Écrit par Françoise Couëdel
Chili, 2016
Durée : 95 minutes
Date de sortie en salles : 28 juillet 2017 (France).
Durée : 95 minutes
Date de sortie en salles : 28 juillet 2017 (France).
Dans l’immensité désertique de la Patagonie, Evans, le vieux capataz – le contremaître – d’une estancia, ranch immense, accueille les saisonniers qui vont se charger du rassemblement des moutons et de la tonte. Les ordres sont stricts : « Ici, on travaille de 5 heures à 17 heures. Je ne veux ni jeux, ni alcool, ni bagarre. Vous avez une demi-heure pour vous installer et vous mettre au travail ! ».
Les conditions de travail sont rudes dans cette immensité où souffle un vent glacial, l’hébergement sommaire et la paie modeste. Evans observe attentivement Jara, un nouveau saisonnier, taciturne, qui ne se mêle pas aux autres, s’isole pour tailler obstinément un morceau de bois après le travail. Il est recommandé par Pablo Cedrón le régisseur de l’estancia. Le travail terminé, Cedrón annonce à Evans que le ranch a été racheté par un couple de Français et qu’il doit, après quarante ans de services, céder la place à Jara. Il lui remet une enveloppe avec quelques billets pour solde de tout compte et le dépose au bord de la longue route 44.
Jara, quant à lui, ne se réjouit pas de cette promotion, il a caché l’existence d’une femme et d’une petite fille qu’il ne peut accueillir que clandestinement le soir de Noël et sent planer une atmosphère de suspicion.
Sans possibilité de renouer avec sa famille, sans espoir de trouver une autre occupation, Evans décide de retourner sur les lieux qui faisaient toute sa vie : l’affrontement avec Jara sera inévitable.
La rudesse de la vie de ces travailleurs dans un univers hostile est évoquée avec subtilité, ainsi que le racisme sous-jacent ; Evans taxe Jara de « morocho », allusion discrète à la discrimination qu’ont subie les Indiens mapuche qui peuplent depuis des siècles ces grands espaces, accaparés désormais par de grands propriétaires européens qui n’ont pas hésité à les éliminer, avec l’aide de l’armée, il n’y a pas si longtemps.
Les plans magnifiques sur l’immensité de la Patagonie, les variations de lumière, confèrent un souffle épique à ce film que certains ont qualifié de western patagon mais qui évoque de façon sous-jacente la réalité socio-économique de l’exploitation de la terre et des hommes au profit du grand capital.
Emiliano Torres avoue que le tournage a été éprouvant pour lui et sa troupe, privés de téléphone, d’internet et confrontés aux intempéries qui les ont obligés parfois à interrompre le tournage et à faire un cinéma essentiel, sans sophistication.
Patagonia, le premier long métrage du réalisateur, a été récompensé par de nombreux prix en 2016 : prix du meilleur premier film au Festival de La Havane ; prix du jury à San Sebastián ; prix du meilleur acteur à Alejandro Sieveking, qui incarne Evans, au Festival de Biarritz Amérique latine.
[Source : www.alterinfos.org]
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