Le
gouvernement libéral a déposé mardi 5 février un projet de loi pour
protéger et promouvoir les langues autochtones au Canada, dont la survie
est menacée pour les trois quarts d’entre elles. Si le geste est
généralement applaudi, les Inuits sont déçus, tandis que des experts
auraient voulu des mesures plus concrètes.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau avec le chef national de l’Assemblée des Premières Nations à Gatineau, au Québec, en mai 2018.
Écrit par Martin Gauthier
C’est un “projet de loi historique”, écrit La Presse,
qu’a déposé le gouvernement le 5 février : il prévoit de créer un
bureau du commissaire aux Langues autochtones, dont la “mission sera de
contribuer à la promotion des langues autochtones et de soutenir les
communautés dans leurs efforts de revitalisation”, et qui aura autorité
pour “régler les différends et examiner des plaintes”.
Premières
Nations, Métis et Inuits ont collaboré à l’élaboration du texte qui
fait suite aux conclusions de la Commission de vérité et de
réconciliation du Canada et qui marque l’engagement du gouvernement
Trudeau pour “la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur
les droits des peuples autochtones”.
Les Inuits mécontents
Si
les Premières Nations et les Métis applaudissent le texte, les Inuits
en parlent comme d’une initiative de plus “conçue par un système
colonial” qui ne comporte pas de mesure spécifique pour leur langue,
l’inuktitut.
De nombreux défenseurs des droits des autochtones
“saluent” le projet de loi, rapporte Radio-Canada. Cependant, même si
Ottawa a promis un financement “adéquat, stable et à long terme”, ils
aimeraient “voir des projets concrets de financement”.
L’avocate
franco-métisse Aimée Craft suggère qu’Ottawa pourrait s’inspirer des
programmes d’immersion dans les écoles mises en place en
Nouvelle-Zélande pour la langue maorie. L’anthropologue Yves Labrèche
note que “les peuples autochtones valorisent la tradition orale plutôt
que l’écriture” et craint que l’initiative d’Ottawa n’arrive trop tard.
Des “trésors nationaux” précaires
Selon
Statistique Canada, il existe 90 langues autochtones “vivantes” au
Canada, mais en 2016 seuls 15 % des descendants des premiers habitants
du pays, soit un peu plus de 260 000 autochtones, déclaraient pouvoir
soutenir une conversation dans leur langue maternelle.
Le ministre canadien du Patrimoine et du Multiculturalisme, Pablo Rodriguez, reconnaît l’urgence de la situation, indique la CBC. “Nous perdons toutes les langues autochtones du pays.”
“J’ai
toujours dit que nos langues sont des trésors nationaux”, déclare le
chef de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, dans les pages du Globe and Mail.
[Photo : REUTERS/Chris Wattie – source : www.courrierinternational.com ]
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