quinta-feira, 26 de setembro de 2013

Journal d'un amoureux des mots

Auteur : Jean Pruvost
Date de saisie : 26/09/2013
Genre : Langues
Prix : 12.90 €
ISBN : 9782035888310
GENCOD : 9782035888310
Sorti le : 18/09/2013
  • Le courrier des auteurs : 23/09/2013

1) Qui êtes-vous ? !
Qui je suis ? Je ne sais pas. Un passeur de mots, souriant. Voilà ce que je voudrais représenter. Et que j'essaie d'être, en enseignant l'histoire de la langue française dans mon université, en donnant une chronique quotidienne sur les mots, en encourageant tous les travaux portant sur les dictionnaires dans mon laboratoire CNRS, en me sentant profondément laroussien, depuis Pierre Larousse dont la devise généreuse m'a toujours séduit : instruire pour tous. 

2) Quel est le thème central de ce livre ?
On sait par exemple tous sous quel signe astrologique on est né, quel que soit notre sentiment sur le sujet, mais sait-on ce que veut dire «capricorne», «verseau» ? Et d'où vient le nom du mois où l'on se trouve : «mai», «juin», «juillet» ? «octobre» qui n'est pourtant pas le huitième (octo) mois de l'année mais le dixième ? «Pâques», «Noël», mais d'où viennent ces mots ? Et la «bûche» de Noël ? Et le «salon» de l' «agriculture». Et mon ami «libraire» ? 

3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
Impossible de choisir. 

Alors j'en profite pour un hommage à ma grand-mère : 

Puisque c'et aujourd'hui la fête des grands-mères (3 mars), célébrons-les avec ces quelques lignes de Francis Jourdain extraites Née en 1876 : «J'aimerais tenir dans mes mains la main de ma grand-mère,... et faire jouer sous on doigt les gosses viens qui saillaient sous la fine peau douce et jaune. Grand-mère disait : Qui voit ses veines, voit ses peines». Bonne fête, grands-mères ! 

4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
Une chanson de Jean Morzadec : «Comment leur dire».

5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
Des milliers de sourires. Avec pour truchement les mots pour faire oublier les maux.
  • Les présentations des éditeurs : 25/09/2013

Jean Pruvost est tombé de très bonne heure dans une savoureuse marmite : celle des mots. Et il n'en est pas sorti indemne... Une douce et dévorante dépendance lexicale ne l'a, dès lors, plus quitté et l'a mené sur le chemin des dictionnaires auxquels il voue depuis un amour immodéré.

C'est donc au coeur des mots que ce passionné nous convie, pour nous faire partager leurs histoires, leurs saveurs, leurs secrets. Quels mots ? Ceux d'abord qui rythment notre calendrier, de mois en mois, et ceux cueillis au jour le jour, au gré de l'actualité, selon l'air du temps...

Janvier bien sûr ouvre l'année et entraîne à sa suite l'épiphanie, la galette et la fève... Février offre chandeleur, carême et carnaval... Avril, son poisson, son pollen, provoque quelques éternuements. Diverses fêtes nous mèneront de musique à livre, en passant par travail et muguet, sans oublier les rendez-vous de tennis, rugby, football ou handball. Vacances et pétanque, puis voici la rentrée, les vendanges et le Salon du chocolat ! Et l'année s'achève avec le traîneau du père Noël, ses guirlandes et ses cadeaux...

Que nous disent tous ces mots depuis leur naissance ? Quelles histoires et quels secrets recèlent-ils ? C'est tout cela que nous révèle Jean Pruvost, l'amoureux des mots.

Linguiste, Jean Pruvost est directeur du laboratoire CNRS LDI, consacré aux dictionnaires et à leur histoire, et directeur des Études de linguistique appliquée à l'Université de Cergy-Pontoise. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et tient diverses chroniques de langue à la radio.

  • Les courts extraits de livres : 26/09/2013

Tout cela à cause d'une mobylette...

C'était en classe de seconde, il y a quelques décennies... Je savourais les cours de français avec des professeurs remarquables mais, en toute priorité, je caressais un rêve obsédant et particulièrement prosaïque : piloter une «mobylette»... J'avais travaillé, économisé, encore et encore, et la somme était enfin là, réunie, sur mon compte d'épargne. Hélas... j'avais un papa - la mode d'alors poussait à dire un «paternel» - si inquiet de voir son fils quelque peu turbulent sur un deux-roues motorisé, engin qu'il imaginait déjà profondément encastré dans un poids lourd, avec son fils unique ventilé dans le même temps sur la chaussée, «façon puzzle», que lui vint l'idée diaboliquement lumineuse d'assortir son autorisation d'un impossible contrat.

«Mon fils, me dit-il - on ne pouvait alors discuter l'injonction paternelle - tu n'auras mon autorisation d'achat que si, un an durant et chaque jour, tu... -j'entends encore cette liste énoncée à la manière d'un diktat -...tu me récites sans faille vingt mots anglais, vingt mots allemands, si tu écris une page de gammes sténographiques et fais crépiter un quart d'heure la machine à écrire - mon père était professeur de sténodactylographie - et, reprenant son souffle, si, par ailleurs, tu travailles pendant une demi-heure tes morceaux de clarinette - j'étais alors inscrit au conservatoire - et enfin si, je l'ajoute pour ta santé -j'étais effectivement blême à l'écoute de cette interminable liste - tu fais vingt minutes de gymnastique. Tu peux commencer dès demain et dans un an, jour pour jour, si tu ne faillis pas, tu pourras alors acheter ton vélomoteur.» La réflexion fut courte : j'acceptai. Il concocta sur le champ une feuille de contrat, à lui faire signer chaque soir. On ne transigeait pas avec le «paternel». Le défi était à relever : à quinze ans, j'étais bien décidé à atteindre mon objectif : une «mobylette»...

Un an plus tard, en classe de première donc, avec l'estime très perceptible de mon père, n'ayant pas escompté pareille obstination, j'enfourchais augustement ladite mobylette, que j'avais certes eu le temps de bien admirer chez le marchand de vélomoteurs sis sur la Place de l'Église, à Cusset, où j'étais lycéen. Comme il se devait, elle était bleue, «ma» mob, comme on disait. Eh bien, il faut me croire, certains jours, elle brille encore d'un bleu éclatant au fond de mon regard, celui de l'objectif atteint à force de travail entêté.

C'est à cette mobylette que je dois les quelques chroniques de langue ici offertes. Parce qu'en somme, quarante mots étrangers appris chaque jour, les sons des mots fidèlement retranscrits en sténographie, chaque lettre de chaque mot tapée drument sur les touches d'un clavier, les notes égrenées au fil des portées, avec quelques canards, tout cela m'a sans aucun doute fait plonger dans une marmite bien particulière, au coeur des mots et des signes qu'ils soient graphiques, sténographiques ou musicaux. On ne sort pas indemne de cet entraînement quotidien : la dépendance lexicale s'installe. Elle ne vous quitte plus, j'étais drogué des mots, je préfère dire amoureux : voilà la douce et furieuse maladie que j'ai alors contractée.

Cette maladie fut vivifiée en découvrant, en première année de Lettres, Apollinaire qui rimait avec dictionnaires. Puis, ce fut la rencontre avec un grand sorcier de la lexicographie, Bernard Quemada, qui fit d'emblée bouillir cette marmite, en me transmettant sur les bancs de l'université un amour immodéré des dictionnaires et de leur histoire. C'est ainsi que je décelais vers la trentaine une «dicopathie». Incurable, je le savais. Je n'eus qu'une solution, en faire mon métier, enseigner à l'université et, avec la plus grande perversité, contaminer le plus possible. 

(...)

[Source : www.lechoixdeslibraires.com]

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