Qu'un
son, un pur,... abreuve nos sillons !
Déjà entendu parler de l'éternel retour ? Le
moustachu qui pleurait avec les chevaux ne pensait probablement pas à
l'industrie culturelle en exposant sa thèse, mais force est de constater
qu'elle s'applique à merveille aux déboires des éditeurs face au défi
numérique. Ces derniers s'obstinent à reproduire les erreurs de leurs cousins
majors, qui ont pourtant, peu à peu, négocié le virage de la dématérialisation.
De nouveaux
supports ont vu le jour, plus maniables et plus pratiques, reléguant l'objet
physique aux mémoires de quelques amoureux du matériel. Le livre
numérique ? En fait, on évoquait plutôt l'apparition de l'iPod et du
lecteur mp3, qui mirent un sérieux coup d'arrêt à la vente des skeuds, au
profit du téléchargement gratuit ou payant.
Aujourd'hui,
l'industrie du livre fait face aux mêmes questions, aux mêmes impératifs de
coûts et de rentrées d'argent. Comme l'industrie musicale, celle du livre doit
gérer l'apparition de nouveaux appareils de lecture et de consommation, mais
aussi d'acteurs concurrentiels très agressifs (Apple fut sur les deux fronts,
Amazon plus du côté des livres). Comme les majors, les grandes maisons
d'édition cherchent à éviter la banqueroute, dénouement possible qui fut celui
d'EMI ou de Warner Music.
Il y a une quinzaine
d'années, le CD représentait la poule aux oeufs d'or : adopté par le public,
adapté à toutes les exigences marketing, il a permis aux majors de se gaver
d'une délicieuse omelette à base de chiffres de vente consensuels. Tout s'est
effondré avec l'iPod, cauchemar persistant des gros bonnets de l'industrie.
Mais son irruption a-t-elle vraiment été si catastrophique pour la musique ?
Réinventer le
Disquaire Day ?
On parie que non :
les têtes d'affiche de l'industrie musicale, numérique cette fois, et l'appui
de plateformes très fréquentées, ont largement contribués à redonner un petit
coup de fouet aux grands acteurs du marché, tout en laissant une chance aux
indépendants de se démarquer à coups de bonnes idées. Par exemple, le Record
Store Day (le Disquaire Day en France, s'est déroulé samedi dernier pour la 4e
année) : une journée évènement lancée il y a 5 ans pour promouvoir les objets
physiques et leurs vendeurs, les disquaires. Le tout accompagné de concerts
gratuits, dédicaces et autres rencontres entre auteurs/interprétes et
auditeurs/consommateurs. Et un simple constat : discuter avec un artiste qu'on
apprécie pousse à l'achat.
Encore faut-il que
cette logique de proximité et d'évènements s'accompagne d'une baisse drastique
des prix. Sur les deux tableaux : baisser les prix des objets physiques pour
réinjecter une véritable valeur ajoutée à l'achat, et baisser celui du
numérique, tout en améliorant sa qualité, pour habituer les usagers à l'achat
dématérialisé, afin de les transformer en acheteurs.
Baisser les prix,
bien sûr, s'avère plus aisé dans le cas du numérique, moins coûteux à produire
et à distribuer. De toute évidence, les revendeurs physiques (disquaires,
libraires) ne peuvent pas encaisser une nouvelle amputation de leurs marges.
Qui peut ? Les maisons d'édition (une hésitation à écrire majors...), dans un
bel élan de survie, devront accepter de céder une part de leur profit, ou
mourir.
Comment on appelle
ça ? Ah oui, destruction créatrice... Ce moustachu aurait fait un putain d'économiste.
Par Antoine Oury
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