terça-feira, 15 de abril de 2014

ROYAUME-UNI : Et si l'Ecosse devenait indépendante ?

De plus en plus d'Ecossais sont en faveur de l’indépendance et, si l'on se fie aux derniers sondages, ce territoire pourrait se séparer du Royaume-Uni en septembre prochain. Les quotidiens britanniques s’interrogent sur les conséquences de cette scission.

Alex Salmond, le Premier Ministre écossais et leader du SNP (Parti National Écossais), appelle 
à voter pour l'indépendance de la région lors d'un discours à Aberdeen ce 12 avril.
Écrit par Morgane Wirtz

La campagne du "oui à l'Écosse" indépendante ("Yes Scotland") semble marquer des points en Ecosse. Dans un récent sondage repris dans toute la presse britannique, 40 % des interrogés ont affirmé qu’ils voteront "oui" au référendum pour l’indépendance de l’Ecosse qui sera organisé le 18 septembre 2014. C’est 10 % de plus que l’année dernière. 45 % des Ecossais ont affirmé être contre un affranchissement total et 15 % d’entre eux sont encore indécis. 


Ce weekend, Alex Salmond, le Premier ministre écossais, a lancé un appel aux électeurs pour les inciter à voter oui. Il en a profité pour rappeler que la vie en Ecosse resterait la même en cas d'affranchissement de Londres. Selon lui, la région continuera à faire partie de l’Union européenne et utilisera toujours la livre sterling si le référendum de septembre mène à l’indépendance. "C’est exactement la rhétorique que l'on attend du leader du SNP [Parti national écossais] - C'est un maître dans l'art de tout promettre à tout le monde et ce, en dépit de la réalité et des contradictions", pouvait-on lire dans The Telegraph

Une chute drastique des donations

De plus, l’indépendance de l’Ecosse créerait une réelle rupture entre la région du Nord et le reste du Royaume-Uni. D’après The Independent, le projet de créer une ligne de train à grande vitesse pour relier Glasgow et Edinburgh à Londres, devra être abandonné. Le budget dédié à cette liaison s’élève aujourd’hui à près de 48 millions d'euros. "Une ligne supplémentaire serait presque inconcevable si le "oui" l'emporte lors du référendum de septembre à cause des coûts de la construction des frontières pour se séparer d'un pays externe à l’Union européenne", peut-on lire dans le même journal.

Le journal The Scotsman projette des conséquences au-delà de l'Europe. Selon Justine Greening, secrétaire d'Etat britannique au développement international, l'indépendance de l'Ecosse provoquerait une chute drastique des donations du Royaume-Uni aux pays les plus pauvres de la planète. Selon les prévisions du journal écossais, les subventions du deuxième plus grand donateur au monde pourraient diminuer de moitié si la participation de l'Ecosse venait à disparaître.

Créer une faille stratégique

D’autres questions se posent sur le futur économique d'une Ecosse souveraine. Dans The Scotsman, quotidien écossais, on peut lire que des dizaines de milliers d’emplois en Ecosse dépendent du secteur de la défense du Royaume-Uni. L'indépendance mettrait tous ces emplois en situation risquée. Cela affaiblirait aussi la sécurité du Royaume-Uni et de l’Ecosse. 

Le chef de l'état-major de la Marine britannique, Georges Zambellas déclare dans le Daily Telegraph que l'indépendance de l'Ecosse pourrait créer une faille stratégique dans le dispositif militaire britannique. Selon Le "Premier Lord des mers" ("First Lord of the seas"), "Le Royaume-Uni s'adapterait et prendrait ses dispositions laissant l'Ecosse faire face aux plus graves conséquences", en "n'accédant plus à une des marines les plus puissantes et efficaces du monde".
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PORTRAIT — Alex Salmond, champion de l’Ecosse libre

Jusque-là, tout lui souriait. Dirigeant du Scottish National Party (SNP), Alex Salmond, 44 ans, était la coqueluche des médias, et son parti indépendantiste avait le vent en poupe. L’année dernière, il a semé un vent de panique à Londres, lorsque sa formation a ravi aux travaillistes du cru, dans leur propre terre d’élection, la première place dans les sondages. De plus, autre première, une majorité d’Ecossais se disaient favorables au divorce d’avec la Grande-Bretagne. Du coup, l’élection d’un Parlement à Edimbourg (et d’une Assemblée galloise) le 6 mai prenait de plus en plus l’apparence d’un plébiscite sur l’unité même du royaume. Mais la guerre du Kosovo est venue briser la marche triomphale de cet ancien économiste de la Bank of Scotland. Quelques jours après le déclenchement des frappes de l’OTAN, Alex Salmond a cru bon de prendre le contre-pied de Tony Blair et de dénoncer cette guerre comme “une folie impardonnable”. Mal lui en a pris, car la cote de popularité du SNP, déjà affectée par son opposition à une baisse des impôts prônée par le Labour, a aussitôt périclité. La presse écossaise, largement hostile à l’indépendance, s’est alors déchaînée contre Salmond. Exploitant à satiété la peur d’une “balkanisation du Royaume”, The Daily Record de Glasgow, le principal quotidien de la région, a même qualifié le SNP de “Serbian National Party”… Toutefois, Alex Salmond n’a pas fini de jouer les trouble-fête. Même si son mouvement d’inspiration sociale-démocrate n’arrive pas en tête du scrutin du 6 mai, il aura néanmoins réussi à replacer la “question écossaise” au cœur du débat politique britannique. Au risque, craignent ses adversaires, d’exposer le Royaume-Uni à un interminable “syndrome québécois”.


[Photo : AFP PHOTO/ANDY BUCHANA - source : www.courrierinternational.com]

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