De plus en plus d'Ecossais sont en faveur de l’indépendance et, si l'on se fie aux derniers sondages,
ce territoire pourrait se séparer du Royaume-Uni en septembre prochain.
Les quotidiens britanniques s’interrogent sur les conséquences de cette
scission.
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Alex Salmond, le Premier Ministre écossais et
leader du SNP (Parti National Écossais), appelle à voter pour l'indépendance de la région lors d'un discours à Aberdeen ce 12 avril. |
Écrit par Morgane Wirtz
La campagne du "oui à l'Écosse" indépendante ("Yes Scotland")
semble marquer des points en Ecosse. Dans un récent sondage repris dans
toute la presse britannique, 40 % des interrogés ont affirmé qu’ils
voteront "oui" au référendum pour l’indépendance de l’Ecosse qui sera
organisé le 18 septembre 2014. C’est 10 % de plus que l’année dernière.
45 % des Ecossais ont affirmé être contre un affranchissement total et
15 % d’entre eux sont encore indécis.
Ce weekend, Alex Salmond, le Premier ministre écossais, a lancé un appel aux électeurs pour les inciter à voter oui. Il en a profité pour rappeler que la vie
en Ecosse resterait la même en cas d'affranchissement de Londres. Selon
lui, la région continuera à faire partie de l’Union européenne et
utilisera toujours la livre sterling si le référendum de septembre mène à
l’indépendance. "C’est exactement la rhétorique que l'on attend du
leader du SNP [Parti national écossais] - C'est un maître dans l'art de
tout promettre à tout le monde et ce, en dépit de la réalité et des
contradictions", pouvait-on lire dans The Telegraph.
Une chute drastique des donations
De plus, l’indépendance de l’Ecosse créerait une réelle rupture entre la région du Nord et le reste du Royaume-Uni. D’après The Independent, le projet de créer une ligne de train à grande vitesse
pour relier Glasgow et Edinburgh à Londres, devra être abandonné. Le
budget dédié à cette liaison s’élève aujourd’hui à près de 48 millions
d'euros. "Une ligne supplémentaire serait presque inconcevable si le
"oui" l'emporte lors du référendum de septembre à cause des coûts de la
construction des frontières pour se séparer d'un pays externe à l’Union
européenne", peut-on lire dans le même journal.
Le journal The Scotsman
projette des conséquences au-delà de l'Europe. Selon Justine Greening,
secrétaire d'Etat britannique au développement international,
l'indépendance de l'Ecosse provoquerait une chute drastique des donations
du Royaume-Uni aux pays les plus
pauvres de la planète. Selon les prévisions du journal écossais, les
subventions du deuxième plus grand donateur au monde pourraient diminuer
de moitié si la participation de l'Ecosse venait à disparaître.
Créer une faille stratégique
D’autres questions se posent sur le futur économique d'une Ecosse souveraine. Dans The Scotsman,
quotidien écossais, on peut lire que des dizaines de milliers d’emplois
en Ecosse dépendent du secteur de la défense du Royaume-Uni.
L'indépendance mettrait tous ces emplois en situation risquée. Cela
affaiblirait aussi la sécurité du Royaume-Uni et de l’Ecosse.
Le chef de l'état-major de la Marine britannique, Georges Zambellas déclare dans le Daily Telegraph
que l'indépendance de l'Ecosse pourrait créer une faille stratégique
dans le dispositif militaire britannique. Selon Le "Premier Lord des
mers" ("First Lord of the seas"), "Le Royaume-Uni s'adapterait et
prendrait ses dispositions laissant l'Ecosse faire face aux plus graves
conséquences", en "n'accédant plus à une des marines les plus puissantes
et efficaces du monde".
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PORTRAIT — Alex Salmond, champion de l’Ecosse libre
Jusque-là, tout lui souriait. Dirigeant du
Scottish National Party (SNP), Alex Salmond, 44 ans, était la coqueluche
des médias, et son parti indépendantiste avait le vent en poupe.
L’année dernière, il a semé un vent de panique à Londres, lorsque sa
formation a ravi aux travaillistes du cru, dans leur propre terre
d’élection, la première place dans les sondages. De plus, autre
première, une majorité d’Ecossais se disaient favorables au divorce
d’avec la Grande-Bretagne. Du coup, l’élection d’un Parlement à
Edimbourg (et d’une Assemblée galloise) le 6 mai prenait de plus en plus
l’apparence d’un plébiscite sur l’unité même du royaume. Mais la guerre
du Kosovo est venue briser la marche triomphale de cet ancien
économiste de la Bank of Scotland. Quelques jours après le déclenchement
des frappes de l’OTAN, Alex Salmond a cru bon de prendre le contre-pied
de Tony Blair et de dénoncer cette guerre comme “une folie impardonnable”.
Mal lui en a pris, car la cote de popularité du SNP, déjà affectée par
son opposition à une baisse des impôts prônée par le Labour, a aussitôt
périclité. La presse écossaise, largement hostile à l’indépendance,
s’est alors déchaînée contre Salmond. Exploitant à satiété la peur d’une
“balkanisation du Royaume”, The Daily Record de Glasgow, le principal quotidien de la région, a même qualifié le SNP de “Serbian National Party”…
Toutefois, Alex Salmond n’a pas fini de jouer les trouble-fête. Même si
son mouvement d’inspiration sociale-démocrate n’arrive pas en tête du
scrutin du 6 mai, il aura néanmoins réussi à replacer la “question
écossaise” au cœur du débat politique britannique. Au risque, craignent
ses adversaires, d’exposer le Royaume-Uni à un interminable “syndrome
québécois”.
[Photo : AFP PHOTO/ANDY
BUCHANA - source : www.courrierinternational.com]
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