Dans la nuit du mardi 9 à mercredi 10 août, les sénateurs brésiliens ont
voté pour continuer la procédure de destitution qui vise la présidente
Dilma Rousseff. Désormais, le vote final qui se tiendra à la fin du mois
laisse peu de doutes sur l’issue de ce procès, sauf en cas de démission
de la présidente élue.
![]() |
La présidente brésilienne
suspendue, Dilma Rousseff, pendant la cérémonie de lancement du livre “Résistance
au Coup de 2016”,
à Brasilia le 30 mai 2016.
|
Par Henrique Valadares
“Un sentiment de désarroi a envahi les alliés de Dilma Rousseff”, indique le quotidien brésilien Folha de São Paulo dans un éditorial.
Dans la nuit du 9 au 10 août, le Sénat s’est prononcé en faveur de la
poursuite du processus d’impeachment qui vise la présidente brésilienne,
écartée du pouvoir depuis trois mois après un vote du Parlement en mai
dernier.
Lors de ce vote intermédiaire pour décider si Dilma Rousseff devait être jugée définitivement pour avoir maquillé les comptes publics, 59 sénateurs sur 81 ont voté pour, un score qui dépasse le résultat du 12 mai, où 55 sénateurs s’étaient montrés favorables à cette démarche, ce qui a occasionné la suspension de la présidente. Pour Folha, le résultat actuel du vote indique qu’“il sera très difficile pour Dilma d’empêcher la destitution lors du vote final, qui doit débuter aux alentours du 25 août”.
Il suffirait alors d’une majorité de 54 voix pour qu’elle “perde définitivement son mandat”. En cas de destitution finale, l’actuel président intérimaire Michel Temer [PMDB – centre droit] prendra le poste “de manière effective”, indique le quotidien de São Paulo.
Écartée du pouvoir, Dilma Rousseff a pour sa part regretté de “ne plus être en phase avec son propre parti”, rapporte Folha. Elle était ainsi favorable à l’organisation d’élections anticipées pour mettre fin à la crise politique qui ébranle le pays, mais a été “désavouée publiquement [par] la direction du PT”, qui a rejeté sa proposition.
Néanmoins, selon l’analyste politique Christiane Laidler, citée par le site brésilien de la BBC, “revenir pour de nouvelles élections, c’est reconnaître à moitié qu’elle n’a pas les conditions pour gouverner”.
Une dernière carte à jouer : la démission
Il lui reste pourtant une dernière carte dans la manche, estime El País Brasil : la démission, “si elle est bien expliquée à la société”. Selon l’édition brésilienne du quotidien El País, Mme Rousseff pourrait alors “non seulement rester libre pour se lancer dans de nouvelles aventures politiques”, mais aussi garder l’affection du public.
El País Brasil estime très probable que, en tenant bon jusqu’à sa destitution définitive, Dilma finisse plutôt “dans l’oubli, tandis que les nouvelles forces politiques se seront rassemblées pour continuer à gouverner”.
En revanche, en démissionnant, Dilma Rousseff pourrait sortir de la scène politique en étant “louée pour son détachement, ce qui la rendrait plus proche” des Brésiliens, sans qu’elle ait autant la nécessité de reconnaître ce que le Sénat lui reproche. “Ce qui peut paraître une faiblesse peut devenir une force morale”, conclut le quotidien.
[Photo : REUTERS / UESLEI MARCELINO - source : www.courrierinternational.com]
Sem comentários:
Enviar um comentário