Le document de 170 pages révèle dès la première page le sujet du dossier : Carlos Fuentes, l'auteur du Chant des aveugles, Terra Nostra ou Les années avec Laura Díaz,
avait attiré l'attention du Federal Bureau of Investigation américain.
En pleine Guerre froide, l'écrivain mexicain né à Panama avait eu toutes
les difficultés du monde à entrer aux USA, où il restait sous bonne
garde...
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Carlos Fuentes en mars 2009, à Paris (Abderrahman Bouirabdane, CC BY-SA 2.0) |
L'écrivain étant décédé le 15 mai 2012, le FBI était désormais en
mesure de révéler les documents relatifs à Carlos Fuentes, et le bureau
fédéral d'investigation a reçu une requête de dévoilement d'une agence
de presse new-yorkaise. La première page du document est datée au 21 mai
1962, et entre directement dans le vif du sujet avec un premier refus
de visa, demandé pour la participation de Fuentes à un débat télévisé
avec le secrétaire d'État Richard Goodwin.
À l'époque, l'écrivain mexicain est déjà dans le viseur du FBI, qui le catégorise comme un « romancier mexicain bien connu, aux multiples connexions avec des éléments subversifs
». La subversion, synonyme à l'époque de communisme, avait séduit
Fuentes à l'occasion de la révolution cubaine menée par Fidel Castro,
que l'écrivain avait ouvertement soutenu. La révolution sandiniste, au
Nicaragua, constituait une autre raison pour garder un oeil sur
l'écrivain et ses opinions politiques.
Sa nouvelle activité de professeur à l'université de Columbia n'a pas
dissipé les doutes de l'agence gouvernementale, qui cherchait à lier
contact avec des informateurs capables de surveiller l'élément
subversif... Dès le début des années 70, Fuentes prendra ses distances
avec le gouvernement cubain, notamment pour l'emprisonnement qu'il
imposa au poète Heberto Padilla et son épouse, mais ce n'est qu'en 1985
qu'il quitte la liste des individus sous surveillance du FBI. Le cas
était suffisamment pris au sérieux pour que Clyde Tolson, bras droit du
fameux Edgar Hoover, soit tenu au courant...
Fils d'un diplomate mexicain, Fuentes n'avait jamais manifesté
d'animosité particulière vis-à-vis de la bannière étoilée. Connaissant
bien sa réputation au sein des services d'investigation, il déclarait en
2006 : « Me qualifier d'anti-Américains est un mensonge éhonté, une
calomnie. J'ai grandi dans ce pays. Enfant, j'ai serré la main de
Franklin Roosevelt et ne l'ai jamais lavé depuis. »
Carlos Fuentes - Dossier du FBI publié par ActuaLitte.com
Écrit par Antoine Oury
[Publié sur www.actualitte.com]
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