En Flandre orientale, Belgique, si la commune de Menin partage
sa rue principale avec la bourgade française de Halluin, la frontière de
la langue sera bel et bien démarquée dès l'an prochain. Bien que la
petite ville flamande de Menin, comme on dit en néerlandais, soit
frontalière et peuplée de nombreux Français ainsi que de Wallons, la
bourgmestre locale, Martine Fournier, estime que la langue française n'a
plus sa place à la mairie et surtout pas dans la bouche des
fonctionnaires. Les pictogrammes, ça pique visiblement moins les
susceptibilités.
La législation belge, depuis 1996, ordonne que les deux plus grandes
régions du pays soient unilingues: les communes flamandes sont
administrées en néerlandais et celles Wallonnes en français. Tandis que
dans la région bruxelloise, les communes sont gérées dans les deux
langues. Comme autour de Bruxelles, certaines bourgades jouxtant la
frontière administrative entre la Flandre et la Wallonie usent
simultanément des deux langues.
Ce qui permet à leurs fonctionnaires de mieux servir les citoyens.
Mais, en Flandre, la législation linguistique s'y oppose. Or, si le
français est généralement la règle dans son administration, la
bourgmestre Martine Fournier, parti chrétien-démocrate, y va de sa
croisade contre la langue impie. « Cela commence un peu à dépasser
les bornes. À l'Hôtel de Ville, j'ai parfois l'impression qu'on y parle
plus d'autres langues que la langue 'propre'. »
En conséquence de quoi, dès le 1er janvier 2014, il sera interdit aux
fonctionnaires de Menin de parler dans une autre langue que
l'officielle. Une formation leur sera proposée en cas de besoin.
Martine Fournier s'estime en mesure de pouvoir « imaginer que ce
ne soit pas facile pour le personnel, parce que les personnes qui
jusqu'à maintenant étaient aidées dans leur propre langue, vont
dorénavant se retrouver confrontées au néerlandais. » Elle prévoit alors de former les fonctionnaires aux « pictogrammes », à la « langue des signes », et sans oublier la « gestion de l'agressivité ».
La dernière, probablement au cas où le francophone aurait du mal à se
plier à la discipline. Le site internet de la commune a publié un avis
détaillant comment garantir une « prestation de service de qualité
avec un usage strict et correct de la langue [...] dans le respect de la
législation linguistique ». À savoir, selon la bourgmestre, le
néerlandais est la seule langue, si elle ne suffit pas on la renforce de
pictogrammes, et c'est seulement à titre exceptionnel que l'on peut se
permettre une autre langue
Même sur la plateforme en ligne de la ville, si l'internaute ose
cliquer sur la version française, anglaise ou allemande du site, il est
automatiquement redirigé vers une page lui indiquant « Bienvenue sur le site officiel de l'Office du Tourisme de Menin ». Welkom...
[Écrit par Julien Helmlinger - publié sur www.actualitte.com]
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