Seulement 28,36% de Français inscrits au Brésil sont allés voter samedi 21 avril, pour le premier tour de l'élection présidentielle. Comment se sont-ils prononcés ? Comment les résultats ont-ils été perçus par la presse brésilienne ?
Bureau de vote au Consulat Général de France à São Paulo
Contrairement à la France, la participation des Français pour ce premier tour du scrutin a été faible. Sur les 14 868 Français inscrits sur les listes électorales, seulement 4 276 ont voté.
" Bien qu'inférieure à 2007, la faible participation n'est pas anormale. Au Brésil, le taux de participation a toujours été bas " explique Caroline Vabret, Consule adjointe, chargée du service presse et des affaires politiques au Consulat Général de São Paulo.
Sur la totalité des suffrages exprimés, Nicolas Sarkozy recueille 41,95% des voix, contre 29,9% pour François Hollande. Jean-Luc Mélenchon arrive en troisième position avec 8,8%, devant François Bayrou (7,9%), Eva Joly (5,34%) et Marine Le Pen qui n'obtient que 4,27% des voix.
Résultats par bureaux de vote
Nicolas Sarkozy arrive en tête dans les bureaux de vote de São Paulo (50,1%), Rio (40,7%), Belo Horizonte (39,4%), Curitiba (36,8%), Recife (32,9%) et Belem(27,8%). A l'inverse, c'est François Hollande qui devance l'actuel président de la république à Brasilia (38,6%), Natal (43,7%) Fortaleza (35,3%) et Salvador (26,9%).
Résultats détaillés sur le site de l'Ambassade de France au Brésil.
Qu'a dit la presse brésilienne ?
Les débats de la campagne électorale pour la présidentielle 2012 n'ont pas retenu l'attention de la presse brésilienne. Par contre, elle a largement relaté les résultats du premier tour.
Pour Andrei Netto, correspondant du quotidien l'Estadão à Paris, la campagne se résume à " être pour ou contre Sarkozy "
Ca n'est ni la validation ou non de la politique du gouvernement actuel, ni les propositions d'un programme qui ont déterminé les résultats du premier tour, mais davantage un plebiscite " pour ou contre Sarkozy ", explique Andrei Netto sur son blog.
Et les campagnes des différents candidats en sont l'illustration. Ils ont, de façon plus ou moins forte, utilisé le message de " l'anti-sarkozysme " comme toile de fond.
" Ce qui est surprenant c'est que ce rejet, qui est également fort parmi les électeurs, a réuni, sur un même thème, les candidats très antagonistes comme Marine Le Pen, FN et Jean-Luc Mélanchon, extrême gauche ".
Et si l'on analyse les sondages de popularité qui accordent un 51% à François Fillon, premier ministre, Il s'agit bien d'un rejet de l'homme plutôt que d'un gouvernement.
" Ce n'est pas le gouvernement Sarkozy qui est le plus rejeté ; c'est son président qui est en soi le mal-aimé ", conclut-t-il.
Pour Antonio Ribeiro, correspondant de Veja à Paris, " la campagne électorale a plongé le pays dans l'utopie. Il est temps de se réveiller "
Les résultats du premier tour ne sont pas une surprise, les électeurs ont voté pour Hollande, favori selon les instituts de sondage.
Antonio Ribeiro estime que les candidats, dans la première phase de la campagne, " sans aucune humilité, honte ou sens des responsabilités, n'ont présenté qu'un catalogue de mesures hors contexte, griffonnées sur les genoux, pour plaire aux électeurs et dictés par les résultats des sondages ".
La campagne électorale, " au lieu d'expliquer la complexité du monde d'aujourd'hui, l'arrivée inévitable de l'austérité, l'augmentation inévitable des impôts, la nécessité de produire plus et mieux, a plongé le pays dans l'utopie, dans la pensée magique et les mythes ".
Pour Antonion Ribeiro, la France, qu'il a qualifiée de " pays marqué par un comportement autiste " doit réagir. "Il est temps que les Français ouvrent les yeux sur réalité des problèmes, et que les candidats aient le courage d'aborder les problèmes que rencontre le pays, à savoir, " la profonde crise économique, le chômage et l'état déplorable des finances publiques ".
Le journaliste Caio Blinder, correspondant de Veja à New York, qualifie la vague Le Pen comme étant " le chaos ".
Pour le journaliste, la France est entrée dans le chaos avec les résultats de Marine Le Pen, chaos politique et social. Comment le président actuel pourra-t-il rallier les électeurs de Marine Le Pen, " messagère de xénophobie, d'islamophobie et de phobies en général " ? Marine Le Pen, qui tient " un discours politique aussi provincial dans une élection de provinciaux, (…) hostile à la mondialisation, une phobie qui semble unir les Français qui, pourtant, bénéficient du monde extérieur et qui étaient les principaux moteurs du projet européen ".
Devra-t-t'il " promettre de déporter tous les suspects habituels et non seulement quelques gitans d'origine roumaine, comme cela a été fait il y a deux ans ? Devra-t'il promettre un divorce avec Angela Merkel " ?
La France est dans un état d'esprit de négation, refusant d'affronter ses problèmes de front, comme l'illustre le faible score du centriste François Bayrou ((10% des votes, soit deux fois moins qu'en 2007), dont le message, pourtant clair, " les Français ont besoin de faire des choix difficiles pour sortir de la crise ", n'a pas été entendu.
Pour Caio Blinder, la gauche est consciente que les résultats de son candidat sont en partie liés " à une frustration populaire " et le vote surprenant pour Marine Le Pen est un avertissement pour le futur président qui devra, de toutes les façons, faire face à " un déluge de furie " populaire.
La journaliste Ana Carolina Peliz de Globo Mundo a enquêté pour savoir ce que pensent les Brésiliens qui vivent en France ?
Elle a interrogé des Brésiliens vivant en France. Ils s'accordent tous pour dire que les candidats n'ont pas encore abordé les vrais problèmes, en particulier celui du chômage qui touche plus les jeunes et les plus de 45 ans.
Le problème de l'immigration a été au coeur des débats, " mais sans contenu racial et sans stigmatisation d'une communauté en particulier ".
Une des personnes interrogées a retenu que François Hollande proposerait le droit de vote aux étrangers qui vivent depuis plus de 5 ans en France, ce qui permettrait aux étrangers de " s'investir davantage dans la vie politique française".
Elle conclut en citant un Brésilien qui vit en France depuis 35 ans. Si le candidat socialiste est élu, il n'y aura pas le même enthousiasme qu'en 81 "parce que les gens cherchent le changement ". Et si Sarkozy est élu, " ils seront désabusés, mais rassurés, parce qu'ils savent qu'il est un président qui peut tenir devant les difficultés. D'une manière juste ou fausse, il tient ".
Le second tour aura lieu le samedi 5 mai au Brésil. Les bureaux de vote seront ouverts de 8 heures à 18 heures.
Par
J'ai une théorie pour la diminution du taux de vote des Français au premier tour. Avec la nouvelle tendance d'inscrire manu militari les expatriés sur les listes électorales de leur circonscription. Le numéro d'inscrit a du pas mal augmenter. C'est par exemple 30% d'augmentation à Rio. De ces nouveaux inscrits il est possible, que certains ne votent plus car il sont déconnectés de la France ou car ils habitent trop loin du bureau de vote et n'ont pas de recours financiers suffisant.
ResponderEliminarJe votais jusqu'à 2011 dans mon bureau de vote en métropole par procuration jusqu'en 2011 et en 2012 à cause d'un problème d'adresse et de pas mal de mal entendus, j'ai été inscrit dans la circonscription de Rio. Comme j'habite à Vitória, ce n'est pas très simple d'aller voter. Il faut une nuit de bus ou un vol d'avion...
Enfin voilà ces changements intempestifs de lois ou directives, m'ont fait perdre le premier tour mais pour le second tour j'ai pris mes billets d'avion pour aller voter à Rio...
Ce qui m'a surpris c'est de voir tant de personnes votant extrême droite à Rio e São Paulo au premier tour!! Étrange pour des immigrés!
En ce qui concerne la revue Veja, je préfère la boycotter! Quand on voit ce comment cette revue déforme les informations, je crois que c'est ce qu'on a de mieux à faire. Enfin, il vrai qu'elle est importante car elle manipule beaucoup l'opinion du Brésilien...