Depuis 2014, Israël commémore l'expulsion des Juifs des pays arabes et d'Iran. Un travail de mémoire qui va de pair avec une action discrète pour la restitution des biens spoliés.
Écrit par Pascale Zonszain
D'abord, il y a le symbole. La date du 30 novembre n'a pas été
choisie au hasard. C'est le 29 novembre 1947 que l'Onu votait le plan de
partage de la Palestine, malgré l'opposition des États arabes. Le
lendemain, la vie des Juifs des pays arabes amorçait une longue descente
qui allait les conduire vers la perte de leurs droits, de leurs biens,
puis vers la fuite et l'expulsion. Cette histoire qui a pourtant
accompagné les premières années de l'État d'Israël est restée longtemps
méconnue. Pour cette troisième édition de commémoration depuis le vote
de la loi de 2014, les cérémonies sortent d'ailleurs du cadre solennel
de la Knesset pour faire leur entrée dans les écoles et sensibilisent
ainsi les plus jeunes à la réappropriation de cette mémoire perdue.
Suivant les recommandations de la commission dirigée par le poète Erez Biton, le ministre de l'Éducation a prévu tout au long de la semaine, la tenue de cours sur les Juifs des pays arabes, des rencontres avec des Israéliens originaires du Maghreb et d'Orient qui devaient témoigner de leur histoire, leur expulsion et leur intégration en Israël. Également au programme, des visites de quartiers traditionnellement habités par les Juifs orientaux, comme celui des Boucharim à Jérusalem, ou des projections de documentaires sur des épisodes marquants comme celui de la tragédie de l'Egoz, le bateau d'olim du Maroc qui avait sombré en Méditerranée en 1961, avec 48 personnes à son bord.
Restitution et indemnisation des biens juifs spoliés dans les pays arabes et en Iran
Le gouvernement israélien devait aussi adopter le projet de documentation sur "l'héritage des Juifs d'Orient", qui sera doté de 10 millions de shékels. C'est la ministre pour l'Égalité sociale, Guila Gamliel qui a été chargée de promouvoir l'organisation et la concrétisation de cette initiative historique à l'échelle nationale, qui doit faire connaître et reconnaître l'importance du judaïsme séfarade et oriental dans la société israélienne, encore marginalisée aujourd'hui. « Ce n'est pas acceptable. Il faut corriger cela et nous allons le faire », assure Guila Gamliel.
Parallèlement à l'aspect purement culturel et historique, le gouvernement israélien a également entrepris de conduire la même mission que pour les Juifs d'Europe victimes de la Shoah : obtenir la restitution et l'indemnisation des biens juifs spoliés dans les pays arabes et en Iran. Une tâche complexe et délicate qui mobilise le ministère des Affaires étrangères, le Conseil de sécurité nationale et le cabinet du Premier ministre et qui s'effectue dans l'ombre. Son existence a été révélée récemment en commission parlementaire par le directeur de cabinet du ministère chargé des personnes âgées, sans que d'autres détails aient été révélés sur le déroulement de l'opération. On estime à plusieurs milliards de shékels la valeur des biens spoliés aux Juifs d'Orient et du Maghreb depuis la fin des années 40.
[Source : www.actuj.com]
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