sexta-feira, 30 de junho de 2017

Et si la scène musicale de Tel Aviv était prête à envahir le monde ?

Sous l’impulsion du label Anova, les groupes locaux ont formé une bulle créative appelée à s’exporter.

capture d'écran Youtube/LolaMarshVEVO

Écrit par Maxime de Abreu 

Au printemps 2016, on partait à Tel Aviv pour rencontrer le duo Lola Marsh, qui sortait alors son premier ep. Les mois ont passé sur la côte israélienne. Yael et Gil ont continué à travailler et s’apprêtent désormais à publier leur premier album, Remember Roses, prévu pour le mois de septembre. Ils le sortent via Barclay mais sont signés, à la base, sur un label local créé en 2006, Anova. Lola Marsh est le premier projet du label travaillé directement pour le marché international, avant même d’être développé à domicile.
“Une sorte de village”
Avec leurs tubes pop-folk à penser quelque part entre The Do et Lana Del Rey, Yael et Gil ont le potentiel pour s’adresser à un public qui n’aura même pas besoin de savoir d’où ils viennent. Une chanson comme You’re Mine serait-elle très différente, ou s’écouterait-elle différemment si elle avait été enregistrée à New York, Lisbonne ou Le Cap, plutôt qu’à Tel Aviv?
“On a longtemps été dans une logique consistant à voir si ça marche chez nous avant de se lancer à l’étranger, raconte Uni, label manager chez Anova. Mais pourquoi ? On peut se lancer directement à l’international si un autre pays est plus réceptif que le notre concernant tel ou tel projet.”
Dans les bureaux/studios du label, situés dans un quartier en réhabilitation du sud de Tel Aviv, à la lisière de Jaffa, Uni a conscience d’être au centre d’un mouvement de rassemblement et de développement artistiques. Yael, de Lola Marsh, décrit Tel Aviv comme “une sorte de village”. “C’est une grande ville, poursuit-elle, mais entre musiciens, on se connait tous les uns les autres. C’est agréable de sentir qu’on fait partie d’un tout.”
Un temple de la musique indé
Le catalogue d’Anova abrite, en gros, un peu tous les genres du prisme pop-rock (ailleurs à Tel Aviv, des projets récents comme A-Wa ou Riff Cohen, qui chante parfois français, jouent plutôt la carte des sonorités orientales.) Il y a des choses plus ou moins accessibles, plus ou moins instrumentales. Par ailleurs, ça se passe en hébreu autant qu’en anglais.
“Ici, dès que tu chantes en anglais, tu es étiqueté ‘indé’, sourit Joshua, le boss du label, quand il raconte ses aventures musicales autour d’un bol de tahini. Alors que nous, on s’en fiche un peu de ce genre de chapelles.” Le fait est qu’à première vue, et à la deuxième aussi, Anova a tout du petit temple de la musique indépendante. Pas forcément une évidence dans un pays où “il n’y a même pas de presse musicale spécialisée, à peine quelques blogs”, constate Joshua. Et d’ajouter : “On a du retard sur certaines choses…”
“Quand Joshua est venu nous voir en disant qu’il voulait nous signer sur son label, on ne s’est pas du tout rendu compte à quel point c’était important !”, s’amuse Gil, de Lola Marsh. Comme lui, d’autres ont eu la chance d’avoir Joshua dans le public un soir où ils jouaient, dans un bar ou un lieu dans le genre. Derrière ses petites lunettes et ses airs calmes, Joshua sait exactement où il veut aller, et où il veut emmener les gens.
Garden City Movement, Vaadat Charigim et les autres
La dernière sortie du label est le nouvel ep de Less Acrobats, titré Stanza. Le groupe évolue dans un genre de rock perché tirant vers le r’n’b et le hip-hop – un peu à la Glass Animals, disons.
Mais la signature en fronton du label est Garden City Movement, premier groupe Anova à s’être développé à l’international (mais de façon plus classique que Lola Marsh, c’est-à-dire après un certain répondant venant du public israélien). Avec ses textes en anglais et ses rêveries entre rock et musiques électroniques, Garden City Movement a donné des news en 2016 avec le single She’s So Untouchable. Un truc toujours rêveur, mais un peu funky. En attendant un nouvel album prévu pour bientôt.
Dans le même genre de projets n’ayant, au premier abord, rien de spécialement identifiable à Tel Aviv, Anova a eu l’occasion de sortir les premiers morceaux de Totemo avec l’ep Heavy As My Dreams. C’est le projet d’une musicienne solo qui, pour le coup, n’a rien de rock. C’est très clairement de la pop, mais dans un genre un peu arty, un peu lent.
Comme Lola Marsh, Less Acrobats et Garden City Movement, Totemo chante en anglais. Ce qui n’est pas le cas de Vaadat Charigim, bien que leurs albums soient titrés The World is Well Lost et Sinking as a Stone. A l’intérieur, ça chante dans un hébreu nonchalant perdu dans la réverb et les distorsions de guitares. On dirait un peu The Smiths. Mais en hébreu, donc.
Dans le même genre, le label travaille aussi avec Soda Fabric. Mais eux chantent en anglais. Du coup, on dirait vraiment The Smiths.
Il y a aussi du rock bizarre dans le catalogue : Tiny Fingers.
Et d’autres choses non identifiées, genre Helfer.
Anova ne fait toutefois pas que dans les artistes émergents. En 2012, le label a par exemple publié un album de l’actrice et musicienne Efrat Ben Zur, qui y interprète des poèmes d’Emily Dickinson. Le groupe Rockfour, en marche depuis 1988, auteur d’une dizaine d’albums et habitué des tournées aux États-Unis, a également eu l’occasion de travailler avec Anova. Comme pour indiquer, mine de rien, que la signature sera partout à l’avenir.
[Source : www.lesinrocks.com]

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