Jeune livreur pour un courtier en vins bordelais, le futur créateur du « Petit Nicolas » fit quelques écarts avant d’être renvoyé… Récit.
Écrit par Thierry Masclot
Nous sommes en 1950, Jean-Jacques Sempé n’a pas encore créé le personnage du Petit Nicolas. Pour l’heure, disons que les bêtises, il les fait lui-même… Né à Pessac, 18 ans plus tôt, ce passionné de dessin est alors livreur pour le courtier en vins Giovetti et griffonne dans les marges des bons de commande de son employeur. Ce n’est pas tout : «J’étais livreur, mais je faisais quand même des mélanges…», raconte Jean-Jacques Sempé dans le livre d’entretiens Sempé, itinéraire d’un dessinateur d’humour (éd. Martine Gossieaux). Vous avez bien lu, Sempé fut un éphémère fraudeur de grands crus de Bordeaux. Dans le même livre, il ajoute : «Et je piquais du vin. Le courtier prélevait, chez les propriétaires, des échantillons. Et moi, de temps en temps, je prélevais mes propres échantillons pour les mettre dans une demi-bouteille et les vendre». De quoi mettre du beurre dans les épinards.
Des talents pour transformer la piquette en nectar
En toute logique, le futur illustrateur des unes du New Yorker est assez vite renvoyé. En marge de l’exposition temporaire Sempé en liberté, qui fut organisée au Musée Mer Marine de Bordeaux, en 2019, Martine Gossieaux, qui en était la commissaire, expliquait : «Il donnait à un vin médiocre des qualités de grand cru classé». Peu après cette affaire, en 1951, Sempé publie ses premiers dessins sous son nom dans le quotidien Sud Ouest. En 1954, il rencontre René Goscinny, qui publiera Le Petit Nicolas dès le premier numéro de Pilote en 1959. Le vin reste néanmoins intimement lié à la vie et à l’œuvre de Sempé. C’est en voyant une publicité des cavistes Nicolas qu’il choisit le prénom du facétieux gamin. «Il y a dans le bon vin une subtilité qui donne du bonheur. J'aimerais retrouver cette légèreté dans mes dessins», dira-t-il un jour en guise de credo.
[Photo : Sébastien Soriano - source : www.lefigaro.fr]
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