Herbert von Karajan (1908-1989) était un chef d’orchestre autrichien, réputé pour sa maîtrise de la musique germano-autrichienne de Bach à Bartók et de l’opéra italien. Nommé en 1955, il était chef à vie de l'Orchestre philharmonique de Berlin. Arte rediffusera le 6 octobre 2019 « Karajan - Portrait du maestro » (Karajan - Porträt eines Maestros), documentaire réalisé par Sigrid Faltin et minorant le passé nazi du maestro.
Publié par Véronique Chemla
« Considéré comme l'un des plus grands chefs d’orchestre du XXe siècle, Herbert von Karajan (1908-1989) reste aujourd’hui le musicien classique qui vend le plus d’albums dans le monde ».
Né dans une famille de musiciens, « enfant prodige (premier concert de piano à 9 ans), chef d’orchestre à 21 ans, le maestro autrichien à la mèche rebelle et au regard bleu acier allie précocement génie musical et ambition démesurée, quitte à adhérer au parti nazi dès 1933 pour accélérer sa carrière ». Durant son adolescence, il a évolué dans un milieu xénophobe et antisémite.


« L’historien Oliver Rathkolb montre la fiche d’inscription de Karajan à l’université de Vienne, en 1927, qui mentionne le terme « aryen ». Le détail semble corroborer d’autres informations, mises au jour par l’historien depuis 2012, quant aux opinions politiques et antisémites du jeune Karajan et constituer une preuve de « conscience nationale particulièrement marquée », voire de « racisme », cinq ans avant son inscription au parti nazi » (NSDAP) en avril 1933.
« En 1934, ce séducteur charismatique, qui conduit sans partition, obtient la prestigieuse direction de la musique à Aix-la-Chapelle, avant de convoiter la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin, le début d’une féroce rivalité avec Wilhelm Furtwängler ».
« Le "miracle Karajan" (formule d’un critique après un Tristan et Isolde d’anthologie en 1938 à Berlin) qui se produit sans états d’âme dans les pays occupés ou alliés du régime hitlérien pendant la Seconde Guerre mondiale, voit cependant sa fulgurante ascension ralentie après son deuxième mariage" en 1942 "avec la fille d’un riche industriel, Anita Gütermann, une "quart de juive" (Vierteljüdin), "mais dont le père industriel collaborait de près avec le pouvoir".
Il donne des concerts notamment à l'Opéra de Paris, en 1941, où il dirige Tristan et Isolde de Richard Wagner avec la soprano française Germaine Lubin incarnant l'héroïne.
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Il donne des concerts notamment à l'Opéra de Paris, en 1941, où il dirige Tristan et Isolde de Richard Wagner avec la soprano française Germaine Lubin incarnant l'héroïne.

Ce sujet est complexe puisque le musicien a profité des faveurs nazies tout en étant détesté par Hitler… »
"Quoi qu’il en soit, Karajan sera banni des podiums pendant deux ans après la fin de la guerre avant de retrouver le chemin des salles de concert et d’opéra, parfois accueilli avec hostilité (par l’importante communauté juive de New York, par exemple). Il s’y installera durablement, en dieu hautain au regard bleu glacial qui avait cette capacité de subjuguer les orchestres et le public de ses concerts".
"Quoi qu’il en soit, Karajan sera banni des podiums pendant deux ans après la fin de la guerre avant de retrouver le chemin des salles de concert et d’opéra, parfois accueilli avec hostilité (par l’importante communauté juive de New York, par exemple). Il s’y installera durablement, en dieu hautain au regard bleu glacial qui avait cette capacité de subjuguer les orchestres et le public de ses concerts".
« Mais celui qui ne fera jamais son autocritique se hisse à nouveau au sommet dans les années 1950, cumulant les directions, de Berlin à Vienne en passant par Salzbourg, sa cité natale, où il crée le Festival de Pâques ».
Après le décès du célèbre chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler en 1954, Herbert von Karajan est désigné l'année suivante chef à vie de l'Orchestre philharmonique de Berlin.
« Avec Eliette Mouret, sa troisième et séduisante épouse de trente ans sa cadette, le chef souverain, vedette internationale (avec yacht et jet privé), parcourt la planète, sublimant, yeux clos et baguette fougueuse, les œuvres de Beethoven, Mozart ou Mahler. Presque jusqu’à son dernier souffle ».
« Ce visionnaire, féru d’innovations technologiques, qui exploitera les médias pour démocratiser le classique, précipite sa chute en imposant à l’Orchestre philharmonique de Berlin la clarinettiste Sabine Meyer, première femme soliste au pupitre des vents ».
« Au fil d’entretiens avec le maestro et de très touchants témoignages (de sa secrétaire à ses musiciens, dont la violoniste Anne-Sophie Mutter, qui l’a eu pour mentor), ce documentaire éclaire les multiples visages du mystère Karajan : artiste mondain devenu solitaire, chef autoritaire réputé âpre au gain mais à la générosité légendaire... »
« Trente ans après sa mort, un émouvant portrait d’Herbert von Karajan, qui n’occulte ni les parts d’ombre ni le passé nazi du génial chef d’orchestre ».
« Karajan - Portrait du maestro » par Sigrid Faltin
Allemagne, 2018, 53 min
Sur Arte les 22 septembre 2019 à 23 h 05 et 6 octobre 2019 à 6 h
Visuels :
Herbert von Karajan
© SWR/Karajan Institut/Lauterwasser
Herbert von Karajan
© SWR/Karajan Institut/C. Smith
Herbert von Karajan
© SWR/Karajan Institut
Christa Ludwig
© SWR/Sigrid Faltin
Herbert von Karajan et Anne-Sophie Mutter
© SWR/Karajan Institut
Eliette und Herbert von Karajan
© SWR/Karajan Institut
Anne-Sophie Mutter
© SWR/Jürgen Carle
© SWR/Karajan Institut/Lauterwasser
Herbert von Karajan
© SWR/Karajan Institut/C. Smith
Herbert von Karajan
© SWR/Karajan Institut
Christa Ludwig
© SWR/Sigrid Faltin
Herbert von Karajan et Anne-Sophie Mutter
© SWR/Karajan Institut
Eliette und Herbert von Karajan
© SWR/Karajan Institut
Anne-Sophie Mutter
© SWR/Jürgen Carle
Les citations sur le film sont d'Arte.
[Source : www.veroniquechemla.info]
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