En Italie, le dernier livre de Michel Houellebecq a grimpé dans les meilleures ventes dès sa sortie. Mais, pour l'écrivain Alessandro Baricco, le roman de l'écrivain français n'apporte pas grand-chose.
Graffiti représentant l'écrivain Michel Houellebecq au musée d'art contemporain |
de Saint-Romain-au-Mont-d'Or, en Rhônes-Alpes, en janvier 2011
Avant même sa sortie en librairie, le 15 janvier, Sottomissione (éd. Bompiani) avait été commandé par plus de 85 000 lecteurs. Le 22 janvier, les éditions Bompiani ont annoncé qu’elles avaient déjà vendu plus de 200 000 exemplaires du nouveau roman de Michel Houellebecq – la meilleure vente de la semaine, après celle du dernier ouvrage d’Umberto Eco.
“Nous n’avons jamais vu ça, confie à Courrier international Elisabetta Sgarbi, directrice éditoriale de Bompiani. A titre de comparaison, La Possibilité d’une île (2005) s’était vendu à 100 000 exemplaires toutes éditions confondues et La Carte et le territoire (2010) à 45 000. “Michel Houellebecq est un auteur culte ici. La sortie de chacun de ses livres fait l’objet d’une couverture attentive par la presse”, souligne Elisabetta Sgarbi, qui reconnaît que les attentats du 7 janvier ont contribué à “gonfler les ventes”.
Un livre raté
Dans La Repubblica du 20 janvier, l’écrivain Alessandro Baricco propose une longue critique de Sottomissione, distribuant bons et mauvais points à l’auteur. “Le mépris chirurgical avec lequel il torpille les lieux communs auxquels nous devons une partie significative de notre bonne conscience rend certes la lecture de ses livres fastidieuse, voire répugnante. Mais son intelligence est presque toujours très fine et son écriture peu banale”, écrit l’Italien. Il juge toutefois Soumission raté.
Le livre peut se lire comme “la fusion” de trois textes : un roman de politique-fiction, un récit sur le déclin d’un triste universitaire et un essai sur Huysmans, l’un des pères du décadentisme. “Cette fusion n’est pas réussie”, déplore-t-il. Pour lui, l’essai sur Huysmans aurait suffi. Par ailleurs, “la thèse [du livre] se résume à une boutade* tout juste bonne à animer un dîner entre collègues. Franchement, proposer comme vraisemblable cette France-là trahit une tendance quasi infantile à sous-évaluer la complexité de la situation. De même qu’est ridicule cette référence obsessionnelle à la France, comme si le reste du monde n’existait pas.” Ce que Houellebecq a à dire sur le “crépuscule d’un homme cultivé”, d’autres, tels que Philip Roth ou J. M. Coetze l’ont déjà dit. “La leçon du personnage de Houellebecq, avec sa lâcheté lucide et sa culture de salon, n’apporte rien de plus.”
Note :* En français dans le texte.
[Photo : Thierry Ehrmann/CC - source : www.courrierinternational.com]
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