quarta-feira, 22 de novembro de 2017

Macron : nous devons beaucoup aux traducteurs

Lors de la dernière Foire du livre de Francfort, le président de la République Française, Emmanuel Macron, a prononcé un hommage appuyé à la profession de traducteur et annoncé la création en France d’un « vrai » prix de la traduction en langue française (N.B. : Il existe déjà plusieurs prix de traduction tout à fait reconnus en France.)
« La connaissance des langues, c’est la connaissance des livres et c’est le rôle éminent que jouent les traducteurs et je ne peux ici parler devant vous sans leur rendre l’hommage que nous leur devons parce que traduire, c’est faire le premier geste d’abord de nos diplomates, c’est faire parfois d’ailleurs le cœur de ce qu’ils font, c’est lever les incompris ou les malentendus, c’est parfois d’ailleurs lever les petits malentendus, c’est passer. Sans traducteurs, le multilinguisme n’existe pas et donc nous devons beaucoup, nos deux pays, à celles et ceux qui traduisent, qui d’un texte à l’autre, ne font pas deux réalités qui s’ignorent mais deux textes qui vont ensuite se répondre dans leur part de semblable et leur irréductible part d’incompréhensibilité, d’intraduisible, comme diraient quelques-uns d’entre vous dans cette salle.
Mais malgré ces intraduisibles et parce qu’il y a ces intraduisibles qui sont nos sentiments, nos Histoires embarquées, le fait que nos mots sont le produit de nos Histoires, nous devons infiniment à nos traducteurs. Jamais le moindre logiciel ne pourra remplacer le talent de Peter Handke traduisant René Char ou de Jacottet traduisant Hölderlin. Jamais parce que c’est dans les silences, c’est dans les mots qu’ils décident de ne pas traduire, c’est dans la respiration de la phrase qu’est la traduction. C’est dans le malentendu compris que le clin d’œil se trouve.
Tout cela, nous le devons à nos traducteurs et donc nos pays non seulement ont besoin des langues partagées, mais de la traduction par le livre et de la part d’intraduisible qui est en lui. C’est pourquoi je souhaite que nous puissions l’un et l’autre, pour ce qui concerne nos deux langues, continuer à encourager ce beau travail de la traduction et je souhaite, avec l’ensemble des éditeurs français, que nous puissions, au-delà du travail remarquable que vous conduisez d’ores et déjà aujourd’hui, redonner plus de noblesse encore à celles et ceux qui traduisent et, avec Madame la Ministre de la Culture, nous allons recréer un vrai prix de la traduction en langue française et vous accompagner, vous, éditeurs, vous, auteurs, vous, traducteurs, dans ce beau travail pour le mettre plus encore en valeur. »
Ce discours était bien sûr un signe très positif, et a été accueilli fort favorablement par la profession. Cependant, de nombreuses voix se sont élevées peu après pour réclamer, plutôt qu’un nouveau prix de traduction, que celle-ci soit rémunérée au juste prix.
En effet, quelques semaines à peine après ce discours, le gouvernement annonçait une hausse de la Contribution sociale généralisée – une taxe touchant tous les revenus – qui doit être largement compensée par une baisse de la cotisation chômage. Or les artistes-auteurs, donc entre autres les traducteurs, ne cotisent pas au chômage et verront donc leur pouvoir d’achat baisser au lieu d’augmenter. Les associations d’auteurs ont aussitôt adressé une lettre à la présidence et au gouvernement afin de les alerter sur ce problème et lancé une pétition. Las, ces actions n’ont pas empêché l’Assemblée nationale de balayer en quelques minutes, et sans débat, une proposition d’amendement à la loi de finances qui visait à corriger cette injustice.
Toutefois, le gouvernement annonce travailler en ce moment à une solution équitable pour les artistes-auteurs. Un premier test pour la nouvelle ministre de la Culture, Françoise Nyssen, ancienne directrice des Éditions Actes Sud et grande figure de l’édition en France.


[Source : www.ceatl.eu]

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