Un groupe d’experts issus des États membres de l’Union européenne s’est penché sur les questions de multilinguisme et de traduction. Leurs conclusions, établies dans un document de quelque 200 pages, apportent recommandations et guide des meilleures pratiques concernant le secteur.

Publié par Clément Solym
Les informations réunies par le groupe Open Method of Coordination (OMC), s’adressent plus spécifiquement aux décideurs politiques, qu’ils œuvrent au niveau national, régional ou local — mais également européen. Pour autant, les auteurs du document estiment nécessaire que « le rapport doit atteindre toutes les parties prenantes de la chaîne du livre à travers l’Europe ». Et ce, pour exercer sur les pratiques, la meilleure influence.
Outre les éléments concernant l’édition, il aborde également le secteur de l’audiovisuel — sous-titrage —, théâtral — surtitrage —, etc. Il se concentre principalement sur le secteur de la traduction littéraire, attendu que les experts sont principalement éditeurs, traducteurs, ou issus d’organismes de financements publics, aussi bien que de ministères de la Culture.
Reconnaissance et métier
Dans son organisation, le rapport établit deux grandes catégories. Son premier chapitre porte sur le renforcement de la traduction et traite de l’épineuse question de la formation initiale et continue dans le domaine. Il évoque également le statut des traducteurs, les spécificités en matière d’audiovisuel et de théâtre, ainsi que l’incidence de la traduction automatique.
On y trouvera également une analyse portant sur la visibilité et l’inclusion.
La seconde partie touche en revanche aux financements publics, et leur apport dans la circulation des œuvres traduites à travers les États. Il s’agit de prendre en considération non seulement les aides à la publication, mais aussi la promotion même de la traduction.
De là, le renforcement nécessaire de la capacité de vente et de placement dans des réseaux, tout en ajoutant une dimension européenne à la promotion de la lecture. Mais l’Europe ne s’arrête pas à ses frontières : le rapport plaide aussi pour une coopération régionale et européenne accrue.
Améliorer les conditions de travail
Augmenter la circulation des œuvres, notent les experts, « nécessitera de rendre les conditions de travail et de rémunération des traducteurs plus attractives, de renforcer les associations de traducteurs et d’assurer une meilleure reconnaissance de la contribution des traducteurs à la diversité européenne et culturelle ». On croirait lire Umberto Eco, affirmant que la langue de l’Europe, c’est la traduction.
De fait, le défi tient en ce que, par la traduction d’œuvres, sera préservé le patrimoine multilingue et multiculturel de l’Union. Pour ce faire, les autorités reconnaissent l’impératif d’un marché du livre durable, auprès des éditeurs, libraires et organismes de financement, pour que les titulaires de droits (écrivains, illustrateurs, traducteurs) puissent produire en toute quiétude.
Une hausse des dépenses publiques, fléchée vers un meilleur financement, contribuera également à maintenir d’une part la diversité culturelle, d’autre part, une rémunération plus équitable.
Traduire is sexy...
Car, déplorent les experts, si les traducteurs sont un pilier fondamental de l’accès aux œuvres, le métier « est devenu peu attractif en raison de mauvaises conditions de travail, de faibles rémunérations et d’un statut précaire — ainsi qu’un manque de reconnaissance et de visibilité ».
Encourager les jeunes à apprendre les langues participe d’une formation au long cours et d’un regain possible d’intérêt. Pour autant, chez les éditeurs, la traduction « représente généralement un investissement substantiel », voire, « un risque financier ». L’incertitude propre à l’édition complique la donne — dès que l’on sort du marché des best-sellers.
« Par conséquent, les éditeurs ont du mal à rémunérer les traducteurs par ce qui représenterait une juste rétribution, compte tenu de la complexité de la tâche et du temps qu’implique une œuvre de fiction », poursuit le rapport. Entre hésitation et contraintes financières, la situation ne sera pas viable sur le long terme — et n’est dans l’intérêt d’aucune des parties.
La devise de l’UE, Unis dans la diversité, doit s’ancrer dans le réel, et tout ne peut qu’être amélioré en la matière.
L’intégralité du rapport (en anglais) peut être consultée et/ou téléchargée, ci-après :
[Photo : Tessakay CC 0 - source : www.actualitte.com]
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