segunda-feira, 11 de junho de 2018

Le Petit Prince en six langues : toute la diversité de la Sardaigne est là


La Sardaigne compte possiblement parmi les destinations d’escapades estivales envisagées. Malgré sa taille, le territoire n’en demeure pas moins un lieu de grand dynamisme éditorial, au croisement de la tradition et de la culture populaire. Eh oui, Milena Agus fait partie de ces exceptions...

  Francesca Cappa, CC BY 2.0
Écrit par Nicolas Gary

 
Popularisée en France, après sa publication chez Liana Levi en 2006, avec Mal de pierres, Milena Agus est certainement l’auteure sarde la plus connue. Enfin, « sa famille est originaire de Sardaigne : elle est de Gênes », nous précisait un membre de l’Associazione Editori Sardi, malicieusement, sur son stand. 

À l’occasion du Salon du livre de Turin, ils étaient une trentaine réunis, pour présenter leur production. « La majeure partie des œuvres naviguent entre l’histoire, l’archéologie et la linguistique. Les livres oscillent entre tradition et culture populaire, avec une véritable littérature contemporaine. »

Selon les données communiquées par l’Associazione italiana editori (octobre 2017), on comptait 26 maisons d’édition à part entière sur l’année 2016, avec une production de 224 titres. Cela représente une diminution continue depuis 2007, où l’on comptait alors 42 maisons, contre 32 en 2013.
 
C’est principalement dans le segment adulte que s’exprime la vitalité éditoriale – 216 ouvrages, fiction, non-fiction, histoire, etc. – avec 7 livres de littérature jeunesse produits en 2016. 

Si la médiane du nombre de lecteurs en Italie est de 40,5 % pour 2016, la Sardaigne affichait 45,7 % pour cette année-là. Et sur la population de lecteurs, 77 % se situent entre 1 et 11 livres par an – 44,3 % entre 1 et 3 contre 43 % entre 4 et 11.
 
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ActuaLitté, CC BY SA 2.0
 
 
Soutenus par les autorités locales pour assurer la promotion de leurs catalogues, les éditeurs privilégient habituellement des auteurs locaux. « Nous sommes évidemment moins visibles, sur l’ensemble de l’édition italienne, et principalement pour des problèmes de distribution au niveau national. »

Mais également parce qu’à l’instar de toute l’Italie, la langue est participative de l’identité – et représente alors autant une richesse patrimoniale, qu’un frein commercial. « Pour comprendre l’édition sarde, il suffit de savoir que nous avons six éditions du Petit Prince, qui sont toutes dans des langues régionales. Toute la diversité est là ! » Avec des variations de l’un à l’autre livre qui rendent le texte incompréhensible pour qui ne parle pas ladite langue.

 

Pourtant, il existe trois langues sardes fondamentales : au nord, dans la Barbagia (région centrale et montagneuse) et au sud. « Les jeunes générations perdent leur connexion avec ces idiomes, et, pourtant, nombre d’initiatives tentent de rapprocher les jeunes de leurs racines linguistiques. On essaye de faire réapprendre, parce que la langue reste un lien fort – de même que l’italien est le liant de tout le pays. »
 
Edition Sardaigne
ActuaLitté, CC BY SA 2.0


L’île a toujours été un lieu de rencontre, un espace de mouvement pour les populations à la croisée des routes marchandes de la Méditerranée. « Nous avons conservé une spécificité, par rapport à la Corse, et, pourtant, des liens forts également. Mais le problème est que nous ne sommes pas forcément de grands promoteurs de la diversité de nos cultures. »

Facilement associée à des événements patrimoniaux, l’édition tente alors de se rapprocher de considérations locales, de manifestations, en explorant l’opportunité de connexion avec les tendances touristiques. « C’est le cas par exemple avec le Carnaval de Mamoiada, qui est une procession dansée : nous avons de nombreuses parutions autour de ce phénomène. »

Il faut reconnaître que les déguisements des mamuthones et des issohadores sont particulièrement impressionnants. Et donc propices à susciter l’intérêt des voyageurs et touristes de passages. Lier les anciennes traditions aux besoins de la modernité...


Pourtant, le marché évolue, et les temps changent : « En librairie, par exemple, des efforts ont été faits pour assurer une présence des livres locaux. Aujourd’hui, la moitié des ventes sont des livres sardes, sur l’ensemble de ce que les libraires proposent. » Et même si cela ne fait pas plaisir, on regarde du côté d’Amazon en se rendant compte que le marchand américain permet une distribution internationale. 

« Le livre numérique n’est pas encore un enjeu pour nous, mais nous savons bien que l’on doit s’approprier les nouveaux outils. » Et dans le domaine de la littérature, ce sont également les auteurs qui le demandent. « S’adapter, c’est après tout ce que nous faisons depuis l’Antiquité », plaisante un représentant des éditeurs sardes.


[Source : www.actualitte.com] 

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