terça-feira, 7 de dezembro de 2021

La France abandonne sa propre langue

Entraînée par le snobisme des élites parisiennes, la France devient l’ennemie de sa propre langue. 

Écrit par GUY FOURNIER

Cette langue que nous défendons bec et ongles, que notre gouvernement protège à coup de lois qui nous attirent des accusations de racisme, les médias français – la télévision en particulier – ne cessent de la gangrener de mots anglais.

Au Québec, nous avons créé une « police de la langue » pour que magasins, restaurants et autres établissements ayant pignon sur rue s’affichent d’abord en français. Un office qui compte plus de 200 fonctionnaires et pour lequel nous dépensons 25 millions $ par an veille aussi sur notre langue.

Pendant ce temps, la France semble abandonner sa langue – qui est aussi la nôtre – au snobisme des publicistes, des journalistes, des animateurs et des commentateurs, tous trop heureux d’afficher leurs connaissances de l’anglais, si minces soient-elles.

Des dizaines de chaînes de télévision française s’identifient uniquement en anglais. Notre chroniqueur Mathieu Bock-Côté, par exemple, anime à CNews une émission hebdomadaire dont au moins le titre est en français. Sur BFMTV, non seulement on a les actualités en continu, mais on a aussi l’info « en replay » ! Quant aux maniaques de l’info, ils peuvent toujours syntoniser Euro News.

DES CHAÎNES AUX NOMS ANGLAIS

Difficile à imaginer par leurs noms, mais la chaîne CSTAR HITS se consacre uniquement à la musique française de 1980 à nos jours, la chaîne FASHION TV est dédiée à la mode, MY ZEN TV à la détente, Ciné Classic aux vieux films, BFM Business à l’économie, Canal+Family aux émissions tout public, Cartoon Network et J-One à la jeunesse, Museum TV à l’art, MCM TOP à la musique des 15 à 24 ans, MEZZO LIVE au jazz et à la musique classique, NON STOP PEOPLE à l’actualité des célébrités et SEASON à la chasse et à la pêche...

Animateurs et invités de toutes ces chaînes font mille détours pour montrer qu’ils connaissent des mots anglais. Ils brandissent tous ceux qui sont à la mode. Sur France Info, le 29 septembre, mon ami Claude Bédard a recensé en 20 minutes les mots anglais qui suivent : trending survey, le inside home, la quick connect, le hard shopping, les spécialistes du net surfing et du networking.

Au journal de France 2, depuis l’épidémie de COVID, on n’a pas cessé de parler de clusters. Comme si le mot « éclosion » n’existait pas. À ce téléjournal que diffuse TV5, on parle régulièrement de benchmark, de branding, d’esprit corporate et de smartphones.

LA DRÔLE DE VITRINE DE CANNES

La semaine prochaine, du 11 au 14, s’ouvrira à Cannes le plus gros événement annuel du monde consacré à la télévision : le MIPCOM. Sans surprise, le site internet principal de l’événement est en anglais. Il y a aussi, pour la forme, un site français qui comporte uniquement l’essentiel de l’événement. On a cru nécessaire d’y ajouter des vidéos de promotion en... anglais.

Une vingtaine de sociétés de production québécoises, dont Encore Télévision, Zone 3 et Babel Films, seront présentes à Cannes. La série jeunesse Six degrés de Simon Boulerice est finaliste dans la catégorie « Disability » et la docusérie de Yohanne Cassabois, L’effet secondaire, dans la catégorie « Diversity in Kids Programming ». La websérie Je voudrais qu’on m’efface est finaliste au festival CANNESERIES (comme notre ancienne CSERIES !) qui se déroule du 8 au 13 octobre.

Appelé « Québec créatif », notre pavillon sera l’un des rares à donner du MIPCOM une image un tant soit peu française. Ce MIPCOM n’a pas de quoi pavoiser.

 

[Photo : AFP - source : www.journaldemontreal.com]

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