domingo, 25 de fevereiro de 2018

Le turc deviendra-t-il un jour une langue officielle de l’UE ?

Au début de l’année 2016, Chypre a demandé à l’UE de reconnaître le turc comme langue officielle de l’Union, afin d’encourager le processus de réunification de l’île. Près d’un an plus tard, cette demande n’a toujours pas été traitée.
Les électeurs turcs-chypriotes ont participé le 6 avril 2017 à un référendum constitutionnel dans la ville divisée de Nicosie, à Chypre.

Écrit par Sam Morgan 

En février 2016, le président grec-chypriote, Nicos Anastasiades, a demandé à la présidence néerlandaise de l’UE que le turc soit reconnu comme la 25e langue officielle de l’Union. Nicos Anastasiades espérait que la reconnaissance du turc comme langue officielle aurait fait avancer les négociations sur la réunification des deux entités de l’île méditerranéenne, mais les discussions sont toujours en cours.
Près de 300 000 citoyens vivraient actuellement dans la République turque de Chypre du Nord, où la population est presque totalement turcophone. La demande du président grec-chypriote laissait à l’époque sous-entendre qu’un accord de réunification était en perspective.
Les pourparlers de paix devraient reprendre le 11 avril, après une interruption de deux mois. La loi controversée commémorant un référendum de 1950 sur l’unification avec la Grèce a été amendée, à la suite de protestations dans la partie turque-chypriote.
Des changements au régime linguistique de l’UE ne peuvent toutefois être apportés qu’à l’issue d’une décision unanime des 28 États membres. Interrogée par Euractiv au sujet des mesures ayant été envisagées jusqu’à présent, la Commission européenne a seulement rappelé que la politique linguistique relevait de la compétence exclusive du Conseil.
Réunification de Chypre
« Le temps est venu de  permettre à l’Union d’utiliser le turc comme langue officielle pour la réunification de l’île de Chypre », a indiqué le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, en s’exprimant au nom de l’exécutif européen en avril 2016. Mais il a lui aussi rappelé que seul le Conseil, se prononçant « à l’unanimité », pouvait changer la politique linguistique.
La seule lueur de progrès depuis la demande de Nicos Anastasiades est arrivée en avril dernier, avec l’adoption par les eurodéputés d’un rapport sur la Turquie, qui soutenait également l’idée de reconnaître au turc le statut de langue officielle. Or, Ankara avait rejeté le document en raison des références au génocide arménien qui y étaient faites.
Lorsque Chypre a clairement fait savoir son intention d’ajouter la langue turque comme langue officielle, un certain nombre de législateurs d’extrême droite grecs et français ont demandé à la Commission comment cette proposition pouvait respecter les valeurs européennes. Le député d’Aube dorée, Georgios Epitideios, a souligné qu’inclure la langue turque reviendrait à « récompenser l’armée d’occupation turque à Chypre » et serait donc « une insulte pour les Chypriotes ». Il a également ajouté que cela ouvrirait la voie à la reconnaissance de « dizaines » d’autres langues parlées par des citoyens européens originaires de pays tiers.
En vue des relations tendues à l’heure actuelle entre Bruxelles et Ankara, il parait peu probable que les 28 acceptent de reconnaître le truc comme langue officielle. Des différends au sujet de la campagne à l’étranger pour le référendum constitutionnel du 16 avril prochain ont en effet mené à des scènes de violence le moins dernier, à l’issue desquelles le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, a réitéré ses menaces de mettre fin à l’accord sur les réfugiés entre son pays et l’UE.
La demande de l’année dernière n’était pas la première tentative de Chypre de mettre la question de la langue turque à l’ordre du jour. Lors des négociations pour intégrer l’UE en 2002, Bruxelles avait dissuadé la République de trop insister sur la question, en évoquant l’« utilité limitée » et le « coût considérable » d’une telle mesure.
Un coût de 37 millions d’euros
Ajouter une autre langue augmenterait en effet le nombre de combinaisons de langues dans les services de traduction et d’interprétation de l’UE. Faire passer ce nombre de 552 à 600 augmenterait la facture annuelle de 37 millions d’euros.
La République de Chypre est membre de l’UE depuis 2004. Si les Turcs-Chypriotes vivent sur un territoire n’étant pas sous le contrôle du gouvernement chypriote, ils ont tout de même le statut de citoyens européens.

[Photo : EPA/ Katia Christodoulou - source : www.euractiv.fr

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