quinta-feira, 15 de dezembro de 2016

« Une partie de moi appartient à Israël » Elie Chouraqui























































  • Elie Chouraqui met en scène la pièce d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, « Le Prénom », dans plusieurs villes du pays, à partir de la fin du mois. L’occasion pour nous d’évoquer avec lui sa carrière, sa vie en Israël depuis qu’il a fait son alya en 2013 et… son prénom !



Écrit par Guitel Benishay

Le P’tit Hebdo : Vous avez une longue et brillante carrière dans le monde du spectacle et du cinéma. Pourtant c’est dans le sport, en tant que volleyeur de haut niveau que vous avez d’abord excellé. Comment passe-t-on de l’un à l’autre ?
Elie Chouraqui : Comme pour tous les grands tournants d’une vie, ce sont des rencontres qui m’ont fait basculer d’un milieu à l’autre. En réalité, j’ai toujours été passionné et par le sport en général, le volley en particulier, et par la littérature, le spectacle. Je travaillais quand j’étais jeune dans un journal sportif mais cet emploi devant se terminer, je cherchais du travail. J’en ai parlé à une de mes connaissances, Charles Gérard (le réalisateur de plusieurs grands succès cinématographiques, dont « L’aventure c’est l’aventure », ndlr). Il m’a présenté un jour, au bord d’un terrain de volley, Claude Lellouch et lui a demandé de me prendre comme stagiaire. C’est ainsi que j’ai découvert le cinéma et qu’à 23 ans j’ai fait mon premier film en tant qu’auteur et acteur. Le mot qui a toujours guidé ma carrière c’est l’indépendance. 
Lph : En 2013, vous faites votre alya et aujourd’hui vous vivez presque complètement en Israël. Quel est votre lien avec ce pays ?
E.C. : Je suis venu en Israël en 1973 après la guerre de Kippour, avec Claude Lellouch pour tourner des images de l’après-guerre. Je me retrouve alors à Tel Aviv, qui était très différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Je sens que quelque chose se passe en moi. Je rends visite à ma tante qui vit ici, je  vois mes cousins en uniforme militaire et je suis troublé. Je m’aperçois qu’une partie de moi appartient à Israël.
Lph : La décision de l’alya n’a-t-elle pas été trop difficile à prendre notamment quand il faut affronter les regards d’un entourage pas toujours compréhensif face à cette démarche ?
E.C. : J’ai dû essuyer quelques réflexions désagréables venant de personnes issues de mon milieu professionnel. Beaucoup de gens en France font preuve d’une méconnaissance et d’une ignorance entretenues par l’information biaisée. Il suffit de passer deux jours ici pour se rendre compte de cela. Certains m’ont demandé pourquoi je partais m’installer dans un pays menacé de disparition ! Je leur ai répondu que la France était certainement plus exposée qu’Israël à cette menace aujourd’hui. Mais tout cela n’a pas grande importance. Ce qui compte c’est ce que je vis, pour moi c’est le début d’un parcours. Je me sens très français et très israélien et c’est très puissant. 
Lph : Pourquoi avez-vous choisi de mettre en scène  « Le Prénom », en Israël ?
E.C. :  « Le Prénom » sera ma première pièce en Israël. Je ne l’ai pas choisie, c’est là encore le fait de rencontres. Des amis qui travaillaient dessus m’ont demandé de les rejoindre. Mon métier est à 70% l’écriture et sur une pièce comme celle-là, je savais que je pourrais écrire, et me laisser guider par le plaisir. « Le Prénom » est une pièce très drôle mais aussi avec un fond fort et juste. Je travaille avec un groupe de comédiens délicieux, dans un esprit à la fois très professionnel et très amateur. Nous avons su garder la fraicheur de l’amateur tout en y mettant beaucoup de rigueur.
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Lph : Écrit-on de la même façon à Paris et à Tel Aviv ?
E.C. : Peut-être que l’on a une autre vision du temps selon l’endroit. À Tel Aviv, je pense être plus apaisé, plus tranquille qu’à Paris où je suis très sollicité.
Et puis, sans rien dévoiler, je vous dirais juste que dans ma version de la pièce, les personnages se retrouvent à Tel Aviv, un soir de Shabbat… Ce qui ne fait qu’ajouter aux problèmes et augmenter le comique et l’émotion !
Lph : La pièce est en français, sous-titrée en hébreu. Quel public pensez-vous toucher ?
E.C. : Il m’est toujours difficile de répondre à cette question. Personnellement, quand je choisis d’aller voir un spectacle, je le fais pour des raisons très mystérieuses. Donc, je ne saurais vous dire quel style de personne sera attiré par notre pièce. Ce que j’espère c’est qu’elle touchera le plus large public. 
Lph : L’un de vos gros succès a été la comédie musicale « Les Dix Commandements ». Vous la rejouez en ce moment en France. A quand sur la scène israélienne ?
E.C. : C’est mon rêve, depuis le jour où j’ai commencé l’aventure des « Dix Commandements », j’ai souhaité qu’un jour cette comédie musicale arrive en Israël. J’espère que ce rêve se réalisera.
Lph : Nous ne pouvons finir cet entretien sans vous parler de votre prénom ! Quelle importance a-t-il pour vous ?
E.C. : J’ai toujours été très fier de porter ce prénom et ce même si à mon époque aucun non-juif ne s’appelait Elie et que j’étais donc immédiatement repéré ! Le choix de ce prénom par mes parents est très symbolique. Je suis le dernier d’une fratrie de quatre enfants, tous mes aînés ont des prénoms français. En m’appelant Elie, mes parents ont témoigné de la libération qu’ils ressentaient, c’était le début d’un autre chemin, assumé. C’est tout cela que représente mon prénom pour moi.

Le Prénom
Tel-Aviv – les 26 et 27 décembre à 20h30 au théâtre Tsavta

Jérusalem – le 3 janvier à 20h30 au Théâtre Beth Shmuel
Ashdod – le 5 janvier à 20h00 au Yad Lebanim

Réservations: 07.47.26.81.67

[Source : www.lphinfo.com]

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