sábado, 16 de julho de 2016

« La Mosquitera », film réalisé par Agustí Vila

Le Catalan Agustí Vila est d’une noirceur cinglante avec la famille qu’il met en scène dans La Mosquitera. Sa vision des classes confortables de nos sociétés développées en fait une population à bout de souffle, rongée par l’angoisse. Et son film, très maîtrisé, de perpétuer des questions posées par de nombreuses sorties de cette rentrée 2011.




Écrit paCamille Pollas

Miquel trouve l’appartement étouffant, il ouvre sans cesse les fenêtres. Sa femme Alicia les referme, elle craint que les nombreux chiens et chats de leur fils Lluís ne se perdent au dehors du nid familial. Un seul plan marque déjà la lassitude, sinon le conflit, qui couve au sein du couple. Bien plus, le premier plan, dans cet appartement confortable, ordonné, design et impersonnel, annonce avant tout un marasme. Personne ne s’en remettra, ni personnages ni spectateurs.

Chacun souffre de sa place : le père qui a l’argent amer, la mère illustratrice perdue, la tante qui ne sait élever sa fille qu’en la martyrisant, les grands-parents terrifiants dans l’attente de l’apocalypse que constitue leur mort (Geraldine Chaplin, mutique et mécanique, et Fermi Reixach, dont la ventriloquie cache un double destructeur). Tous suffoquent, se débattent dans leur bocal pour tenter d’aller bien, puisque concrètement, ils n’ont aucune raison d’aller mal. Restent deux personnages : la jeune bonne immigrée qui ne peut que rêver d’avenir, et Lluís, qui traverse l’adolescence et fuit la place de ses parents. Assise sociale, familiale, absence d’histoires. Les cadres précis d’Agustí Vila, pleins de murs et de silences mortifères, appuient un enfermement qui prend aux tripes. Les places sont donc bien définies, ce sont celles de nos sociétés tempérées, le règne de nos classes moyennes ou supérieures. C’est le point de départ et l‘ambition du réalisateur, faire « une comédie sur l’impossibilité de la tragédie ». Noirissime, s’il vous plait.

Il est toujours curieux et passionnant de remarquer la collision entre des films qui sortent à la même époque. « Impossibilité de la tragédie », « collision », ça ne vous rappelle rien ? Les mots renvoient à l’homme qui, pour contrer l’impossibilité de tragédie et l’impossibilité de paix en temps de paix, créa une solution culottée à l’angoisse de son héroïne : la collision d’une planète avec notre bon vieux plancher. Melancholia démarre à la Festen – et La Mosquitera en partage l’ambiance étouffante – mais à la différence que chez Lars von Trier il n’y a plus réellement d’abcès à crever, d’où le transfert dans la planète puisqu’il faut bien un ennemi. Solution éblouissante mais factice pour l’auteur de ces lignes, car c’est une feinte : Melancholia ne fait, malgré son ampleur, que déguiser un maigre constat. Autre film qui résonne, le vrai film d’apocalypse de cette rentrée, mais qui lui assume d’en rester au constat et en profite pour dire beaucoup et magnifiquement : Habemus Papam. Car qu’est-ce, sinon l’apocalypse, qu’un pape qui n’a plus la force de suivre le choix de Dieu ? Dans le langage Lars von Trier, c’est un soleil qui s’éteint sur une civilisation. 

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