quarta-feira, 30 de abril de 2014

BRÉSIL : La révolution du Net attendra

Le sommet de São Paulo sur la gouvernance d’Internet a condamné timidement la surveillance du réseau et accouché d’un texte sans ambition.




Écrit par Cecilia Ballesteros [El País]

Le principe sacré de “neutralité du Net”, adopté le 22 avril dernier par le Sénat brésilien, n’apparaît pas dans le document signé deux jours plus tard en clôture du NETMundial, rencontre internationale sur la gouvernance d’Internet, qui a réuni au Brésil 800 représentants de 85 pays. 

Le document condamne la “surveillance de masse” sur Internet et demande qu’elle donne lieu à des poursuites. Une allusion transparente à l’affaire Snowden. Mais il ne comporte pas la moindre mention de la NSA, l’Agence de sécurité nationale américaine, dont on a découvert qu’elle espionnait des gouvernements alliés, des entreprises privées et des citoyens anonymes, parmi lesquels la présidente Dilma Rousseff elle-même. 

L’introduction du concept de “neutralité” (le fait que tous les services sur Internet bénéficient du même accès et de la même vitesse, sans exclusive) a retardé de plusieurs heures la signature de la “Déclaration de São Paulo”. Ce document d’à peine 10 pages n’est qu’un pâle reflet de ce qui, pour beaucoup, aura été un sommet historique, qui s’est tenu dans un pays, le Brésil, venant d’adopter la “Ley de marco civil da Internet”, première Constitution d’Internet. 

Or, dans ce dernier texte, la neutralité était l’un des chevaux de bataille du gouvernement brésilien. Cette reculade est intervenue tout juste vingt-quatre heures après que la Federal Communications Commission (FCC), l’organisme indépendant chargé d’encadrer le web aux Etats-Unis, a annoncé son intention de réviser la réglementation en vigueur pour permettre aux fournisseurs d’accès de proposer des débits différenciés [et de faire payer aux sites Internet l’accès au meilleur débit]. 

“C’est une aberration, commente le sociologue Sérgio Amadeu, corédacteur du Marco civil da Internet. Les lobbys des télécoms ont dominé les débats finaux et, grâce à leurs pressions, ont réussi à affaiblir le texte et à en éliminer totalement le mot ‘neutralité’.” Pourtant partisane de la neutralité du Net, l’Union européenne est repartie du Brésil sans voir ses aspirations satisfaites, et ce alors même que plusieurs pays européens ont clairement légiféré en ce sens. 

Les représentants de Cuba, de l’Inde et de la Russie (dont le président Vladimir Poutine a récemment qualifié Internet d’outil de la CIA) ont affiché leur mécontentement au sujet du document final du NETMundial. “Nos contributions ont été ignorées, et tout cela aura pour seul résultat de creuser les inégalités entre les pays.” 

Seul point positif à l’issue du sommet, les Etats-Unis ont confirmé qu’ils renonçaient à la gestion exclusive des noms de domaine dont ils jouissaient jusqu’à présent via l’Icann [Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, une société qui administre les adresses IP et les noms de domaine] et qu’ils allaient procéder à une restructuration de la NSA. 

[Dessin de Mix & Remix, paru dans Le Matin dimanche, Lausanne - source : www.courrierinternational.com]

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