Ouvrir les yeux vers un autre monde
C'est un festival littéraire qui se déroule à Rio
de Janeiro, qui se prépare en ce mois d'avril 2012, et qui jusqu'à juillet,
assurera la promotion du livre et plus encore. Durant tout le mois estival, le
Brésil attirera des visiteurs par milliers, et des auteurs de luxe comme Martin
Amis, Margaret Atwood ou Paul Auster.
Pourtant, reconnaît-on, le Brésil n'était pas un choix évident pour un
festival littéraire international. Les ventes de livres dans le pays sont
encore faibles et même si l'alphabétisation est en hausse, on compterait encore
14 millions de Brésiliens, notamment chez les plus pauvres, qui ne savent ni
lire ni écrire. (population 192,3 millions de personnes)
Julio Ludemir, organisateur du Festival Literaria das UPP, est enthousiaste
: « Nous avons découvert qu'il y a autant d'appétit pour la culture
dans ces domaines que pour les nouveaux téléphones portables et les
téléviseurs. » (via BBC)
Le conservateur du festival, Toni Marques explique pour sa part le choix
d'entrer dans les favelas. Historiquement, ces bidonvilles brésiliens ont été
illégalement occupés par leurs habitants, et fabriqués avec des matériaux de
récupération autant que possible. Les habitats - si tant est que l'on puisse
dire cela… - sont des lieux insalubres où misère et violences font partie du
quotidien.
« Nous voulons que les gens voient comment la vie dans cette
communauté peut être une matière pour l'écriture, comme toute autre réalité »,
estime-t-il. Les Favelas seraient donc un terreau fertile pour la rédaction
d'oeuvres et une source d'inspiration pour les auteurs - autant que de
découverte pour les visiteurs.
Chose inédite, les agents de police déployés dans les bidonvilles comptent
parmi ceux qui participent le plus à l'écriture dans ce contexte. Leur
implication a permis de créer les conditions les plus favorables pour mener un
projet culturel sur le long terme. Le tout en déconstruisant l'image sordide
que l'on peut avoir des Favelas : les habitants des Favelas ne sont pas
qu'intéressés par le football ou la capoeira. « Tout le monde parle de
cette classe émergente au Brésil et son nouveau pouvoir d'achat, tourné vers
des biens de consommation. Personne ne se rend compte qu'ils sont aussi des
lecteurs voraces. »
Les gens lisent principalement des titres comme la Bible ou d'autres livres
religieux ; le père Marcelo Rossi, un catholique, est devenu un phénomène
de l'édition, avec 7,5 millions d'exemplaires vendus pour Agape.
« En plus d'un grand marché de livres d'occasion, les jeunes
téléchargent des livres, des best-sellers, depuis internet, en anglais, et
utilisent Google translate pour les lire en portugais », ajoute M.
Ludemir.
Le Festival veut donner plus envie encore de lire, à toutes et tous. Et
valoriser ces personnes dans les Favelas, pour leur donner une autre existence,
au moins le temps de la manifestation.
Le Brésil compte 3200 librairies pour les 192 millions de personnes, et les
ventes de livres n'ont augmenté que de 8,3 % entre 2009 et 2010, selon les
chiffres de la Chambre brésilienne du livre.
Par Clément Solym
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