Même
si vous racontez n'importe quoi.
Repéré
par Ines Clivio
«Sois
poli et dis merci», nous a-t-on rabâché dès
notre plus jeune âge. Depuis, armé·es de nos plus belles formules de
politesse, nous combattons les goujats et les mal élevé·es à grands coups de
s'il vous plaît, monsieur, madame, auriez-vous l'amabilité? Nous ne jurons
que par le conditionnel et le vouvoiement, respectons les codes et les
faisons implacablement appliquer. Pourtant, la politesse, cette preuve
irréfutable de la bonne éducation, permettrait de raconter des bobards en
toute impunité. La vérité? Qu'importe, du moment qu'on est poli·e.
Confiance accordée si on nous
parle poliment
Un savoir enrobé dans de belles tournures aura l'air
plus légitime que la même information exprimée dans des termes
informels, démontre
une étude menée
par Shun-Yang Lee, Huaxia Rui et Andrew Whinston, publiée dans le journal
académique MIS Quartlerly. Ils ont analysé les échanges sur le site de
questions/réponses Stack Exchange,
similaire à Quora, sur
lequel des internautes inscrits librement posent une question et où n'importe
qui peut y répondre. Sur cette plateforme, il n'y a donc ni vérification, ni
certification des réponses: c'est notre seul bon sens qui donne (ou pas) à
LoïcDu69 la crédibilité d'un universitaire de renom. En conséquence, pourquoi
et comment nous faisons confiance à LoïcDu69 permet de comprendre quels biais
nous influencent quand nous accordons de la légitimité à une parole.
Résultat des courses: pour la question qui traite de
ce qu'il y a à l'ouest
de Westeros comme pour celle sur la force
gravitationnelle entre les nombres, le schéma est le même: on
accordera davantage de confiance à une réponse polie et bien formulée. Selon
les chercheurs, «les
réponses écrites poliment sont perçues comme étant de meilleure qualité».
Et c'est la linguistique qui nous l'explique.
Le «tu» qui tue
Les pronoms sont au cœur de nos interactions. «Je»,
«tu», «nous» nous
définissent par rapport aux autres. Mais on ne dit pas «tu» à n'importe qui!
Il suffit parfois d'un «tu»
pour se sentir attaqué·e, menacé·e dans son statut. Ainsi les profs exigent
le vouvoiement parce qu'on n'est pas là pour être copains. En témoigne
l'étude du MIS Quarterly: les réponses qu'on accepte sont celles où il y a le
moins de marques de familiarité. Attitude éclairée par les notions de «face et territoire», établies
par les linguistes Brown et Levinson en 1987: par l'impolitesse, notre face
(l'image que nous renvoyons) et nos territoires (notre moi gardé) se sentent
attaqués. Nous réagissons donc par le rejet. Symétriquement, nous accueillons
la politesse favorablement. C'est pourquoi on fait plus facilement confiance
à la personne qui nous répondra poliment.
Si les bonnes manières ne sont écrites nulle part
(sauf dans ce livre qui repose paisiblement à côté de Comment être une bonne épouse dans
la bibliothèque de Mamie), elles sont cependant comme gravées dans la pierre.
Ne pas en faire partie, c'est n'être pas considéré·e.
[Photo : Ömürden
Cengiz via Unsplash – source : www.slate.fr]
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Isac Nunes da Luz Cordeiro *** Tradutor Público e Intérprete do Comércio *** Idiomas: francês, espanhol, catalão e galego *** Matriculado na Junta Comercial do Estado do Paraná *** Curitiba *** República Federativa do Brasil
domingo, 26 de maio de 2019
La politesse vous permet d'être crédible
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