Les bulles des bandes dessinées demeurent un des espaces d'expression privilégié pour les dialectes locaux. Une initiative plus «philosophique qu'économiquement viable».
Écrit par Mathieu Rollinger
Les langues régionales et minoritaires sont plutôt malmenées actuellement. Leur sort est entre les mains des députés ce mercredi. Les frontières des régions sont en passe d'être remodelées sans considération des traditions sémiologiques. Pourtant, un art résiste encore et toujours à l'empire francophone: la bande dessinée. Le 9e art, comme on l'appelle parfois, s'amuse depuis un demi-siècle à faire un pied de nez à la sacro-sainte unité linguistique de la République.
Tintin a été l'un des premiers à se «régionaliser» en proposant des éditions bretonne et occitane à la fin des années 1950. Suivirent, dans un passé plus proche, les versions destinées aux lecteurs parlant différents dialectes, du bourguignon au monégasque, en passant par le charentais ou encore le vosgien.
Déjà traduites dans plus de cent langues, les tribulations d'Astérix et Obélix ont été adaptées, en 2004, à six dialectes régionaux pour un premier tirage à 150.000 exemplaires. Astérix et la rentrée gauloise a ainsi été traduit en picard, en breton, en alsacien, en corse, en gallo et en occitan. Une initiative qui se met au service de l'apprentissage et de l'attachement aux langues régionales. Le breton, par exemple, est étudié par près de 15.000 élèves dans 450 établissements proposant cette filière bilingue.
Le Petit Nicolas parle les 75 langues de France
Depuis juillet dernier, Imav, l'éditeur du Petit Nicolas, a l'ambition de traduire les aventures de l'écolier de Sempé et Goscinny dans les «soixante-quinze langues de France recensées par le ministère de la Culture». La version corse s'est écoulée à 4500 exemplaires, alors que celle en breton a trouvé acquéreur pour les 3000 exemplaires tirés en deux mois seulement.
«Il y a une réelle relation d'affection qui se crée entre les lecteurs et leur langue régionale, témoigne Aymar du Chatenet, fondateur de la maison d'édition. Économiquement, ce n'est pas viable pour nous, mais nous proposons cette collection surtout dans une démarche philosophique». Une entreprise qui va continuer à explorer les idiomes. En juin prochain, les traductions pour les quatre créoles de France (martiniquais, guadeloupéen, guyanais et réunionnais) seront disponibles, avant que les versions picarde et alsacienne fassent leur sortie le 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas.
[Source : www.lefigaro.fr]
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