Dans une tribune, ci-dessous, Cheikh DIENG, Magistrat de profession, Directeur de Cabinet du ministre chargé de la Bonne gouvernance, porte-parole du gouvernement, a apporté des précisions au chroniqueur à la 2Stv, Sy Tounkara.... Dernièrement, ce dernier a dit avoir relevé près de 174 fautes dans le communiqué du Conseil des ministres.
"De manière générale, la langue française est
connue pour son extrême complexité, comparativement aux autres langues
internationales, comme l’anglais. D’après certaines sources historiques,
cette spécificité lui vient de son statut de « langue d’élite » au
moyen âge, du fait de l’étroitesse de son champ d’utilisation, réservé
exclusivement aux « instruits », tandis que la majorité des locuteurs
était cantonnée au latin. Cette langue est néanmoins accessible à la
compréhension humaine, puisqu’elle fait l’objet d’enseignement et de
recherche, selon la formule consacrée par les universitaires.
Depuis un certain temps, un homme respectable et exerçant une noble
profession s’invite dans la critique de texte administratif, ce qui
relève de ses prérogatives intangibles de citoyen, s’exprimant librement
dans un Etat de droit.
Les productions publiques
(actes, actions ou opérations…) engagent toute la République et concernent donc toute la communauté de citoyens. En effet, le « nom de
famille » d’une République, est « public », comme composante sémantique
et adjectif directeur accompagnant sa manifestation pratique. Ainsi,
tout ce qui se rapporte essentiellement à l’Etat ou à son expression est
public par nature et par destination. On parlera ainsi d’action
publique, d’administration publique, de travaux publics etc.
Toutefois, lorsqu’un citoyen s’exprime publiquement, il doit, en
principe, sentir naître, à sa charge, un sentiment de responsabilité. Il
doit également et surtout s’assurer de toutes les précautions et
vérifications utiles à son action. Cet effort minimal fait souvent
défaut, dans la scène des publications libres. Il en est ainsi de la
critique portée sur le texte du communiqué du Conseil des Ministres, du
06 août 2013.
Un collaborateur a attiré mon attention sur
l’intervention du respectable citoyen, cité supra, qui a considéré
comme fautes d’orthographe ou de grammaire, les emplois de majuscules
pour Président de la République, Premier Ministre, Conseil des
Ministres, Chef de l’Etat.
Les précisions suivantes s’imposent :
de principe, le langage juridico-administratif, même s’il n’est pas
contraire au langage littéraire classique, comporte néanmoins des
nuances et spécificités, en rapport avec le symbolisme institutionnel,
si cher au Général Charles de Gaulle. Par exemple chez les Juges, on
emploie des « attendus », pour distinguer les alinéas dans une décision,
ce terme n’a pas d’équivalent dans le langage courant. De même, un
texte normatif (décret ou arrêté) comporte des visas (Vu la
Constitution…Vu la loi 92…), très différents dans le sens, des visas
Schengen intéressant un voyageur ;
la source obligatoire
qui fonde notre style de rédaction est la Constitution du Sénégal, loi
fondamentale qui a mis en majuscule la première lettre de Président de
la République, Premier Ministre, Conseil des Ministres, Chef suprême des
Armées… (articles 42 à 45 de la Constitution, version publiée dans le
site officiel du Gouvernement du Sénégal, voir
http://www.gouv.sn/IMG/pdf/Constitution.pdf);
c’est la
même Constitution qui permet de porter les critiques en français puisque
c’est ce texte qui a érigé cette langue en langue officielle. Dès lors,
il serait heureux pour notre citoyen respectable de se conformer à
l’ensemble du bloc de constitutionnalité, en acceptant l’emploi des
majuscules, comme indiqué par ce texte.
En tout état de
cause, les agents publics n’ont d’autres choix que de se conformer au
style et aux emplois de notre loi fondamentale. Pour un choix
doctrinaire, entre Voltaire des littéraires et Montesquieu des
juristes-politiste, ils choisiront Montesquieu.
etc.
Par ailleurs, les majuscules ne sont pas destinées à des personnes
mais à des institutions que l’on met en relief, à bon droit d’ailleurs,
puisqu’on est en République. Le surplus d’observations (les virgules,
les points entre les chiffres pour les nombres), nous semble sans
intérêt.
La rédaction administrative que les Ecoles
d’Administration publique enseignent ne s’accorde pas avec les esprits
libres, du fait de sa neutralité essentielle, ses normes et ses
symboles.
Pour finir, il est périlleux, à notre avis,
pour un être humain, imparfait par nature, de naviguer dans l’absolu,
réservé au Bon Dieu. Monsieur le correcteur public, avec le respect dû :
les désirs et les perceptions ne sont pas des normes, celles-ci sont
beaucoup plus complexes !"
*Cheikh
DIENG, Magistrat, Directeur de Cabinet du Ministre de la Promotion de la
Bonne Gouvernance, Porte-parole du Gouvernement.
[Source : www.ferloo.com]
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