Il suffit d'avoir acheté chez Amazon, et soudain, son livre papier en change en numérique
Tous les auteurs désireux de prendre part au programme Kindle Matchbook
sont invités à se faire connaître. Cette initiative, qui comptera plus
de 10.000 livres d'auteurs comme Bradbury, Neil Gaiman, Michael Crichton
et d'autres, se présente comme une nouvelle source de revenus. Pour un
montant entre 99 cents et 2,99 $, les clients d'Amazon pourront se
procurer la version numérique d'un livre imprimé déjà acheté.
La révolution est en marche : pour tout ouvrage acheté à partir de
1995, date à laquelle le site de vente en ligne s'est ouvert, les
consommateurs pourront racheter la version numérique pour leur Kindle.
Le service, qui s'ouvrira en octobre prochain inclura des ouvrages de
types best-sellers, à foison.
À 18 années d'intervalle, explique Russ Grandinetti, vice-président
contenu Kindle, la société est heureuse de proposer cette solution
commerciale. « En plus d'être une grande prestation pour les
clients, c'est un choix facile pour les éditeurs et les auteurs qui
seront en mesure de gagner un peu plus pour chaque livre qu'ils
publient. »
Cette solution compterait parmi les plus réclamées par les clients
Kindle d'Amazon. Il est désormais possible de conserver son exemplaire
papier sur ses étagères, et pour autant d'avoir avec eux la version
numérique. Marcus Sakey, auteur et best-seller à lui tout seul, souligne
combien l'idée est ingénieuse : « C'est simple, brillant et
efficace pour tout le monde. J'aime avoir des livres imprimés sur mon
étagère, mais j'apprécie la lecture sur mon Kindle en voyage. Et il y a
beaucoup de titres que je voudrais avoir dans les deux formats. C'est
ridicule de demander aux lecteurs de payer plein pot deux fois, pour le
même livre. »
Dans son communiqué, Amazon précise que les clients doivent
évidemment avoir acheté le livre sur Amazon.com pour recevoir leur copie
numérique. Les livres seront vendus, dans ce format numérique, pour
2,99 $, 1,99 $, 99 cents ou offerts gratuitement. En suivant
l'historique de leurs achats, les lecteurs pourront évidemment retrouver
les ouvrages acheter, nul besoin d'avoir conservé le justificatif. Et
bien entendu, les livres numériques pourront être consultés sur
l'ensemble des appareils Kindle et des applications idoines.
Et le même service, pour la France ?
Ce service se substituerait presque au principe de copie privée que permet le Code de la propriété intellectuelle en France (article L122-5).
En effet, il est permis à un consommateur de pouvoir réaliser une copie
numérique, à condition d'être le détenteur de l'appareil permettant la
numérisation.
Lorsque l'oeuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire :1° Les représentations privées et gratuites effectuées exclusivement dans un cercle de famille ;2° Les copies ou reproductions réalisées à partir d'une source licite et strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, à l'exception des copies des oeuvres d'art destinées à être utilisées pour des fins identiques à celles pour lesquelles l'oeuvre originale a été créée et des copies d'un logiciel autres que la copie de sauvegarde établie dans les conditions prévues au II de l'article L. 122-6-1 ainsi que des copies ou des reproductions d'une base de données électronique ;
Notons, à ce titre, qu'il est strictement interdit de confier un
livre papier à une société, qui facturerait la numérisation et la
transformation en ouvrage numérique de son ouvrage.
En France, rares sont les maisons d'éditions qui ont généralisé une
double commercialisation papier/numérique. Depuis janvier 2010, la
maison d'édition Dialogues propose un code barre permettant de
télécharger le format numérique d'un ouvrage papier que l'on a acheté,
sans DRM ni surcoût. Quelques années plus tard, les éditions Publie.net,
au travers de la filiale Publie.papier ont proposé un service
similaire. Publie.papier fonctionne en impression à la demande, et
propose également le téléchargement gratuit de l'ebook pour l'achat du
papier.
Une autre alternative, cette fois lancée par la société Paperus,
permet pour un catalogue encore assez restreint, d'acheter pour 20 % du
prix du papier, le livre numérique au moment où l'on passe en caisse.
Encore faut-il que l'offre soit mise en place dans la librairie où l'on
s'approvisionne.
Back to the Roots
Ici, Amazon poursuit cependant une noble tâche, puisqu'il avait déjà
entamé un programme similaire avec AutoRip, qui cette fois concernait
directement la musique. Depuis janvier dernier, donc, les internautes et
clients d'Amazon US peuvent ainsi acheter une version numérique d'un
album physique qu'ils se seraient procurés sur Amazon, bien entendu. Et
en matière d'innovation, l'offre Matchbook risque de démarquer une fois
de plus le vendeur de ses concurrents.
ActuaLitté a tenté de contacter le Syndicat national de l'Édition à
propos de la faisabilité d'un tel service en France, et mettra à jour
l'article avec les réactions.
Dans l'intervalle, nous avons pu contacter un juriste pour qui ce
type d'offre ne pose pas « de problèmes théoriques » vis-à-vis de la
législation française. « De fait, ça ne peut pas se faire à l'initiative
seule d'Amazon, puisqu'en France, l'éditeur fixe le prix de vente des
livres. Cette donnée reste primordiale, et il suffirait d'un accord
entre l'éditeur et Amazon, pour qu'une offre identique soit créée. »
Cependant, si pour les oeuvres anciennes, le plan se déroulerait sans
accros, il n'en va pas de même pour une offre contemporaine proposant
une offre bundle, ou couplée, avec le livre numérique et le livre
papier, simultanément. « Pour le coup, l'éditeur établit un prix de
vente papier, et prix de vente numérique, dans le cadre de son offre
spécifique. La loi sur le prix unique du livre numérique semble le
permettre, mais dans les faits, ce n'est pas aussi simple... »
[Écrit par Nicolas Gary - source : www.actualitte.com]
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