Miami dès qu'elles ont appris qu'elles étaient enceinte, pour aménager la chambre du futur bébé.

" Les articles pour bébés, comme les poussettes, les vêtements, les stérilisateurs, les produits parapharmaceutique, quand on peut les trouver au Brésil, coûtent deux à trois fois plus cher. En faisant mes courses à Miami, j'ai pu m'équiper avec des produits de qualité et la différence de prix a remboursé le billet d'avion " explique-t-elle.

Pour Vera, dont le fils est installé à Miami, les clés sont simples : " je fais mes achats sur internet et fais tout livrer chez mon fils, ou à l'hôtel quand je descends à New York. Une fois que je suis là-bas, j'achète des valises pour tout ramener ".

La presse brésilienne se fait l'écho du " Shop' in Miami ". Ainsi, le journaliste de Veja, Paulo Vieira, dans son article " Miami Nice - Seis dias de compras " (Belle Miami - 6 jours de shopping) donne un programme complet de shopping avec les meilleures adresses pour acheter " en se faisant plaisir de faire des économies ". Il conclut en disant " vous n'aimez pas faire du shopping ? Mais alors qu'êtes-vous venu faire ici ? ". Tout est dit !

Voyager en Floride est meilleur marché qu'au Brésil
Si les Brésiliens sont de plus en plus nombreux à sortir du Brésil, en particulier pendant les fêtes, c'est aussi parce que la destination Brésil est devenue chère. 

L'inflation, la valorisation du réal, le déficit en infrastructure hôtelière, la forte hausse du prix des chambres et des vols intérieurs en haute saison en sont les principales raisons.

" Pendant le Réveillon, par exemple, les resorts brésiliens facturent entre 700/1.000 USD par jour alors que l'on peut trouver un bon hôtel à Miami pour environ 200 USD " explique Cassio.

Miami n'est plus une destination réservée à la classe économique supérieure (Revenu familial supérieur à 9.600 R$. Avec la croissante mobilité sociale des Brésiliens (30 millions de Brésiliens ont rejoint la classe moyenne en 10 ans) de plus en plus de promotions à destination de cette nouvelle clientèle (revenus compris entre 2.101 et 9.600 R$ - 920 à 4.200 €) sont proposées par les agences de voyage, pour capter cette nouvelle clientèle.
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Offre promotionnelle pour 5 nuits+avion à Miami à 820 € payable en 10 fois
Lastminute.com.br
 
" J'ai vu un "pacote" (forfait) pour 4 jours à Miami, de première catégorie, à 1.470 USD payable en 10 fois sans intérêt, explique Cassio. Même si au final le prix n'est pas moins élevé, les classes moyennes vont se l'offrir car le Brésilien a l'habitude de ne pas calculer le prix final. Donc avec un prix mensuel comme celui-ci, toutes les classes socio-économiques commencent à voyager ".

C'est le cas d'Antonio, jeune chauffeur de taxi de 32 ans, qui suit une formation gratuite pour apprendre l'anglais dans la perspective de la Coupe du Monde et des JO. Avec un salaire familial mensuel d'environ 3.500 R$ - 1.454 €, il a commencé à économiser pour se payer son premier voyage. Il a opté pour Miami en raison des promotions attirantes mais aussi de la proximité de la langue. 

" Même s'il s'agit de l'espagnol, les Brésiliens ont le sentiment qu'ils n'auront pas de problème de communication " commente Cassio.
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@viajarbarato.com.br

De leur côté, les compagnies aériennes multiplient les liaisons entre les deux pays.
Avec 53 vols hebdomadaires au départ du Brésil, Miami est devenue le port d'attache des Brésiliens. Pour contourner le problème de la saturation des aéroports internationaux de São Paulo et Rio, la TAM a renforcé ses liaisons avec Miami au départ de Congonhas via Brasilia et Belo Horizonte.

La compagnie American Airlines parie aussi sur son réseau brésilien. Elle lancera le 14 juin 2012 sa dixième liaison aérienne entre Miami et Manaus et rajoutera des fréquences additionnelles entre Miami, Brasilia et Belo Horizonte (source Air Journal).

Les lobbies s'organisent pour assouplir la délivrance des visas
En 2011, l'ambassade et les consulats des Etats-Unis au Brésil ont délivré 820.000 visas, soit 57% de plus qu'en 2010. La demande devrait croître de 30% en 2012. 

Selon le Département du Commerce américain, les Brésiliens ont été ceux qui ont le plus dépensé, injectant quasiment 6 milliards de dollars dans l'économie américaine. Et la Floride est la quatrième économie du pays avec un PIB de 770 milliards de dollars.

" Le Brésil représente le premier pays au monde" a reconnu le gouverneur de Floride, Rick Scott, lors d'une conférence organisée à la FIESP, en octobre dernier (source brasileconomico.com.br).

Et le Brésil pourrait faire mieux si les visas étaient délivrés plus facilement. Avec seulement 4 consulats au Brésil, le processus de délivrance des visas est long (environ 50 jours) et coûteux.

" Si l'on prend le cas d'une personne qui habite Manaus et qui veut aller aux Etats-Unis, elle devra se rendre à Brasilia pour faire les démarches. En plus du billet d'avion, il faudra qu'elle paie au moins une nuit à l'hôtel pour elle, son conjoint et ses enfants s'ils sont majeurs " explique Jean-Philippe Pérol, directeur d'Atout France pour les Amériques, basé à São Paulo.

Les lobbies s'organisent aux Etats-Unis "pour ouvrir plus de consulats et organiser un programme pilote qui permettrait de délivrer des visas via la video-conférence " annonce le New York Times. 

En attendant, la situation profite à l'Europe qui reçoit, sans visa, 52% des Brésiliens qui voyagent à l'étranger contre 29% aux Etats-Unis. [Source : bresil.aujourdhuilemonde.com]

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