Par Bartek Mudrecki
Une association genevoise s'alarme des restrictions
budgétaires du Portugal imposées sur les cours de langue distillés aux jeunes
ressortissants. Le consulat temporise.
La crise économique qui sévit en Europe n'a pas épargné
le Portugal. La cure d'austérité va jusqu'à affecter ses citoyens domiciliés en
Suisse. A Genève, l'association de parents d'élèves et d'éducateurs portugais
(APEEPG) alerte le public concerné, relate Le Courrier dans son édition du
jour. Et pour cause.
Un nouveau frais
Gratuits depuis de nombreuses années, les cours de langue
et de culture lusitaniennes seront dorénavant payants pour les ressortissants
du pays, à hauteur de 145 francs annuels par enfant scolarisé. L’accès en
serait donc plus restreint. Le Portugal, jusqu'à la rentrée 2012,
subventionnait entièrement ces cours, et c'est pour cela que la présidente de
l'APEEPG, Carla Rocha, parle d'une «violation de la Constitution portugaise.»
Qui plus est, «les délais d'inscriptions sont plus courts: l’État joue la
montre pour minimiser le nombre d'élèves et ainsi diminuer les frais
occasionnés. Moins il y aura d'inscrits, plus le gouvernement pourra rapatrier
de professeurs» explique-t-elle.
Carlos Oliveira, consul portugais à Genève, nuance les
craintes: «Lisbonne s'est engagée à maintenir les cours et les professeurs à
l'étranger.» Le 4 mai prochain, les députés vont d'ailleurs statuer sur le
problème. En attendant, «nous travaillons du mieux possible avec l'association
pour maximiser les inscriptions d'ici à la fin du mois, surtout qu'il y a
beaucoup de nouveaux migrants qui arrivent en Suisse», raconte-t-il.
Pour lui, la somme de 145 francs est raisonnable en temps
de restriction, et majoritairement acceptée par les personnes concernées. Ce
nouveau frais couvrira environ 10% des dépenses engendrées, selon ses
estimations, et les 90% restants seront donc toujours subventionnés par
Lisbonne. «Cela permettrait aussi de plus impliquer les parents dans
l'apprentissage de leurs enfants, ce qui n'était pas forcément le cas
auparavant.» Le consul précise que, malgré la nouvelle politique, les manuels
seront compris dans les frais et que les cours donneront accès à une certification
européenne, ce qui n'était pas le cas avant 2010.
Menace sur la qualité
La dégradation de la qualité des cours est aussi au
centre des préoccupations de la présidente de l'APEEPG. Depuis 2010, certains
professeurs ont été rappelés au pays, et les manuels sont «construits comme si
la langue était étrangère et non plus maternelle, ce qui est très
dévalorisant», se plaint la présidente. Elle ironise ainsi cette situation:
«Pour commencer une vie, il faut savoir d'où on vient. Désormais, le Portugal
refuse le droit aux binationaux d'être aussi portugais.»
Quant au Département de l'Instruction Publique, «s'il
devait y avoir une menace de disparition de l'apprentissage de la langue
portugaise, nous rentrerions en négociation avec le gouvernement», explique Miriam
Fridman-Wenger, secrétaire générale adjointe. «Mais nous facilitons déjà
l'accès logistique pour les cours de langue et culture étrangères, de sport, de
musique, etc.» D'ici 2014, il est prévu d'intégrer ces cours extrascolaires à
la journée d'accueil continu pour en faciliter l'accès.
[Image: Keystone - source: www.tdg.ch]
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