Faut-il faire évoluer le régime linguistique et introduire le luxembourgeois en tant que première langue officielle, comme le suggère la pétition publique 698? Paperjam.lu a posé la question aux représentants et responsables des groupes politiques à la Chambre et leur a laissé carte blanche en guise de réponse. Voici celle de Sven Clement, fondateur et président du Piratepartei Lëtzebuerg.
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«On doit tenir compte du fait que le luxembourgeois, comme langue d’intégration, n’a jamais eu le même rang que l’allemand, le français ou encore l’anglais.» |
Par Sven Clement (Piratepartei Lëtzebuerg)
«Les langues comme vecteur d’intégration: enseigner l’usage quotidien du luxembourgeois - et des langues étrangères!»
Déposée en pleine période de vacances et déclarée recevable avant même la rentrée scolaire, la pétition 698 a connu dès son dépôt une couverture médiatique énorme qui a sûrement aidé à atteindre les plus de 14.000 signatures à la date d’aujourd’hui. Ce n’est pas que cette publicité, mais également un malaise plus généralisé qui a alimenté le débat autour de la question linguistique au Luxembourg.
Il faudrait prendre en compte le résultat du référendum où une large majorité des citoyens a voté contre un accès au scrutin pour les non-Luxembourgeois, ce que le gouvernement semble vouloir résoudre en réduisant le niveau de luxembourgeois nécessaire pour acquérir la nationalité. Pour bon nombre des citoyens, il s'agit d'une trahison de leur vote par le gouvernement. Même si cette réforme a été préparée par un ministre du CSV.
On doit également tenir compte du fait le luxembourgeois, comme langue d’intégration, n’a jamais eu le même rang que l’allemand, le français ou encore l’anglais. Alors que des langues étrangères sont enseignées comme des langues littéraires à un niveau proche de la langue maternelle, beaucoup de Luxembourgeois regrettent que leur langue natale soit réduite à une langue de conversation, qu’ils ne peuvent pas utiliser partout dans le pays. S’ajoute à cela un malaise de communiquer dans l’une ou l’autre langue étrangère - souvent le français - à cause d’un enseignement trop scientifique et pas assez pratique. Qui a besoin, dans une conversation, du subjonctif plus-que-parfait?
Avant donc de changer de cap dans notre politique de multilinguisme, qui est un avantage pour le Luxembourg, il est nécessaire de prendre en compte ces considérations et d’établir un plan pour valoriser le luxembourgeois en tant que langue nationale sans l’utiliser comme élément discriminatoire ni remettre le principe du multilinguisme en question.
Un premier geste, symbolique, est déjà l’article 4 de la nouvelle constitution, qui élèverait le luxembourgeois au rang de langue nationale. Ce geste ne suffira cependant pas à moyen terme et demandera aux instances politiques et administratives à le concrétiser. Un pas dans cette direction pourrait être l’application conséquente et éventuellement la sanction en cas de non-conformité de la loi du 24 février 1984 sur le régime des langues et en particulier de l’article 4 qui stipule: «Lorsqu’une requête est rédigée en luxembourgeois, en français ou en allemand, l’administration doit se servir, dans la mesure du possible, pour sa réponse de la langue choisie par le requérant.»
Un autre geste serait d’améliorer l’éducation aux langues pour garantir que le luxembourgeois ne soit pas seulement une langue d’intégration parlée, mais aussi écrite. Un revirement dans l’éducation des langues étrangères, pour les rendre plus accessibles dans l’utilisation quotidienne et résoudre le malaise de beaucoup de Luxembourgeois face à un enseignement trop théorique, serait tout aussi souhaitable.
[Photo : clement-weyer.lu - source : www.paperjam.lu]
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