Sur les 1,5 million de Brésiliens qui sont allés aux Etats-Unis en 2010, plus
d'1 million se sont rendus en Floride. La bonne économie du Brésil, la
valorisation du réal et la crise américaine sont autant de facteurs qui rendent
la destination attractive. Mais pas seulement...
Shopping dans un magasin de jouets à Miami. Photo
@blogdalami
Comme chaque année, Ricardo, Directeur d'une agence de publicité à São Paulo, s'envole pour trois semaines avec sa
famille à Miami pendant les grandes vacances
de janvier. Au programme, shopping, parcs
d'attraction et détente sur les plages de Miami. Quand on demande à son épouse
les raisons pour lesquelles ils ont choisi Miami, la réponse est claire :
" A Miami on retrouve des airs de Rio, avec ses plages, son soleil, son
esprit festif, et la sécurité en plus qui nous donne une liberté d'esprit que
nous ne trouvons plus dans la ville Carioca. Et en plus nous en profitons pour
faire du shopping car là-bas tout est bien moins cher qu'à São Paulo ".
Qu'est-ce qui pousse les Brésiliens à faire leurs achats hors du
Brésil ?
L'année dernière, 1,5 million de Brésiliens se sont rendus en Floride et ont
dépensé 1,6 milliard de USD, soit 59% de plus que l'année antérieure. La plupart
des achats sont réalisés avec une carte de crédit, et ce malgré le triplement de
l'Impôt
sur les Opérations Financières (IOF) en avril dernier.
L'augmentation des revenus, l'accès au crédit, le quasi plein emploi (5,2% de
chômage), la valorisation du réal par rapport au dollar sont autant de facteurs
qui expliquent les records des voyages et dépenses des Brésiliens à
l'étranger.
Les Brésiliens ont une tendance boulimique à la consommation, surtout
lorsqu'ils ont l'impression de faire une bonne affaire, mais aussi parce qu'ils
ont encore le souvenir des années d'hyper inflation.
" Lorsqu'ils voyagent ils dépensent tout ce qu'ils ont . S'ils ont 5.000
réais, ils les dépenseront " explique un représentant de l'industrie du
tourisme.
Pour comprendre l'engouement des Brésiliens pour le shopping à l'étranger, il
suffit de regarder l'écart de prix d'un même produit entre le Brésil et les
Etats-Unis. Les taxes sur les produits importés peuvent atteindre 70%, et pas
seulement sur les articles de luxe ! Un frein évident qui pousse les Brésiliens
à dépenser hors du territoire national, au point pour certains, de louer des
containers entiers pour ramener leurs achats
!
" Le shopping reste la principale motivation pour le touriste brésilien
qui se rend aux Etats-Unis et en particulier à Miami où les prix, en moyenne,
sont 65% moins chers " explique Cassio M. Salles Oliveira, directeur
commercial de Rextur, une des plus importantes agences de voyage
brésilienne.
Avec une dépense moyenne de 1.512 USD (1.190 €)par personne, les Brésiliens
achètent principalement les vêtements, les chaussures, les bijoux, la cosmétique
l'électronique et les articles pour bébé. Il n'est pas rare de rencontrer dans
les centres commerciaux des futures mamans qui, comme Priscila, ont fait un A/R
sur Miami dès qu'elles ont appris qu'elles étaient enceinte, pour aménager la
chambre du futur bébé.
" Les articles pour bébés, comme les poussettes, les vêtements, les
stérilisateurs, les produits parapharmaceutique, quand on peut les trouver au
Brésil, coûtent deux à trois fois plus cher. En faisant mes courses à Miami,
j'ai pu m'équiper avec des produits de qualité et la différence de prix a
remboursé le billet d'avion " explique-t-elle.
Pour Vera, dont le fils est installé à Miami, les clés sont simples : "
je fais mes achats sur internet et fais tout livrer chez mon fils, ou à l'hôtel
quand je descends à New York. Une fois que je suis là-bas, j'achète des valises
pour tout ramener ".
La presse brésilienne se fait l'écho du " Shop' in Miami ". Ainsi, le
journaliste de Veja, Paulo Vieira, dans son article " Miami Nice - Seis dias
de compras " (Belle Miami - 6 jours de shopping) donne un programme complet
de shopping avec les meilleures adresses pour acheter " en se faisant
plaisir de faire des économies ". Il conclut en disant " vous n'aimez
pas faire du shopping ? Mais alors qu'êtes-vous venu faire ici ? ". Tout
est dit !
Voyager en Floride est meilleur
marché qu'au Brésil
Si les Brésiliens sont de plus en plus nombreux à sortir du Brésil, en
particulier pendant les fêtes, c'est aussi parce que la destination Brésil est
devenue chère.
L'inflation, la valorisation du réal, le déficit en infrastructure hôtelière,
la forte hausse du prix des chambres et des vols intérieurs en haute saison en
sont les principales raisons.
" Pendant le Réveillon, par exemple, les resorts brésiliens facturent
entre 700/1.000 USD par jour alors que l'on peut trouver un bon hôtel à Miami
pour environ 200 USD " explique Cassio.
Miami n'est plus une destination réservée à la classe économique supérieure
(Revenu familial supérieur à 9.600 R$. Avec la croissante mobilité sociale des
Brésiliens (30 millions de Brésiliens ont rejoint la classe moyenne en 10 ans)
de plus en plus de promotions à destination de cette nouvelle clientèle (revenus compris entre 2.101 et 9.600 R$ -
920 à 4.200 €) sont proposées par les agences de voyage, pour capter cette
nouvelle clientèle.
" J'ai vu un "pacote" (forfait) pour 4 jours à Miami, de première
catégorie, à 1.470 USD payable en 10 fois sans intérêt, explique Cassio. Même si
au final le prix n'est pas moins élevé, les classes moyennes vont se l'offrir
car le Brésilien a l'habitude de ne pas calculer le prix final. Donc avec un
prix mensuel comme celui-ci, toutes les classes socio-économiques commencent à
voyager ".
C'est le cas d'Antonio, jeune chauffeur de taxi de 32 ans, qui suit une
formation gratuite pour apprendre l'anglais dans la perspective de la Coupe du
Monde et des JO. Avec un salaire familial mensuel d'environ 3.500 R$ - 1.454 €,
il a commencé à économiser pour se payer son premier voyage. Il a opté pour
Miami en raison des promotions attirantes mais aussi de la proximité de la
langue.
" Même s'il s'agit de l'espagnol, les Brésiliens ont le sentiment qu'ils
n'auront pas de problème de communication " commente Cassio.
De leur côté, les compagnies aériennes multiplient les liaisons entre les
deux pays.
Avec 53 vols hebdomadaires au départ du Brésil, Miami est devenue
le port d'attache des Brésiliens. Pour contourner le problème de la saturation
des aéroports internationaux de São Paulo et Rio, la TAM a renforcé ses liaisons
avec Miami au départ de Congonhas via Brasilia et Belo Horizonte.
La compagnie American Airlines parie aussi sur son réseau brésilien. Elle
lancera le 14 juin 2012 sa dixième liaison aérienne entre Miami et Manaus et
rajoutera des fréquences additionnelles entre Miami, Brasilia et Belo Horizonte
(source Air Journal).
Les lobbies s'organisent pour assouplir la délivrance des
visas
En 2011, l'ambassade et les consulats des Etats-Unis au Brésil ont délivré
820.000 visas, soit 57% de plus qu'en 2010. La demande devrait croître de 30% en
2012.
Selon le Département du Commerce américain, les Brésiliens ont été ceux qui
ont le plus dépensé, injectant quasiment 6 milliards de dollars dans l'économie
américaine. Et la Floride est la quatrième économie du pays avec un PIB de 770
milliards de dollars.
" Le Brésil représente le premier pays au monde" a reconnu le
gouverneur de Floride, Rick Scott, lors d'une conférence organisée à la FIESP,
en octobre dernier (source brasileconomico.com.br).
Et le Brésil pourrait faire mieux si les visas étaient délivrés plus
facilement. Avec seulement 4 consulats au Brésil, le processus de délivrance des
visas est long (environ 50 jours) et coûteux.
" Si l'on prend le cas d'une personne qui habite Manaus et qui veut aller
aux Etats-Unis, elle devra se rendre à Brasilia pour faire les démarches. En
plus du billet d'avion, il faudra qu'elle paie au moins une nuit à l'hôtel pour
elle, son conjoint et ses enfants s'ils sont majeurs " explique
Jean-Philippe Pérol, directeur d'Atout France pour les Amériques, basé à São
Paulo.
Les lobbies s'organisent aux Etats-Unis "pour ouvrir plus de consulats et
organiser un programme pilote qui permettrait de délivrer des visas via la
video-conférence " annonce le New York Times.
En attendant, la situation profite à l'Europe qui reçoit, sans visa, 52% des
Brésiliens qui voyagent à l'étranger contre 29% aux Etats-Unis. [Source : bresil.aujourdhuilemonde.com]
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