Sholem Aleikhem, le plus grand et le plus populaire écrivain
juif de langue yiddish, est mort il y a un siècle le 13 mai 1916 à
New-York. Amoureux et défenseur passionné du yiddish en tant que langue
nationale du peuple juif, Sholem Aleikhem a réussi à conférer à cette
langue ses lettres de noblesse et le même prestige que d’autres grandes
langues européennes.
Né en 1859 dans une petite ville de l’Empire tsariste, Sholem
Aleikhem – de son vrai nom Sholem Rabinovitch – grandit dans une famille
juive religieuse, mais suffisamment ouverte pour qu’il bénéficie d’un
enseignement au lycée, en russe. Engagé comme précepteur, il tombe
amoureux de la fille de son patron, se fait renvoyer mais réussit quand
même à l’épouser.
A la mort de son beau-père, il se retrouve à la
tête d’une petite fortune, qu’il va s’empresser d’engloutir dans la
création d’une maison d’édition d’œuvres en yiddish. C’est que le petit
Sholem Rabinovitch a découvert très tôt, dès le Heder, l’école
traditionnelle juive, qu’il aime faire une chose : écrire. « Vous savez que je suis toujours prêt à écrire, même sur la pointe d’une aiguille ou sur le tranchant d’un sabre !
», confie-t-il à un ami en 1904. Rapidement, il parvint à vivre de sa
plume, grâce à la presse yiddish qui se développe alors et devint avide
de ses feuilletons.
Dans ses histoires, Sholem Aleikhem décrit le
monde qui l'a vu naître. Kasrilevké, le shtetl imaginaire qui fait la
toile de fond de nombreuses nouvelles, est inspiré du village où il a
grandi. Tévié le laitier, qui a pour seul bien son cheval et ses sept
filles, est un homme qu’il a connu enfant. Les tribulations de Menahem
Mendl, le Luftmensch, rêveur qui croit toujours à la
possibilité de faire fortune, sept fois à terre, huit fois debout,
évoquent les mésaventures de l'auteur, qui fit lui aussi faillite pour
cause d’investissement hasardeux. L’errance du personnage, d'Est en
Ouest, d’Odessa à New York, est aussi celle de son auteur, qui fuit la
vague de pogroms du début du 20e siècle pour tenter sa chance
ailleurs. A Genève, à Londres, puis à New York, où il fut accueilli
comme une célébrité, le « Mark Twain juif », comme le lui dit,
raconte-t-on, Twain lui-même. La légende veut que Sholem Aleikhem lui
aurait répondu : « Et vous, vous êtes le Sholem Aleikhem américain ! »
Ce
qui fit, sans doute, la renommée de Sholem Aleikhem, ce sont ces
personnages qui, quelles que soient les innombrables vicissitudes de
l'existence, ne cessent jamais de se relever. La saveur de ses récits
tient à ce ton indéfinissable, où rire et larmes, ironie et tendresse
sont toujours indéfectiblement mêlés. Le Luftmensch, c’est Sholem Aleikhem lui-même, rêveur et homme de l’air, qui écrit pour mieux nous aider à respirer.
Bien
qu’il ait défendu ardemment le yiddish, Sholem Aleikhem s’est prononcé
en faveur du sionisme. Il devint membre des Amants de Sion (Hovevei
Tzion) et en 1907, il participa au 8e Congrès sionsite à La Haye aux Pays-Bas.
Sholem
Aleikhem fut, en son temps, le plus célèbre des écrivains de langue
yiddish. A sa mort à New York, son enterrement vit défiler des milliers
de personnes. Un cortège de rock star, digne de l’amour que lui
portaient les Juifs de la diaspora, à lui et à ses personnages.
Écoutez cette superbe émission qui lui est consacrée sur France Culture : http://www.franceculture.fr/emissions/une-vie-une-oeuvre/sholem-aleichem-le-luftmensch-1859-1916
[Source : www.cclj.be]
Sem comentários:
Enviar um comentário