Cette mesure, qui paraît irréaliste en France, est pourtant appliquée dans d'autres démocraties européennes.
Écrit par Michel Feltin-Palas
Est-ce l'effet des premières chaleurs ? De ma récente participation à une soirée un peu trop alcoolisée avec des amis béarnais (pléonasme redondant) ? De la vision récente d'un documentaire sur la vie de Martin Luther King ? Toujours est-il que j'ai fait un rêve. Le rêve de voir la France, pays historiquement multilingue, prendre enfin les mesures qui permettraient de faire vivre en bonne intelligence les différents idiomes de notre territoire national. Nous garderions évidemment le français comme langue commune, mais le normand, l'alsacien, le créole martiniquais, le basque, le franco-provençal et tous les autres disposeraient enfin des moyens de se développer sur les territoires où ils sont pratiqués depuis des siècles.
Ne mentez pas. Je suis à peu près certain qu'en lisant ces lignes, certains d'entre vous sont en train de penser : "C'est bien joli, mais c'est impossible !". Eh bien non. Et pour s'en convaincre, il suffit de voir ce qu'il se passe d'autres démocraties européennes. Pour être tout à fait concret, j'ai choisi de transposer dans telle ou telle région de notre pays certaines des mesures en vigueur chez nos voisins, en indiquant à chaque fois d'où vient l'exemple choisi. Je précise enfin, sur les conseils de l'avocat de L'Express, que la lecture de cet article est déconseillée aux personnes qui présenteraient à la fois un tropisme centralisateur et des faiblesses cardiaques.
· À Toulouse, l'occitan est la deuxième langue obligatoire pour tous les élèves jusqu'à 16 ans (Au pays de Galles, l'étude du gallois comme deuxième langue est obligatoire jusqu'à l'âge de seize ans).
· En Alsace, chaque citoyen a le droit de s'exprimer dans sa langue maternelle devant un juge (en Italie, dans la province de Bolzane, où l'italien et l'allemand sont langues officielles, chaque citoyen a le droit de s'exprimer dans sa langue maternelle avec l'administration publique, même devant un juge).
· Le statut d'autonomie de la Réunion est ainsi rédigé. Article 1 : le créole réunionnais est la langue de la Réunion. Article 2 : le français sera appris de manière approfondie (Au Groenland, le groenlandais est la langue officielle tandis que le danois est appris de manière approfondie.)
· En Bretagne, le breton, le gallo et le français sont utilisés alternativement à l'école selon l'âge des enfants et les matières enseignées (Au Luxembourg, le luxembourgeois, l'allemand et le français sont utilisés en fonction du cycle et des matières).
· En Corse, le corse est la seule langue de communication officielle des entreprises. (Au Québec, la charte de la langue française fait du français la seule langue de communication officielle des entreprises).
· Au Pays basque, les cadres de l'administration d'État doivent disposer de connaissances actives du français et du basque et encourager l'ensemble de leurs employés à suivre des cours de basque. (En Suisse, où l'allemand, le français et l'italien sont langues officielles, les cadres de l'administration doivent "disposer de connaissances actives de deux langues officielles et passives de la troisième", tout en encourageant l'ensemble des employés de l'administration fédérale à suivre des cours de langue.)
· À Perpignan, tout citoyen a droit d'entrer dans une administration et de demander qu'on lui réponde en catalan. (Aux îles Féroé - territoire du Danemark - le ferugien et le danois sont langues coofficielles).
· À Paris, les cours de droit sont dispensés en français le matin et en langue régionale l'après-midi. (À Helsinki, la minorité suédophone suit ses cours en finlandais le matin, en suédois l'après-midi).
Royaume-Uni, Italie, Danemark, Luxembourg, Canada, Suisse, Finlande : comme chacun peut le constater, cette liste est composée de pays tout à fait comparables au nôtre.
Mais naturellement, rien ne nous empêche de suivre d'autres politiques linguistiques, moins respectueuses des droits culturels des minorités, menées en d'autres temps ou en d'autres lieux. De nous inspirer par exemple de l'action de Mussolini dans l'ancien Sud-Tyrol, arraché par l'Italie à l'ancien Empire austro-hongrois après la guerre de 1914-1918. Au nom de l'unité nationale, le dictateur y avait imposé l'usage de l'italien, rebaptisé la région Venezia Tridentina et italianisé la toponymie.
Toute ressemblance avec des mesures appliquées encore aujourd'hui par la France serait évidemment purement fortuite.
[Source : www.lexpress.fr]
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