Les députés ultracléricaux veulent éradiquer ce
qu'ils appellent "l'idéologie du genre", nuisible selon eux pour la
société polonaise. Pour cet éditorialiste de gauche, la nouvelle phobie
pourrait servir à masquer les problèmes internes de l'Eglise catholique.
Écrit par Iwona Ostapkowicz
Depuis la constitution, le 8
janvier dernier, de la commission d'enquête
"Stop à l'idéologie du genre" au Parlement
polonais, le mot est sur toutes les
lèvres. Animée par une quinzaine de députés et de sénateurs issus de la
droite cléricale, cette commission vise à identifier et combattre "les
influences qu'exerce cette idéologie sur la
famille polonaise et l'éducation des jeunes", comme le précise le site de la droite chrétienne Polonia Christiana.
"'Genre' a été élu mot de l'année 2013, devant les 'écoutes' [américaines] ou l''Euromaïdan' [à Kiev]",
explique Slawomir Sierakowski, rédacteur en chef de la revue de gauche Krytyka Polityczna
dans une tribune publiée par le quotidien américain The New York Times. "Pourtant, on a eu le temps de s'y habituer", ironise Sierakowski, rappelant que "les études sur le genre sont même entrées dans les cursus universitaires". Pourquoi
alors l'Eglise, qui ne s'y est pas intéressée pendant vingt ans, ne parle-t-elle que de ça aujourd'hui ?
Surtout,
poursuit l'éditorialiste, que certains dignitaires catholiques,
pourtant considérés comme des modérés, participent eux aussi à cette
"paranoïa" contre le genre. Il évoque les propos de Mgr. Tadeusz
Pieronek, pour qui "l'idéologie du genre" constituerait
"une menace encore plus grande
que le nazisme et le communisme réunis". Pour Sierakowski, l'une des
explications pourrait être que l'Eglise, aujourd'hui secouée par de
graves problèmes internes, notamment des questions de pédophilie chez
les prêtres, cherche ainsi à faire diversion.
[Source : www.courrierinternational.com]
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